Le supercalculateur de xAI accusé de polluer l’air de Memphis
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À Memphis, le data center de xAI est accusé d’aggraver la pollution de l’air de quartiers résidentiels historiquement exposés à des désagréments industriels.
Installé à Memphis, aux États-Unis, le data center de xAI divise. L’édifice héberge le supercalculateur Colossus, qui permet au modèle Grok de tourner.
En moins d’un an, les résidents et des activistes pour l’environnement estiment qu’il est devenu le plus gros pollueur d’atmosphère du comté, tandis que des représentants locaux soutiennent la société, déclarant qu’elle investit dans Memphis.
En amont de la première audition devant le département de la santé du comté, ce 25 avril, des habitants ont reçu des tracts anonymes affirmant que xAI produisait très peu de pollution.
Colossus énergivore
Construit à toute vitesse par les équipes d’Elon Musk – qui se vantent sur le site officiel de l’avoir édifié en 122 jours (4 mois) plutôt que les 24 mois qui auraient plus classiquement été alloués à la tâche – l’édifice est aussi un gros consommateur d’électricité, rapporte the Guardian. L’entreprise a établi un contrat d’approvisionnement pour 150 MW, soit suffisamment pour alimenter 100 000 foyers à l’année, avec le fournisseur local, et a obtenu l’autorisation d’installer 15 turbines à gaz pour générer de l’énergie supplémentaire.
Mais l’entreprise veut plus : début avril, le Southern Environmental Law Center obtenait des images aériennes qui lui faisaient suspecter la présence de 35 turbines, suffisamment pour générer 420 MW d’électricité. Dans les jours qui suivent, le maire Paul Young déclare que les générateurs sont certes présents sur place, mais non utilisés : une demande d’autorisation pour des générateurs supplémentaires était en cours auprès du département de la santé du comté de Shelby.
Quartier historiquement exposé à la pollution
En amont de l’audition de ce 25 avril, le Southern Environmental Law Center fait prendre de nouvelles images avec vision thermique, explique Ars Technica. Les photos montrent 33 turbines générant de la chaleur. Or, argumente le centre, ces générateurs rejettent dans l’air des oxydes d’azotes nocifs, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

L’usine est par ailleurs située à quelques kilomètres de quartiers résidentiels historiquement exposés à de la pollution industrielle. Majoritairement noire, la population y présente des taux de cancers et d’asthme plus élevé que dans le reste de la ville, et une espérance de vie plus faible.
Alors que la majorité des data centers du pays sont alimentés grâce à des énergies fossiles, leur impact sur la santé publique commence à être étudié. En mars, une étude estimait ainsi qu’au sein du pays, l’IA pourrait être responsable de 600 000 nouveaux cas d’asthmes et 1 300 décès prématurés. Ses auteurs indiquaient que l’entraînement d’un modèle comme Llama-3.1 générait suffisamment de pollution pour entraîner « un coût de santé qui excède de 120 % le coût de l’électricité nécessaire ».
Tracts anonymes
Le Southern Environmental Law Center demande donc la suspension de l’usage des générateurs et une amende de 25 000 $ par jour de refus d’opérer, au titre d’une potentielle violation du Clean Air Act, une loi fédérale états-unienne de lutte contre la pollution de l’air.
En amont de l’audition auprès du département de santé, des milliers d’habitants des quartiers proches du data center de xAI déclarent avoir reçu des tracts d’un groupe anonyme appelé Facts over Fiction (les faits plutôt que la fiction). Les documents décrivent les turbines de l’usine comme des « technologies propres » générant des pollutions « mineures ».
Un représentant de l’État de Tennessee, dans lequel se trouve Memphis, a publiquement exigé de savoir qui se trouve derrière ces publications. Il les accuse de « mentir sur la pollution au gaz méthane ».
En mars, xAI a acheté un second terrain de 92 000 m2 pour étendre son supercalculateur, rapporte Data Center Dynamics.