DOGE : la FAA, la NASA et la FDA visées pendant qu’une IA à base de Grok est en préparation
Confit d'intérêts
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Le DOGE et le gouvernement de Donald Trump visent maintenant la FAA, la NASA et la FDA, des agences qui sont directement en lien avec les différentes activités des entreprises d’Elon Musk. Un de ses employés prépare aussi une IA s’appuyant sur le modèle Grok de xAI, dirigée par le milliardaire.
Elon Musk a investi pleinement le service temporaire de « de l’Efficacité gouvernementale » que lui a confié Donald Trump en s’emparant de l’infrastructure informatique de différentes agences américaines. En parallèle, les agences fédérales annoncent les unes à la suite des autres des plans de suppressions d’effectifs. Si le DOGE n’a pas le pouvoir d’imposer à ces agences ces plans, ils ont une cohérence certaine avec les actions de ce service « de l’Efficacité gouvernementale ».
SpaceX met les mains dans le contrôle du trafic aérien
Alors que la Federal Aviation Administration (FAA) était en début de semaine dans la ligne de mire de Trump et du DOGE de Musk, l’agence a déjà licencié environ 400 personnes en période d’essai. Comme l’explique le Washington Post, l’agence a prévu de s’appuyer sur une équipe de l’entreprise d’Elon Musk SpaceX pour revoir son système de contrôle du trafic aérien.
Elon Musk a déclaré sur son réseau social que « la sécurité du transport aérien est une question non partisane. Les ingénieurs de SpaceX contribueront à rendre le transport aérien plus sûr ». Mais la FAA est aussi responsable des autorisations pour faire décoller les fusées sur le sol américain et d’enquêter sur leurs accidents, comme la retombée de débris suite à la récente explosion de Starship, par exemple.
SpaceX a obtenu des milliards de dollars de contrats fédéraux et l’agence a affirmé plusieurs fois que l’entreprise avait violé les règles de sécurité par le passé. Encore en septembre 2024, la FAA réclamait 633 009 dollars à SpaceX pour « ne pas avoir respecté les exigences de sa licence lors de deux lancements en 2023 ». Le milliardaire ne s’est pas gêné ces dernières années pour critiquer les décisions de l’agence.
Interrogés par le Washington Post, les responsables de l’agence n’ont pas répondu aux questions concernant l’expertise de SpaceX en matière de contrôle du trafic aérien alors que l’entreprise est spécialisée dans le vol spatial.
La NASA dans le flou
Du côté de la NASA, le flou est total sur d’éventuelles coupes importantes dans les effectifs. Alors qu’ArsTechnica annonçait, hier après-midi, une baisse de 10 % des effectifs, nos confrères expliquaient cette nuit que la Maison-Blanche avait finalement décidée à la dernière minute de ne pas licencier les employés de la NASA. Selon le média, la démarche qui était mise en place à l’agence n’était « pas sans rappeler les suppressions d’emplois lors de fusions ou de faillites d’entreprises » et était vécue comme un « processus désordonné et douloureux ».
ArsTechnica remarque tout de même que l’agence spatiale a dépensé plus de 3 milliards de dollars par an au cours de la dernière décennie pour développer la fusée de transport lourd Space Launch System alors que l’industrie du New space, dont SpaceX fait partie, changeait clairement la donne en parallèle.
Le service de la FDA qui contrôle Neuralink aussi touché
La Food and Drug Administration (FDA) est aussi visée par des coupes d’effectifs, explique le Guardian. Les liens avec des activités commerciales d’Elon Musk ne sont pas évidents à la lecture du nom de l’agence. Mais celle-ci, en tant qu’agence de contrôle du secteur médical, a aussi pour mission d’expertiser les divers implants corporels comme les neurostimulateurs. La FDA est donc directement responsable des autorisations données à Neuralink, l’entreprise de neurotechnologie d’Elon Musk.
Le média britannique explique que les suppressions de postes « concernent une vingtaine de personnes du bureau de la FDA chargé des appareils de médecine neurologique et physique, dont plusieurs ont travaillé sur Neuralink ».
Le DOGE s’appuie sur Grok pour construire son IA
En parallèle de ces diminutions d’effectifs dans les agences concernant directement les intérêts financiers d’Elon Musk, TechCrunch a repéré qu’un ingénieur de SpaceX travaille à la création d’un chatbot dédié aux missions du DOGE. Celui-ci, appelé « Assistant IA du département de l’efficacité gouvernementale », s’appuierait sur le modèle de langage Grok2 développé par l’entreprise d’Elon Musk xAI tout en étant spécialement développé avec des « principes directeurs » libertariens qui ont justifié la création du DOGE. Ce projet fait suite à la volonté déjà affichée par les agents du DOGE d’intégrer de l’IA dans l’informatique de l’État américain.
Réintégration compliquée de salariés de l’agence nucléaire licenciés
Le DOGE est aussi intervenu récemment pour faire des coupes dans une agence qui n’est pas en lien direct avec les activités économiques d’Elon Musk : la National Nuclear Security Administration. Mais, comme l’explique le Time, l’usine de Pantex a été l’une des plus touchées par cette décision, perdant environ 30 % de ses effectifs. Or, les personnes licenciées travaillent notamment sur l’assemblage d’ogives, « l’un des postes les plus sensibles de l’entreprise d’armement nucléaire, avec les niveaux d’habilitation les plus élevés » commente le magazine américain.
« Les centaines de personnes licenciées à la NNSA faisaient partie d’une purge du DOGE dans l’ensemble du ministère de l’énergie, qui visait environ 2 000 employés », explique le Time, qui ajoute que l’agence a ensuite fait marche arrière mais « les employés de la NNSA qui ont été réintégrés n’ont pas tous pu être joints après leur licenciement, et certains reconsidèrent leur retour au travail, compte tenu de l’incertitude créée par le DOGE ».
Des nuisances pour l’État du Nouveau-Mexique pas suffisantes pour instruire
Plusieurs plaintes contre l’accès aux données par le service d’Elon Musk ont déjà été déposées. Gizmodo explique que, concernant celle déposée par l’État du Nouveau-Mexique [PDF], la juge Tanya Chutkan, « qui a été nommée par le président Barack Obama », a refusé d’« arrêter la destruction du gouvernement américain par Elon Musk ».
Celle-ci a écrit que « le tribunal est conscient que les actions imprévisibles du DOGE ont entraîné une incertitude et une confusion considérables pour les plaignants et nombre de leurs agences et résidents […] mais que la « possibilité » que les accusés prennent des mesures qui nuisent irrémédiablement aux plaignants « n’est pas suffisante » ». Cette décision concerne une plainte d’un État et ne préjuge pas de l’évaluation des nuisances envers d’autres plaignants.