Les Gardiennes : le film avec Laura Smet et Nathalie Baye est-il basé sur une histoire vraie ?
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Une chronique rurale marquée par la guerre
Sorti en 2017, Les Gardiennes s’inscrit dans la tradition des fresques historiques françaises intimistes. Adapté du roman éponyme d’Ernest Pérochon, prix Goncourt en 1920, le film suit la famille Paridier, exploitantes agricoles du Limousin, dont les hommes sont partis au front. Restées seules, Hortense (Nathalie Baye) et sa fille Solange (Laura Smet) maintiennent la ferme à flot avec l’aide de Francine (Iris Bry), une jeune fille de l’assistance publique.
Xavier Beauvois filme la terre et le labeur avec une rigueur quasi documentaire. Le rythme lent épouse les saisons, les gestes du quotidien et les sacrifices silencieux d’une génération de femmes souvent restées dans l’ombre du récit officiel. Le film se distingue aussi par son casting resserré et son absence d’effets mélodramatiques, misant sur une mise en scène contemplative et une photographie inspirée des tableaux impressionnistes.
Une fiction ancrée dans une réalité oubliée
Les Gardiennes ne raconte pas une histoire vraie à proprement parler, mais s’appuie sur un terreau historique solide. Le roman d’Ernest Pérochon, lui-même ancien instituteur mobilisé, s’inspire de ce qu’il a observé au retour du front : des campagnes exsangues et des femmes marquées par l’effort de guerre. La figure de Francine, bien que fictive, incarne les centaines de jeunes femmes issues de l’Assistance publique envoyées dans les fermes pour remplacer les ouvriers agricoles mobilisés.
Le film reflète avec précision les bouleversements sociaux induits par la guerre : émancipation relative des femmes, tensions de classe, mais aussi retour brutal à l’ordre patriarcal dès l’armistice. Xavier Beauvois a mené un travail de reconstitution minutieux, tournant en décors naturels, s’appuyant sur des archives et des témoignages locaux pour donner à son récit une authenticité rare. En ce sens, Les Gardiennes touche au réel, non par l’exactitude d’un fait divers, mais par la justesse de son regard sur une mémoire collective longtemps passée sous silence.