F1, le film : le divertissement à l’américaine
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Brad Pitt à la rescousse d'une écurie de Formule 1
Avant de faire découvrir aux spectateurs et spectatrices le monde de la Formule 1, c’est au milieu de l’épreuve d’endurance de Daytona que s’ouvre F1, le film. Brad Pitt, à moitié réveillé dans sa caravane, avale un morceau de sandwich, place une carte dans sa poche et sort en enfilant ses écouteurs. La star hollywoodienne interprète ici Sonny Hayes, un ancien prodige de la F1 qui, trente ans auparavant, a subi un grave accident, l’empêchant de poursuivre dans la compétition reine de l’automobile.
Pas vraiment attentif à ce qu’il se passe autour de lui, Sonny va directement sur la piste pour prendre le relais de nuit dans cette course de 500 milles. Dès qu’il met les gaz avec son bolide, l’intention de Joseph Kosinski et Jerry Bruckheimer se fait comprendre. Après le succès de Top Gun : Maverick (2021), le réalisateur et le producteur mythique passent des airs au sol avec F1, le film, en espérant provoquer les mêmes sensations.
Whole Lotta Love de Led Zeppelin dans les oreilles, Sonny fonce, fait des dépassements musclés, la foule est en délire, les feux d’artifice explosent de partout, un hélicoptère vole au-dessus du véhicule… Voilà donc ce que sera F1, le film. Un pur divertissement, made in Hollywood, qui assume un esprit old school avec ce personnage de Sonny, aussi charismatique que détaché des événements, mais qui excelle derrière un volant.

C’est pour ses qualités indéniables de pilote que son vieil ami Ruben (Javier Bardem), propriétaire de l’écurie de Formule 1 APXGP, le contacte. Mais également parce que depuis trois ans, son équipe n’a obtenu aucun point, et rien ne présage une amélioration pour les 9 dernières courses. Ruben fait donc un pari désespéré en proposant au vieillissant Sonny de rouler pour lui. Ainsi, APXGP mise sur l’expérience avec lui, et sur le talent en devenir du rookie Joshua Pearce (Damson Idris). Un duo qui va faire des étincelles avec l’agressivité en piste de Sonny et l’égo de Joshua. De quoi rappeler aux adeptes du jeu vidéo F1 2021 le scénario du mode Point de Rupture qui permettait d’incarner tantôt le jeune Aiden Jackson, tantôt son modèle Casper Akkerman.
Le monde de la F1 vu par Hollywood
D’un point de vue de la production (qui aurait coûté la modique somme de 300 millions de dollars à Apple), on ne peut que s’émerveiller de voir la fiction côtoyer la réalité. Le tournage s’est fait lors du championnat 2024 de Formule 1, durant plusieurs Grands Prix de la saison avec tous les pilotes d’alors. C’est une monoplace de Formule 2, modifiée pour ressembler à une Formule 1, qui s’est illustrée lors du Grand Prix de Grande-Bretagne 2023 en allant se placer en fond de grille au moment du départ, avant de s’écarter pour ne pas gêner la course. Par la suite, Joseph Kosinski et son équipe sont parvenus à donner l'impression que les deux APXGP roulaient vraiment aux côtés d'Hamilton, Verstappen ou encore Alonso. Certains événements réels survenus en course l’année dernière ont même été intégrés dans le film.

Malheureusement, une fois les effets en course mis de côté, le scénario de F1, le film se révèle assez laborieux. D’autant plus pour les fans de Formule 1 qui, au mieux, s’amuseront du déroulé improbable du championnat. Lors d’une avant-première du long-métrage, le pilote Carlos Sainz a d’ailleurs été assez clair en déclarant : “Je dirais juste aux purs fans de F1 de garder l’esprit ouvert pour Hollywood”. Ainsi, il faut faire avec les méthodes illégales de Sonny pour provoquer des safety car, l’évolution inimaginable de la monoplace en aussi peu de temps, ou avec le rôle mal défini de chaque membre de l’équipe (ingénieurs, directeur technique, team principal, etc.).
F1, le film, un produit pour néophytes américains
Mais après tout, qu’importe, c’est du cinéma, non !? Oui, sauf que F1, le film a justement pour but de promouvoir davantage la discipline - étant donné l’implication de la FIA dans le projet. Une promotion pour un public néophyte américain, qui veut de l’action et des rebondissements plus que de la vraisemblance - mais à qui on expliquera tout de même la différence de performance entre deux types de pneus. Il faut dire qu'en Amérique, la Formule 1 se développe toujours plus depuis quelques années. Outre la série Drive to Survive de Netflix qui a amené du monde à s’y intéresser, trois courses sur le sol américain font actuellement partie du calendrier : le Grand Prix des États-Unis, le Grand Prix de Miami depuis 2022 et le Grand Prix de Las Vegas depuis 2023.

Ainsi, F1, le film joue sur plusieurs tableaux et ne va pas au bout de ses idées. On ne peut que regretter le manque d’interaction entre les protagonistes du film et les véritables pilotes. Tandis que la rencontre entre l’ancien et le nouveau monde, entre ce qu’incarnent respectivement Sonny et Joshua (la F1 des années 90 et la F1 moderne) ne fonctionne pas aussi bien que dans Top Gun : Maverick.
La raison est peut-être simplement que Brad Pitt n’est pas Tom Cruise. Ce dernier, assure à chaque projet récent vouloir sauver le cinéma, en faisant du cinéma. Le cinéma qu’il a connu avec Tony Scott sur Top Gun (1986) ou sur Jours de Tonnerre (1990), référence évidente de Joseph Kosinski pour son excellente scène d’ouverture à Daytona. Malgré tout le talent d'acteur de Brad Pitt, cet univers ne semble pas lui correspondre aussi bien qu'à Tom Cruise. Cela se ressent enfin dans leurs personnages. Sonny n’est ni Maverick, ni Cole Trickle. Sonny se moque de l’argent, de la gloire, même de la victoire. Il veut conduire des bolides, rouler encore et toujours en laissant épouses et coéquipiers au bord de la route, mais le public avec.
F1, le film de Joseph Kosinski, en salles le 25 juin 2025. Ci-dessus la bande-annonce.