C’est une annonce qui a le mérite d’être claire. Alors que le président polonais Karol Nawrocki devait rencontrer son homologue polonais, Viktor Orbán, le 4 décembre prochain, le premier a purement et simplement annulé. En cause : le voyage du dirigeant hongrois à Moscou, a justifié le chef du bureau international du président polonais.
Viktor Orbán et Vladimir Poutine ont en effet tenu des pourparlers au Kremlin vendredi dernier au sujet du sort des raffineries russes sanctionnées. Un voyage qui a coïncidé avec les efforts de Washington pour obtenir un accord de paix entre la Russie et l’Ukraine. "Le geste de Nawrocki marque un nouveau tournant : l’amitié millénaire s’enfonce dans des profondeurs sans précédent", commente le journal en ligne Valasz Online depuis Budapest. Une décision "sensible pour le pouvoir hongrois, car Nawrocki est un conservateur qui avait été félicité par Orban après sa victoire à la présidentielle", et "plusieurs experts le présentaient comme celui capable de renouer les relations politiques [entre les deux pays]", souligne le site.
"Pas confiance dans les accords de paix"
Mais, "Viktor Orbán a rencontré Vladimir Poutine à plusieurs reprises depuis 2022 et ses opinions pro-russes sont bien connues, alors qu’est-ce qui est différent cette fois-ci ?", s’interroge le média polonais TVP World. Viktor Orbán, un proche allié du président américain Donald Trump, est largement considéré comme le leader le plus favorable au Kremlin de l’Union européenne. Il a longtemps essayé de se faire passer pour un négociateur potentiel pour mettre fin à la guerre de la Russie en Ukraine, bien que ses "missions de paix" autoproclamées aient bouleversé les alliés de l’UE. Après une rencontre de plusieurs heures avec le président Vladimir Poutine au Kremlin, il a annoncé son intention de continuer les importations d’hydrocarbures russes, dont dépend la Hongrie, défiant à nouveau l’Union européenne sur ce sujet.
Paradoxalement, le président Nawrocki, qui "prône constamment la recherche de moyens réels de mettre fin à la guerre en Ukraine a décidé de limiter le programme de sa visite en Hongrie exclusivement au sommet des présidents", a déclaré Marcin Przydacz, son principal conseiller pour les affaires étrangères, dans un post sur le réseau social X. "Karol Nawrocki n’a pas une once de confiance dans les accords que Vladimir Poutine signerait, parce que la Russie de Poutine n’honore pas les accords", avait déjà déclaré Marcin Przydacz la semaine dernière, rappelle l’agence de presse Bloomberg.
Désillusions et embarras
"Ce qui a changé, c’est le choc qui est arrivé sous la forme du plan de paix Witkoff-Dmitriev. Une fois qu’il a commencé à circuler fin novembre, il a sapé le fondement de la position de politique étrangère de Nawrocki", poursuit le média polonais TVP World. Le président polonais croyait que la garantie de sécurité américaine était ferme. A Washington au cours de l’été, il avait obtenu une assurance personnelle de Donald Trump que les niveaux de troupes américaines en Pologne ne seraient pas réduits, rappelle le média. "Avec cette promesse en main, le président polonais s’est senti suffisamment protégé pour poursuivre une ligne ouvertement anti-UE, souvent anti-allemande, et construire son identité politique autour de la proximité avec Trump", souligne la chaîne. Mais, le plan de paix en 28 points de Steve Witkoff et Kirill Dmitriev a supprimé ce réconfort, avec notamment les concessions territoriales de l’Ukraine.
A Kiev, le changement de programme du président polonais a en tout cas été salué comme "une très bonne décision" par le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Andrii Sybiga. Il a applaudi "un fort sens de la solidarité" et un "engagement en faveur de l’unité et de la sécurité de l’Europe à un moment critique", dans un post dimanche soir sur X.
Une nouvelle attaque contre un cargo en mer Noire a été signalée ce mardi 2 décembre par la Turquie, à 80 milles nautiques de ses côtes. Le MildVolga 2, naviguant sous pavillon russe selon le site Marine Traffic, "a signalé avoir été attaqué [...] alors qu'il faisait route de la Russie vers la Géorgie avec une cargaison d'huile de tournesol", a indiqué la Direction des Affaires maritimes (DGM) sur X, précisant que "les 13 membres d'équipage sont sains et saufs" et que le navire n'avait pas demandé d'assistance.
"Le MildVolga-2 fait actuellement route vers le port turc de Sinop par ses propres moyens", a-t-elle ajouté.
Deux attaques revendiquées par l'Ukraine
Ce nouvel incident survient après deux attaques de drones revendiquées par l'Ukraine dans la zone économique turque, vendredi et samedi, qui ont visé des pétroliers de la "flotte fantôme" russe, sous sanctions occidentales, qui continue d'exporter du pétrole russe. Une "escalade inquiétante" selon le président turc Recep Tayyip Erdogan qui estime que "le conflit entre la Russie et l'Ukraine a(vait) clairement atteint une dimension où il menace la sécurité de la navigation en mer Noire".
"Nous ne pouvons en aucun cas accepter ces attaques qui menacent la sécurité de navigation, l'environnement et la vie dans notre zone économique exclusive", a souligné le chef de l'Etat, dont le pays occupe la rive sud de la mer Noire.
Les deux pétroliers naviguant sous pavillon gambien, le Kairos et le Virat, tous deux sous sanctions occidentales donc, se dirigeaient vers le port russe de Novossiïrsk, quand ils ont été touchées, vendredi soir puis de nouveau samedi matin pour le Virat.
"Nous adressons les avertissements nécessaires à toutes les parties concernées. Nous suivons également de près l'évolution de la situation en vue de mettre fin au conflit et nous nous tenons prêts à apporter notre contribution à chaque occasion", a-t-il ajouté alors que les négociations se poursuivent entre Kiev et Moscou autour d'un plan proposé par les Etats-Unis.
Deux attaques de drones revendiquées par l'Ukraine dans la zone économique turque, vendredi et samedi, ont visé des pétroliers de la "flotte fantôme" russe. (Illustration)
C’est un événement d’un genre inédit qui s’est produit dans la nuit de jeudi à vendredi dernier (du 27 au 28 novembre) près du port de Dakar, au Sénégal. Vers 23h45, "quatre explosions externes" ont été détectées sur le Mersin, un pétrolier qui mouille depuis deux mois à 19 kilomètres des côtes sénégalaises.
Sur les réseaux sociaux, des vidéos ont montré un affaissement du bateau dans l’eau. Et son armateur turc, Besiktas Shipping, a évoqué ce lundi 1er décembre dans un communiqué de presse, "une entrée d’eau dans la salle des machines", indiquant que les 22 membres d’équipage ont été évacués et mis en sécurité.
Une attaque de l’Ukraine pas écartée
L’armateur Besiktas Shipping a par ailleurs déclaré qu’il soutenait les enquêtes sur la cause des explosions et qu’il travaillait avec les assureurs et les autorités sénégalaises pour gérer les conséquences de l’incident, notamment les éventuelles pollutions que cela pourrait entraîner alors que le navire contient près de 39 000 tonnes de carburant. La société d’analyse des expéditions de matières premières Kpler affirme que le navire transportait du gazole et qu’il a été en contact avec plusieurs ports russes à plusieurs reprises cette année.
Selon le correspondant du Monde au Sénégal, l’enquête préliminaire, dirigée par l’autorité de sécurité maritime du Sénégal (Hasmar), n’exclue aucune piste, y compris celle d’une attaque ukrainienne. "Il est prématuré de confirmer ou d’infirmer un scénario précis avant la conclusion de ce travail d’expertise", explique-t-elle auprès du quotidien. "Si l’explosion externe est confirmée, analyse un expert maritime en hydrocarbures ayant requis l’anonymat, la possibilité d’un accident est nulle. Ces petronavires possèdent une double coque qui mesure entre deux et trois mètres avec des ballasts vides qui ne peuvent pas exploser. La proximité des côtes et la position statique du navire pendant deux mois, en ont fait une cible de choix", ajoute le même expert auprès du journal.
Troisième incident en trois jours
L’incident est le troisième en trois jours impliquant des navires contenant du pétrole russe, rapporte de son côté l’agence Bloomberg. De quoi alimenter la thèse d’une attaque russe sur les côtes sénégalaises. Samedi, l’Ukraine a revendiqué l’attaque de deux pétroliers en mer Noire au large de la Turquie, disant avoir frappé avec des drones navals des navires de la flotte fantôme russe. Depuis qu’elle est ciblée par des sanctions internationales après son invasion de l’Ukraine en 2022, la Russie utilise des centaines de pétroliers, dont beaucoup naviguent sous différents drapeaux de commodité, pour expédier son pétrole aux clients malgré tout.
La veille, le 30 décembre, la chaîne américaine CNN affirmait que des drones sous-marins ukrainiens ont touché deux pétroliers appartenant à la "flotte fantôme" russe en mer Noire, le Virat et le Kairos, selon le témoignage d’un responsable des services de sécurité ukrainiens (SBU). Plus précisément, la source indique que les explosions sur les deux pétroliers, battant pavillon gambien mais lié à la Russie, ont été engagées par des drones maritimes Sea Baby.
Les attaques du Virat et du Kairos, deux pétroliers battant pavillon gambien, ont eu lieu à l’intérieur d’une zone économique spéciale (ZES) de la mer Noire, et non dans les eaux territoriales turques, a indiqué samedi le ministre turc des Transports, Abdulkadir Uraloglu. Selon le site spécialisé Vesselfinder, le Kairos date de 2002 et le Virat de 2018. Les deux bâtiments sont visés par des sanctions européennes et du Commonwealth, mais aussi des Etats-Unis pour le Virat.
Mieux que La Petite Sirène ou La Reine des neiges, deux contes du Danois H.C. Andersen, voici la saga d’un petit royaume où l’économie se porte bien, où les habitants ont le sourire et où un optimisme général plane dans l’air. Bienvenue au Danemark (6 millions d’âmes) dont l’enquête planétaire World Happiness Report 2025confirme année après année que ses habitants sont les gens "les plus heureux du monde", juste après les Finlandais. Ce bonheur général, il se mesure à la mine épanouie des enfants qui courent dans les allées de Legoland (parc thématique dédié aux Lego) comme aux éclats de rire sur les terrasses de café du port de Copenhague. Dans les entreprises règne aussi une forme de bien-être : patrons, syndicats et employés y entretiennent un dialogue social constructif fondé sur l’écoute et le respect mutuel. Résultat, là-bas, tout le monde est d’accord pour reporter l’âge de départ à la retraite de 67 à 68 ans d’ici à 2030 et jusqu’à 70 ans à partir de 2040.
C’est à peine croyable, mais même l’ambiance des maisons de retraite est sympa ! Dans ce pays où les seniors sont rois, les équivalents de nos Ehpad sont parmi les plus agréables à vivre au monde. Voici donc un pays en bonne santé qui, en outre, affiche des statistiques insolentes : + 3,5 % de croissance l’année dernière, chômage stable à 6 % et endettement public minimal à 30,5 % (contre 114 % en France). Cerise sur le gâteau, l’excédent budgétaire de l’Etat permet de financer à peu près n’importe quel nouveau projet.
Si tout va si bien, c’est donc qu’il n’y a aucune raison de s’intéresser au Danemark… Ne dit-on pas que les gens heureux n’ont pas d’histoire ? Sauf que depuis peu, ce pays en forme d’index pointé vers le nord de l’Europe se trouve au carrefour de l’actualité mondiale. En janvier, le président Donald Trump a déclaré que l’acquisition du Groenland (un territoire autonome danois) était une nécessité absolue. Parallèlement, la menace russe va en augmentant : Vladimir Poutine mène une guerre hybride incessante contre le Lilliput danois – et contre l’ensemble des pays scandinaves et baltes. Début octobre, plusieurs drones ont été repérés dans le ciel danois, obligeant le gouvernement à fermer six aéroports pendant plusieurs heures durant un sommet de chefs d’Etat de l’Union européenne.
Sur le Vieux Continent, le pays suscite, là encore, un intérêt inédit. Ce n’est pas tellement que Copenhague assume jusqu’au 31 décembre prochain la présidence tournante du Conseil de l’UE. C’est plutôt que le royaume est dirigé depuis six ans par une Première ministre qui détonne. Elue par la gauche, la sociale-démocrate Mette Frederiksen, 48 ans, mène une politique anti-immigration applaudie par la droite. Hyperrestrictive, elle vise particulièrement les demandeurs d’asile venus du "Menapt"', selon l’acronyme qui désigne, en anglais, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, le Pakistan et la Turquie (Middle East, North Africa, Pakistan, Turkey). Autrement dit : des pays majoritairement musulmans.
Et cela, au nom de la préservation du sacro-saint "modèle scandinave" qu’une majorité des Danois juge incompatible avec une immigration de masse. Le raisonnement est le suivant : pour fonctionner, l’Etat-providence doit reposer sur la solidarité collective – un peu comme une mutuelle – où non seulement tout le monde contribue au financement du système mais où, de plus, tout le monde adhère aux mêmes valeurs. Parmi celles-ci : l’égalité homme-femme, le respect des droits des homosexuels et la totale liberté d’expression qui fut, ne l’oublions pas, à l’origine de la crise des caricatures de Mahomet, née au Danemark en 2005 et suivie de menaces de mort contre des dessinateurs, d’attaques contre des ambassades danoises au Moyen-Orient et de deux attentats par fusillade à Copenhague en 2015 (un mois après le massacre de Charlie Hebdo en France).
Nous sommes passés d’une situation où il fallait protéger les minorités à une situation où nous devons protéger la majorité
Mette Frederiksen
Ceci explique pourquoi, depuis deux décennies, les gouvernements de droite comme de gauche renforcent continuellement les critères d’entrée dans le pays, au point de décourager les demandes d’asile. Les statuts de réfugié et les permis de séjour sont délivrés au compte-gouttes (avec des critères encore plus durs pour les représentants religieux). Et le regroupement familial repose sur des règles strictes : les deux membres du couple doivent avoir au moins 24 ans (ceci, afin de lutter contre les mariages arrangés avec des femmes trop jeunes) ; les intéressés doivent fournir un caution d’environ 7 000 euros ; ils doivent prouver l’existence de revenus réguliers depuis des années et disposer d’un logement avec un nombre de mètres carrés minimal par habitant. Quant aux naturalisations, elles reposent sur des tests de langue, sur l’adhésion aux "valeurs danoises" et sur "l’épreuve de la poignée de main", qui vise à éliminer les musulmans conservateurs : le demandeur doit serrer la main d’un officier municipal du sexe opposé. Enfin, le fait d’avoir commis une infraction ou avoir reçu une amende de plus de 400 euros entraîne l’inéligibilité à la naturalisation.
"Je ne crois pas que les gens fuient leur pays pour le plaisir et ceux qui sont persécutés doivent être protégés, expliquait, très cash, la Première ministre, Mette Frederiksen, au magazine Der Spiegel, en mai dernier. Mais je suis convaincue que nous ne pouvons pas accueillir et protéger tout le monde. L’Allemagne a fait une grosse erreur en 2015 [NDLR : en accueillant 1 million de migrants]. Les conséquences sont tellement énormes que nous ne pouvons tout simplement pas continuer comme avant. Nous sommes passés d’une situation où il fallait protéger les minorités à une situation où nous devons protéger la majorité", dit la dirigeante qui a hérité du surnom de Dame de fer. Et de conclure : "Les gens doivent se sentir en sécurité lorsqu’ils prennent un bus de nuit, lorsqu’ils vont au travail au petit matin ou à l’école."
Avec ce genre de discours – auquel peu de Danois trouvent à redire – la présidente du Parti social-démocrate est non seulement parvenue à se hisser au sommet du pouvoir, mais aussi à y rester. Elue une première fois en 2019 avec 26 % des suffrages, elle a été réélue en 2022 avec 27,5 % des voix. Miraculeusement, elle a dans le même temps marginalisé l’extrême droite qui arbitrait la vie politique depuis deux décennies jusqu’à devenir la deuxième force du pays. En 2015, le Parti du peuple danois (Dansk Folkeparti, DFP) atteignait 21 %. Quatre ans plus tard, lors de la victoire de Frederiksen, il dégringolait à 9 % et en 2022, à moins de 3 % !
Avec Malte, la Lituanie et l’Espagne, le Danemark est aujourd’hui un des rares pays de l’UE à être gouvernés par la gauche. Rien d’étonnant dès lors, si la réussite de Frederiksen fait école. En Suède, le Parti social-démocrate (actuellement dans l’opposition) vient de faire son aggiornamento sur les questions d’immigration dans l’espoir de remporter les législatives dans un an. Et au Royaume-Uni, le gouvernement du travailliste de Keir Starmer a, lui aussi, durci sa politique d’immigration en annonçant l’allongement du délai d’obtention d’une résidence permanente et la suppression de l’aide au logement et des allocations sociales pour les demandeurs d’asile qui refusent un travail ou enfreignent la loi.
Mais qui est vraiment Mette Frederiksen, ovni politique sorti tout droit de la série télévisée Borgen? Pour le savoir, il faut remonter à son adolescence, passée à Aalborg, ce bastion social-démocrate du nord du Jutland où sa famille vote à gauche depuis cinq générations. "Malgré son jeune âge, la quadragénaire a déjà plus de trois décennies d’expérience derrière elle", observe Thomas Larsen, auteur de Mette Frederiksen. Un portrait politique (2019, non traduit) qui la dépeint en animal politique doué et redoutable. A l’âge de 15 ans, Mette rejoint la Jeunesse sociale-démocrate sous les encouragements de son père, typographe, et de sa mère, enseignante. Là, elle se fait remarquer par son caractère et ses engagements.
La fibre écolo, elle refuse par exemple d’utiliser des cosmétiques testés sur des animaux, milite pour la défense des baleines et se passionne pour Nelson Mandela et son parti, l’ANC. A 18 ans, elle part seule au Kenya pendant un an. Titulaire d’un bachelor en sciences sociales, elle obtient ensuite un master en études africaines à l’université de Copenhague. A 24 ans, la voici déjà députée avant de devenir ministre de l’Emploi à 34 ans en 2011 puis de la Justice en 2014. L’année suivante, elle prend la tête du parti La Sociale démocratie. Et devient quatre ans plus tard la plus jeune Première ministre de l’histoire danoise à 41 ans – et la deuxième femme à occuper ce poste, après une autre sociale-démocrate, Helle Thorning-Schmidt (2011-2015).
"D’une ambition dévorante et dotée d’un instinct politique incontestable, elle se définit aussi par une souplesse idéologique qui lui permet d’opérer des virages à 180 degrés sur de nombreux sujets", dépeint le journaliste Bent Winther, coauteur de la biographie politique Mette F. (2019, non-traduit). "D’abord très à gauche, elle a viré au vert, puis elle a participé en tant que ministre à une coalition de centre gauche avant de diriger, depuis 2022, un gouvernement de coalition avec la droite. Tout cela en devenant de plus en plus conservatrice sur l’immigration." Autrefois eurosceptique, cette proche de Volodymyr Zelensky est aujourd’hui une fervente européenne et l’un des soutiens à l’Ukraine les plus déterminés. "Il faut reconnaître qu’à chaque fois qu’elle change d’avis, elle trouve les bons arguments pour convaincre", remarque Bent Winther, à propos de celle qui a soudé le parti derrière elle.
Cette proche de Volodymyr Zelensky est passée d'eurosceptique à fervente européenne.
Mette Frederiksen serait-elle, tout simplement, une adepte des retournements de veste ? "Les choses sont plus compliquées que cela", plaide le biographe Thomas Larsen, qui suit sa trajectoire depuis trois décennies. Dans un pays qui compte une quinzaine de partis politiques, les alliances et les compromis font en effet partie du jeu. "Mais surtout, elle s’est montrée visionnaire en repositionnant idéologiquement la social-démocratie qui, à ses yeux, avait été poussée trop à gauche sur les questions d’immigration par ses alliés de la gauche radicale", décrypte Thomas Larsen. Voilà dix ans, lorsqu’elle prend les commandes du parti, elle annonce la rupture avec la gauche de la gauche afin de mieux reconquérir le pouvoir. Victorieuse dans les urnes, elle tient parole : pendant trois ans, les sociaux-démocrates gouvernent seuls. Ce n’est pas tout. Frederiksen reprend aussi à son compte la politique anti-immigration de ses prédécesseurs de droite, en annonçant, pendant la campagne, qu’elle ne reviendrait pas dessus.
"Elle est partie du principe que si les partis traditionnels se déconnectaient des préoccupations des électeurs, ces derniers se déplaceraient naturellement vers les extrêmes, entraînant la polarisation du pays", explique encore Thomas Larsen. Autre choix stratégique : Frederiksen décide de porter son effort sur les provinces et les régions rurales plutôt que sur les "bobos" des grandes villes parce que, selon elle, la social-démocratie danoise plonge ses racines dans l’électorat populaire. La question est : ce Machiavel scandinave est-elle encore de gauche ? "A sa façon de mettre l’accent sur les 'valeurs danoises' et à parler de 'réarmement idéologique' face aux défis de l’intégration, elle est clairement de droite, du moins sur le sujet de l’immigration", répond le Franco-Danois Pierre Collignon, rédacteur en chef du quotidien libéral Berlingske, qui la juge toutefois trop étatiste. Signe de l’évolution de la Première ministre : elle a récemment nommé un nouveau ministre de l’Immigration (social-démocrate) encore plus dur que ses prédécesseurs. Et pour fêter ses dix ans à la tête de SD, en juin, les militants agitaient des petits drapeaux danois au lieu de roses, l’emblème du parti.
Mette Frederiksen affiche aussi sans complexe sa proximité avec la présidente du Conseil des ministres Giorgia Meloni, dont elle partage les vues sur le droit d’asile. Avec sept autres dirigeants d’Europe centrale, les deux cheffes de gouvernement militent pour réformer l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, trop contraignant selon elles, notamment sur la question du regroupement familial. Et peu importe si le Danemark bénéficie depuis 1992 de dérogations (opt-out dans le jargon de Bruxelles) qui lui permettent de s’affranchir des règles européennes en la matière. "Pour Mette Frederiksen, l’important est de rassurer les électeurs en leur faisant savoir qu’elle ne lâche pas le morceau", reprend le journaliste et biographe Bent Winther. Elle n’oublie pas qu’au Danemark, le thème de l’immigration a déterminé le résultat de toutes les élections depuis un quart de siècle.
La dirigeante s'affiche avec Giorgia Meloni, partageant ses vues sur le droit d'asile.
Ce qu’il faut savoir, aussi, c’est que les compatriotes de l’acteur Mads Mikkelsen (Casino Royale, Hannibal, Drunk, etc.) se voient un peu comme les habitants d’un village d’irréductibles Vikings, obligés de "résister encore et toujours à l’envahisseur", selon la formule des albums d’Astérix. A l’instar de la Hongrie, nostalgique de son empire disparu, le petit Danemark reste marqué par la perte de la Norvège en 1814 (au profit de la Suède) et du Schleswig-Holstein en 1864 (au profit de la Prusse). Et à la différence de la Suède, dont l’identité repose sur son espace et ses richesses naturelles (minerais, bois), celle du Danemark est fait d’un sentiment de fragilité et de l’idée qu’il lui faut préserver ses deux principaux atouts : la cohésion nationale et son modèle social, garant de sa prospérité.
"Autre particularisme, notre conception de l’Etat-providence est fortement imprégnée de l’éthique protestante du travail où la responsabilité individuelle est centrale, précise le politologue Mikkel Vedby Rasmussen, installé au café Europa, sur Støget, l’artère piétonne de Copenhague. "L’idée, c’est que chacun travaille dur et respecte les règles pour financer la sécurité sociale, tout en évitant d’abuser du système." Or les Danois ont sous les yeux l’exemple de la Suède, à vingt minutes de Copenhague par le pont reliant les deux pays. Principal pays d’accueil des réfugiés (avec l’Allemagne) lors de la vague de migrants en 2015, le voisin scandinave est aujourd’hui gangrené par le narcotrafic et déstabilisé par une guerre des gangs.
Dans son propre pays, Mette Frederiksen semble, pour sa part, atteinte par l’usure du pouvoir. Le score de son parti aux européennes, l’année dernière, a été décevant. Et voilà trois semaines, en novembre, les sociaux-démocrates ont pris une gifle aux municipales, notamment à Copenhague, perdue pour la première fois depuis un siècle au profit d’une coalition de gauche. L’omniprésente Première ministre – elle sature l’espace médiatique – commence peut-être à lasser. "Elle est devenue la caricature d’elle-même, grince le commentateur Noa Redington. Elle voit tout en noir et blanc, semble dévorée par sa soif de pouvoir et supporte de plus en plus mal les critiques, affirme celui qui fut le conseiller de l’ex-Première ministre Helle Thorning-Schmidt, elle aussi sociale-démocrate. Pour son dixième anniversaire à la tête du parti, en juin, j’ai lu les messages des comptes X de son entourage : ils étaient si laudatifs qu’on aurait dit la Corée du Nord. Grotesque…"
Une certitude : pour Frederiksen, les élections générales (prévues au plus tard dans dix mois) se joueront à quitte ou double. Concurrencée sur sa gauche, elle devra aussi composer avec l’extrême droite, qui remonte dans les sondages, à environ 8 %. "Mais elle n’a pas dit son dernier mot, prédit son biographe Thomas Larsen, qui ne cache pas sa fascination pour cette bête politique. Elle demeure une débatteuse redoutable, avec une capacité de travail effrayante et une résistance à la pression hors du commun." La preuve ? A l’heure où la Russie poursuit sa guerre hybride contre les pays d’Europe du Nord, elle trouve des accents churchilliens pour y répondre : son pays achètera des armes de précision à longue portée – missiles et drones – capables de frapper des cibles en "territoire ennemi", déclare-t-elle en juin. Et lorsque Washington convoite le Groenland, elle ne perd pas davantage son sang-froid. Inébranlable face à Trump et Poutine, la Dame de fer de Copenhague se laissera-t-elle, finalement, déstabiliser par ses joyeux compatriotes ? Réponse dans les urnes, dans quelques mois.
En échange de quelques millions de dollars, Donald Trump et son administration se sont arrogés le droit d’expulser des milliers d’immigrés en situation irrégulière. Selon le ministère de la sécurité Intérieure (DHS), près de 527 000 étrangers illégaux ont été expulsés depuis l’investiture du président américain en janvier dernier. A ceux-là, s’ajoutent près de 1,6 million d’individus qui se seraient "volontairement déportés", selon les mots du même ministère.
Dans le cas des expulsions forcées, le gouvernement américain a signé des contrats avec plusieurs pays tiers, en Amérique du Sud et en Afrique, pour que ces derniers acceptent de recevoir et gérer ces déportés, quand bien même ils n’en sont pas originaires, en échange d’importantes sommes d’argent, et sans obligation de redevabilité.
5 millions de dollars contre 160 personnes
Le 17 novembre dernier, le gouvernement d’Eswatini, petit pays enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique, a confirmé pour la première fois avoir reçu 5,1 millions de dollars (4,3 millions d’euros) des Etats-Unis en échange de l’accueil d’un total, à terme, de 160 personnes jugées "indésirables" par l’administration américaine. Le petit royaume d’Afrique australe a depuis mi-juillet reçu et incarcéré 15 hommes expulsés par Washington, au même titre qu’au moins cinq autres pays africains. L’un d’entre eux a depuis été renvoyé vers son pays d’origine la Jamaïque, tandis que les 14 autres, parmi lesquels un Cubain, un Yéménite, un Laotien, au moins quatre Vietnamiens, un Philippin et un Cambodgien, sont détenus dans le centre correctionnel de Matsapha, près de la capitale Mbabane, connu pour détenir les prisonniers politiques.
Selon un article du Washington Post, dont l’auteur a eu accès aux contrats signés par les Etats-Unis avec ces fameux pays tiers, la Guinée équatoriale, tout petit Etat d’Afrique centrale, aurait pour sa part reçu 7,5 millions de dollars en échange de déportations. A titre d’exemple, ce montant dépasse l’aide étrangère américaine fournie au pays au cours des huit dernières années combinées, déplore la sénatrice démocrate du New Hampshire Jeanne Shaheen. Elle est notamment l’auteure d’une lettre adressée au secrétaire d’Etat Marco Rubio début novembre, questionnant ces expulsions vers des pays tiers régulièrement pointés du doigt pour traite d’êtres humains mais aussi pour leur corruption au plus haut sommet de l’Etat.
Inquiétudes quant aux contours des accords
Toujours selon le Washington Post, les Etats-Unis ont envoyé plus de 250 migrants vénézuéliens dans une prison de haute sécurité au Salvador dès le mois de mars 2025. Ce mois-là, l’attachée de presse de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, avait alors déclaré que les Etats-Unis ont versé "environ 6 millions de dollars" au pays pour détenir les migrants. Tous les détenus ont finalement été renvoyés du Salvador au Venezuela en juillet dans le cadre d’un accord négocié entre Washington, Caracas et San Salvador. En échange, 10 citoyens américains et résidents permanents américains emprisonnés au Venezuela ont été libérés. Autre pays signataire de ces accords : le Rwanda. D’après une copie de l’accord signée le 3 juin dernier, Kigali a accepté de recevoir jusqu’à 250 expulsés en échange d’un "déboursement initial" de 7,5 millions de dollars du gouvernement américain. Ce n’est pas la première fois que l’administration Trump paie le Rwanda pour accepter les déportés, note le quotidien de Washington. En avril, les Etats-Unis avaient effectué un paiement unique de 100 000 dollars en échange de la déportation d’un immigré irakien.
Autant de pays que les Etats-Unis, à travers des rapports du département d’Etat, a accusé de traite des êtres humains, dont ils demandent à ces ressortissants de les éviter. Outre-Atlantique, des défenseurs des droits de l’homme ont par ailleurs soulevé des inquiétudes quant aux contours des accords, y compris si Washington sera en mesure de surveiller correctement les fonds alloués. Car les pays n’ont aucune obligation de redevabilité concernant l’argent reçu de la part des Etats-Unis. "Nous n’avons aucune idée de la manière dont l’argent pourra être utilisé. Il semble que les Etats-Unis ne mettent aucune directive ou restriction", a déclaré Nicole Widdersheim, directrice adjointe de Washington chez Human Rights Watch, s’inquiétant de l’utilisation de cet argent pour l’achat d’arme ou la contribution à des systèmes de corruption.
De façon moins directe qu'une contribution financière, le Ghana, a de son côté accepté de détenir au moins 40 migrants d'Afrique de l'Ouest envoyés par les Etats-Unis, en échange de tarifs douaniers assouplis et de restrictions abaissées pour les voyageurs ghanéens vers les Etats-Unis.
L’économie allemande traverse "sa crise la plus profonde" de l’après-guerre, a averti mardi 2 décembre la première fédération industrielle du pays, reprochant au gouvernement son inaction malgré une quatrième année consécutive de production industrielle en chute.
Le produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne devrait au mieux connaître une année de stagnation en 2025, après deux ans de récession, tandis que le chancelier Friedrich Merz semble peiner à trouver la recette pour mener des réformes et donner confiance aux entreprises.
"L’économie allemande est en chute libre et pourtant le gouvernement ne réagit pas avec la détermination nécessaire", a dénoncé dans un communiqué Peter Leibinger, président de la Fédération des industries allemandes (BDI). Le secteur secondaire est en cette fin 2025 "à un plus bas dramatique", a-t-il alerté.
Le communiqué de cette organisation patronale est pour le moins alarmiste et critique du chancelier Merz, un conservateur allié aux sociaux-démocrates au sein d’une coalition gouvernementale assez impopulaire, arrivée au pouvoir au printemps, après des élections législatives marquées par l’essor de l’extrême droite.
Un "décrochage structurel"
"Nous attendons cette année une chute de la production de 2 %, la production industrielle sera donc en recul pour la 4e année consécutive. Ce n’est pas un trou d’air conjoncturel, mais un décrochage structurel", martèle le BDI, appelant les autorités à un "tournant dans la politique économique, avec des priorités claires pour la compétitivité et la croissance". "Au troisième trimestre, la production a de nouveau reculé de 0,9 % par rapport au trimestre précédent et de 1,2 % sur un an", a relevé cette fédération.
Longtemps une exception dans une Europe désindustrialisée, l’Allemagne a profité d’une insolente bonne santé économique dans les années 2010, grâce à un modèle fondé sur l’exportation de produits à haute valeur ajoutée sortant d’usines tournant à plein régime à l’aide du gaz russe bon marché.
Mais la pandémie de Covid-19, l’envolée du coût de l’énergie après l’invasion russe de l’Ukraine, un manque d’innovation, la concurrence chinoise et désormais les taxes douanières américaines sont venus éroder ses fondations, transformant peu à peu la première économie européenne en homme malade du continent.
Pression sur l’emploi
Le chancelier Merz a promis cet automne une série de réformes et un toilettage bureaucratique en Allemagne comme en Europe, répondant à une revendication des entreprises qui jugent les réglementations trop complexes, y voyant un frein à l’innovation et un moteur de coûts. La semaine dernière au Parlement, il a défendu son action, énumérant les réformes adoptées comme la baisse de la fiscalité des entreprises ou la tarification de l’électricité.
Mais pour les industriels, ça ne va pas assez vite. "Chaque mois sans réformes structurelles résolues coûtera encore des emplois", juge le BDI. La transformation de l’industrie allemande met l’emploi sous pression : l’automobile a perdu 6,3 % de ses effectifs en un an, soit 48 700 postes, la métallurgie 2,6 % depuis un an et plus de 11 % depuis 2019, détaille le BDI dans un rapport publié mardi. Dans l’automobile, Volkswagen prévoit ainsi la suppression de 35 000 emplois d’ici 2030, soit 29 % de ses effectifs en Allemagne. Quelques jours plus tôt, la fédération de l’industrie chimique et pharmaceutique alertait sur un niveau de production au plus bas depuis 30 ans dans la chimie.
A l’inverse, l’industrie de l’armement, portée par des centaines de milliards d’investissements, fait figure de bouée de sauvetage pour le gouvernement, qui a appelé mardi à davantage de coopération entre les secteurs. "Nous avons besoin d’un réseau plus fort entre l’industrie civile et l’industrie de la sécurité et de la défense", a déclaré en conférence de presse le ministre de la Défense Boris Pistorius. A ses côtés, la ministre de l’Economie Katherina Reiche a évoqué les "chevauchements technologiques" possibles avec l’automobile, "qui dispose de compétences actuellement nécessaires de toute urgence" dans la défense.
Un ordre de tir contre des naufragés : la Maison-Blanche a confirmé, lundi 1er décembre, qu’un amiral américain avait ordonné, début septembre, une seconde frappe contre un bateau suspecté de transporter de la drogue dans les Caraïbes, alors que des survivants d’un premier bombardement s’y trouvaient encore. Les révélations faites initialement par The Washington Post et The Intercept plongent les Etats-Unis dans l’une des plus graves controverses militaires de l’ère Trump et soulèvent de lourdes questions juridiques et politiques. D’après CNN, l’armée avait connaissance de la présence de rescapés visibles au moment du second tir.
Pour de nombreux juristes, l’affaire dépasse largement le cadre déjà contesté de ces opérations antidrogue. "Les frappes étaient déjà juridiquement douteuses, puisque aucune guerre n’est déclarée dans les Caraïbes. Mais le meurtre de survivants constitue un acte d’une gravité inédite", résume CNN. Le droit des conflits armés est clair : l’exécution d’un ennemi hors de combat — blessé, capturé ou naufragé — est interdite et considérée comme un crime de guerre. "Ils enfreignent la loi dans les deux cas", souligne Sarah Harrison, ancienne conseillère juridique au Pentagone. "Ils tuent des civils, et même s’ils les considéraient comme des combattants, ce serait tout autant illégal."
Le contexte régional est particulièrement tendu. Depuis août 2025, les Etats-Unis ont renforcé leur présence militaire en mer des Caraïbes, accusant le président vénézuélien, Nicolas Maduro, de diriger un véritable cartel de la drogue. De son côté, Caracas dément, dénonce des exécutions extrajudiciaires et affirme que Washington cherche à provoquer un changement de régime et à contrôler les ressources pétrolières du pays.
Deux survivants agrippés à l’embarcation
Selon les éléments désormais connus, 11 personnes ont péri début septembre lors de cette double frappe, la première d’une vingtaine d’attaques par les forces armées américaines qui ont fait 83 morts au total. Les médias américains affirment que deux survivants agrippés à l’embarcation en flammes ont été ciblés lors de la seconde attaque. Celle-ci aurait été autorisée par le secrétaire à la Défense,Pete Hegseth - ce que le Pentagone a démenti dans un premier temps. "Si les faits rapportés par le Washington Post sont exacts, il semble que les forces spéciales aient commis un meurtre lorsque les deux hommes ont été tués dans l’eau", estime dans le Washington Post Jack Goldsmith, professeur de droit à Harvard et ancien directeur du Bureau du conseiller juridique sous l’administration de George W. Bush.
D’après CNN et d’autres médias, Pete Hegseth aurait donné instruction de s’assurer que "tous les passagers et membres d’équipages" soient tués. On ignore cependant si Pete Hegseth savait qu’il y avait des survivants avant la seconde frappe, ou si l’armée estimait simplement que l’attaque était nécessaire pour exécuter un ordre antérieur. Dimanche soir, Donald Trump a déclaré que son ministre de la Défense affirmait "ne pas avoir ordonné le meurtre de ces deux hommes", ajoutant le "croire à 100 %". Mais la Maison-Blanche a confirmé lundi que Pete Hegseth avait autorisé l’amiral Frank Bradley, le commandant des opérations spéciales de l’armée américaine, "à mener ces frappes cinétiques".
Des critiques dans le camp républicain
Devant la gravité des faits, même les présidents républicains des commissions du Sénat et de la Chambre ont dit soutenir l’ouverture d’une enquête parlementaire. Les sénateurs Roger Wicker (Mississippi), président républicain de la commission des forces armées, et Jack Reed (Rhode Island), principal démocrate de cette commission, ont indiqué vendredi soir avoir "orienté les demandes d’informations" vers le ministère de la Défense. "Une avancée notable de la part des élus républicains, qui ont passé une grande partie de l’année à s’en remettre à Donald Trump et à s’abstenir de tout contrôle sur ses actions", souligne leNew York Times.
"Les gens sont très préoccupés par la manière dont ces frappes ont été menées", a dit lors d’une émission sur CNN le député républicain Mike Turner. Et le sénateur démocrate Chris Murphy de renchérir : "Les républicains comme les démocrates en viennent à la conclusion qu’il s’agissait d’un acte illégal et profondément immoral". Le sénateur démocrate Mark Kelly, ancien pilote de chasse, appelle lui aussi à faire toute la lumière sur l’affaire.
La polémique survient alors que Donald Trump accroît la pression sur Caracas. Lundi, il a réuni son Conseil de sécurité nationale après avoir annoncé la fermeture totale de l’espace aérien vénézuélien et évoqué de futures opérations, en mer comme sur terre. Sur le plan intérieur, le New York Times estime que l’intransigeance de Pete Hegseth devient un "handicap croissant" pour Trump, rappelant que cet allié avait déjà survécu à des fuites de conversations Signal en mai 2025. Un passif qui pourrait désormais peser plus lourd, à mesure que la crise s’envenime.
Une rédaction qui empeste la fumée, son sol recouvert de fumier, ses murs tagués d’insultes. Et des menaces de mort scandées à visage découvert : "Journalistes terroristes, vous êtes les premiers sur la liste", "Tuez les journalistes". La scène s’est déroulée à Turin, le 28 novembre, dans les locaux de La Stampa, grand quotidien italien de centre droit. Une centaine de casseurs ont envahi et saccagé la rédaction, sous prétexte d’une manifestation propalestinienne et de l’arrestation d’un imam égyptien, menacé d’expulsion après avoir défendu les attaques terroristes du 7-Octobre. Mais il ne s’agit ici aucunement de défendre les Palestiniens : c’est une attaque pure et simple contre la liberté, contre la liberté de la presse et contre la liberté d’expression.
Un souvenir des "années de plomb"
Ces méthodes et ces slogans rappellent les heures sombres de l’Italie quand, dans les années 1970, les Brigades rouges, des miliciens d’extrême gauche, menaçaient et assassinaient policiers, magistrats et journalistes. "Un héritage dont ces jeunes n’ont même pas conscience, ce qui fait froid dans le dos", écrit Andrea Malaguti, le directeur de La Stampa, qui a bien connu ces "années de plomb" italiennes.
"Nous aimerions rappeler à ces jeunes, à peine sortis du lycée, cette décennie folle et meurtrière, qu’ils comprennent à la fois où peuvent mener ces dérives et combien ils ont de la chance de vivre dans une période paisible dans laquelle ils peuvent faire ce qu’ils souhaitent : manifester, être en colère, réclamer, protester, poursuit cette figure du journalisme italien. Mais pas ça, pas ce qu’ils ont fait vendredi : il n’y a ni raisons, ni justification, ni légitimité. Ce qu’ils ont fait, c’est juste de la saloperie contre-productive." Par chance, ce 28 novembre, la rédaction était presque déserte en raison d’une grève nationale. Mais la prochaine fois ?
Comme une lueur d’espoir, l’ensemble de la classe politique et médiatique italienne s’est rassemblé derrière La Stampa après cette attaque."Notre liberté d’informer est précieuse, nous la défendrons chaque jour", a réagi la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, rejointe sur ce point par l’ensemble de l’opposition.
Le courage d’une rédaction
Mais certains persistent dans l’aveuglement. Ainsi Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l'ONU sur les territoires palestiniens, qui a décrit cette agression comme "un avertissement pour la presse […] qui doit revenir à son rôle et remettre les faits au cœur de son traitement". Une justification indigne de la part d’une représentante de l'ONU, d’une lâcheté inversement proportionnelle au courage des journalistes menacés.
Eux tiennent la première ligne face aux ennemis de la liberté d’expression. Dès lundi 1er décembre, leur quotidien était dans tous les kiosques, avec une couverture sur… les violences en Cisjordanie et "l’agonie de Gaza". "A ces actes de violence, notre journal répondra toujours de la même manière : nous ne céderons pas un centimètre sur nos convictions et nos valeurs, a déclaré son propriétaire, John Elkann. La Stampa est un bastion de liberté et de civilité, elle le restera." L’Express, comme tant d’autres journaux européens, se tient à ses côtés.
"Nous sommes à un point de bascule", annonçait Emmanuel Macron dans la Revue nationale stratégique 2025, qui prévoit une possible nouvelle agression russe sur le sol européen d’ici 2030. Et pourtant, lorsque le chef d’Etat-major des armées rappelle que la France doit "accepter l’idée de perdre ses enfants", la polémique l’emporte sans nuance.
Jean-Luc Mélenchon exprime son "désaccord total" reprochant de "prévoir des sacrifices qui seraient la conséquence de nos échecs diplomatiques".Plus étonnant, Sébastien Chenu, le vice-président du RN, lui, l’accuse "d’alarmisme" tandis que ses lieutenants, racontent sur toutes les antennes que l’arme nucléaire se suffira bien à elle toute seule, au mépris de toutes les études les plus pointues sur la nécessité d’une réponse conventionnelle et hybride.
Au-delà des propos caricaturaux des partis populistes, on voit bien aussi la gêne des milieux politiques traditionnels nourris au slogan tellement compréhensible du "plus jamais ça". Parce que la guerre, c’est la perception concrète et brutale du tragique.
Anesthésiés par le confort du progrès
Pendant deux mille ans d’histoire européenne, de génération en génération, des pères, des fils, des frères sont tombés à la guerre. Or nous vivons depuis quatre-vingts ans en paix sur notre continent, et notre rapport à la mort a profondément changé. Anesthésiés par le confort du progrès et de la prospérité économique, rassurés par le parapluie nucléaire, l’Otan, l’Union européenne et la chute de l’URSS, nous n’avons plus voulu voir ce qui se passait au-delà de nos frontières.
L’utilisation même du mot "guerre" a été vidée de sa substance. Il est devenu un outil de communication, par son utilisation répétée et systématique. Sanitaire, économique, sociale, culturelle… tout est devenu "guerre". En 2020, Emmanuel Macron déclarait six fois, dans le même discours, que nous étions "en guerre" contre un virus.
Un contresens manifeste, si l’on comprend que la guerre véritable, celle qui donne la portée tragique à l’expression, c’est lorsque des citoyens se sacrifient pour leur pays, et non pas l’inverse, comme ce fut le cas pour le Covid ! Mais la guerre n’est plus un horizon lointain, elle est à nos portes sur notre continent et la réaction est nécessaire. Le courage extraordinaire des Ukrainiens le rappelle chaque jour tout comme la détermination intacte de la Russie.
Les pays de l’Est ont compris le message. La Pologne est en pointe dans la mobilisation, la Lettonie et la Croatie ont décidé de réinstaurer le service militaire obligatoire, tandis que d’autres ne l’ont jamais supprimé. La Finlande, qui partage sa plus longue frontière avec la Russie, a fait ce choix. Au-delà des préparations matérielles des stocks d’armement, elle a compris avant tout le monde, qu’à l’heure où le parapluie américain disparaît peu à peu, la sécurité et la souveraineté passent par la formation de ses citoyens à défendre la nation.
Les Français attachés à leur nation
La France doit elle aussi retrouver cette lucidité. Après l’échec du service national universel qui n’a pas trouvé son public, faute de vision claire, Emmanuel Macron annonce enfin un service national militaire volontaire qui cette fois-ci, prend tout son sens. Et voilà une information très intéressante : à rebours des parties extrémistes, les Français, font savoir dans les sondages qu’ils sont près de 86 % à se montrer favorables au retour du service militaire volontaire dont 78 % ont moins de 35 ans !
Voilà qui renverse tous les clichés. Cette génération que l’on disait indifférente et désabusée voit le monde tel qu’il est. Non par goût de la contrainte, mais parce qu’elle perçoit mieux que ses représentants politiques parfois, le basculement dans un monde aux menaces hybrides et complexes. Qu’ils soient d’origines, de confessions ou de milieux différents, les Français expriment avec la même conviction leur attachement à la nation. Voilà une réaction qui invite une nouvelle fois à exiger que les partis de gouvernement reprennent les commandes de la France et renouent avec l’aptitude au commandement pour la défense de la République. Puissent-ils l’entendre avant qu’il ne soit trop tard.
Lorsque Vladimir Poutine reçoit au Kremlin l’émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, il l’invite à discuter autour de sa fameuse table de réunion ovale. D'après les photos, on devine qu'il ne s'assoit pas face à lui dans le sens de la longueur – comme il l’avait fait en 2022 avec Emmanuel Macron, créant une grotesque distance de 6 mètres – mais plus près, dans le sens de la largeur. Autant cajoler un ami personnel de Trump, qui a de surcroît "le plus profond respect" pour le président russe.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, nul ne sait ce que contient précisément le plan de paix pour l'Ukraine présenté le 2 décembre par Witkoff au chef du Kremlin, pour sa sixième visite à Moscou depuis janvier. Mais la réaction de Poutine est prévisible : si le document ne correspond pas exactement à ses attentes, il se montrera inflexible.
Alors que la ligne du leader américain oscille depuis des mois sur le dossier ukrainien (même s’il finit toujours par se ranger du côté de Moscou), le président russe se distingue, lui, par sa constance dans l'intransigeance. Ses objectifs n’ont jamais varié : désarmer l’Ukraine, s’assurer qu’elle n’intégrera jamais l’Otan, et conquérir des territoires. Mais tout en maintenant ses exigences maximalistes, il prend soin de préserver sa relation avec Trump. Son jeu consiste à clamer qu'il veut la paix, mais que les Ukrainiens et les Européens bloquent les négociations. Avec un argument martelé à l'envi : impossible de signer un accord avec un président ukrainien jugé "illégitime".
"Poutine reste persuadé qu’il peut obtenir tout ce qu’il veut"
Pendant ce temps, la Russie poursuit inlassablement son offensive militaire. Qu’importe le nombre effarant de victimes parmi ses soldats ou l’essoufflement de son économie, l'autocrate russe pense que le temps joue pour lui. "Poutine reste persuadé qu’il peut obtenir tout ce qu’il veut, que ce soit par la voie diplomatique, avec l’aide de Trump, ou sur le plan militaire (selon lui, l’Ukraine finira par s’écrouler si l’aide des Occidentaux cesse)", explique Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du centre Russie-Eurasie de l’Ifri.
En attendant, le président russe pose des conditions inacceptables à toute discussion : il exige que les Ukrainiens abandonnent des territoires du Donbass que Moscou n'a pourtant pas réussi à conquérir, tout en refusant à Kiev la moindre garantie de sécurité à l'avenir. A l'orée d'un quatrième hiver de guerre, Poutine ne voit pas l'intérêt de bouger. Aux Européens de le faire changer d'avis.
Les propos du général Mandon devant les maires de France sur les risques de guerre avec la Russie dans les trois ou quatre ans à venir ont suscité de vives réactions, très souvent critiques. Les pacifistes sont aussitôt montés au front. Font-ils preuve d’aveuglement, de mauvaise foi, de déni des réalités ? En tout cas, ils n’ont rien appris de l’Histoire. Que la perspective d’un conflit fasse peur, cela se comprend. Mais il est inutile de se voiler la face : la menace est bien là et les événements en fournissent la preuve de façon quotidienne. Les cris d’orfraie poussés par les oppositions, notamment à gauche, rappellent malheureusement le précédent des années 1930 en France quand une bonne partie de la classe politique refusait de voir les dangers représentés par l’arrivée au pouvoir de Hitler. Résultats : une défaite cinglante en mai-juin 1940, due à l’impréparation de l’armée française, suivie par quatre ans d’occupation et de guerre. Bravo, Messieurs et Mesdames les pacifistes ! Et merci au général Mandon pour la leçon… (L’Europe est en guerre… et ne le sait pas, L’Express du 27 novembre).
Ukraine : rester ferme…
François Faure, Annecy (Haute-Savoie)
Le plan de paix de Trump est totalement irréaliste ! L’Ukraine doit-elle accepter ce plan pro-Poutine et d’être amputée d’une partie de son territoire ? Et si elle le refuse, doit-on l’accuser de vouloir la guerre ? Il est temps que l’Europe réagisse et propose son plan : retrait total de la Russie des territoires occupés, Crimée incluse ; respect du choix de l’Ukraine de rejoindre l’Union Européenne et d’intégrer l’Otan. Poutine le rejettera sans doute, mais c’est lui qui sera responsable de la poursuite de son "opération spéciale." L’Europe doit rester unie et montrer sa détermination contre cet envahisseur. (Comment la Maison-Blanche trahit l’Ukraine, L’Express du 27 novembre).
… ou négocier ?
Paul Perret, Montmorency (Val-d’Oise)
Une guerre slave oppose l’Ukraine, qui n’a pas respecté les accords de Minsk, à la Russie qui l’a agressée sauvagement. La France, plusieurs Etats européens et les Etats-Unis - de façon variable - apportent une aide à l’Ukraine, ce qui est tout à fait légitime. Sur le terrain, l’armée ukrainienne recule, sans être enfoncée. Elle ne peut, cependant, avoir le moindre espoir de reprendre les terres prises par la Russie. Le constat est sévère mais il doit être fait. Pour éviter la destruction de son territoire et arrêter les pertes humaines, l’Ukraine doit très vite négocier l’arrêt des combats. Il ne s’agit pas d’une capitulation, mais d’arriver à une solution assez semblable à celle de la Corée où aucun des 2 pays n’a capitulé. (Ukraine : l’Europe doit envisager l’après-Zelensky, L’Express du 20 novembre).
La charia et les lois de la République
Brahim Dahou, Saint-Etienne (Loire)
Faut-il choisir entre les lois républicaines et la charia islamique quand on est un Français musulman, a récemment demandé un sondage de l’Ifop ? La question me paraît mal posée. Prenons un exemple : la Charia impose de ne pas boire de vin. Or, tant que les Français musulmans n’imposent pas cette pratique aux autres habitants en France, ils respectent à la fois la charia et les lois françaises, qui laissent chacun libre de consommer ou non de l’alcool. Il n’est pas nécessaire de boire de l’alcool pour être un bon Français ! Et l’on peut tenir le même raisonnement à propos de l’interdiction des relations sexuelles avant le mariage. Imposer le Coran aux habitants de France serait d’ailleurs contraire à la charia elle-même puisque les versets traitant de politique ou de justice ne sont applicables que dans un pays majoritairement musulman ! Voilà pourquoi la question posée me paraît inutile. ("La montée de l’islamisme touche toute l’Europe" : le sondage choc de l’Ifop analysé par Ruud Koopmans, sur lexpress.fr).
Retrouvez Julia de Funès en vidéo
"Bienveillance", "inspiration", "horizontalité", "talent"... Ces dernières années, les mots à la mode ont envahi le management et contribué à en brouiller les repères. À travers une série de cinq vidéos produite par L'Express, notre chroniqueuse Julia de Funès revient sur ces termes qui, sous couvert de modernité, compliquent parfois l’essentiel. Chaque lundi jusqu'à Noël, la philosophe, spécialiste des questions de management et de leadership, décortique en deux minutes un vocable à la mode dans les entreprises pour en déconstruire le sens, et donner à réfléchir sur l'évolution du monde du travail. Cette série exclusive, en partenariat avec Amazon, est à retrouver sur le site de Lexpress.fr, tous nos réseaux sociaux, ainsi que nos chaînes YouTube et Dailymotion.
"Les propos du général Mandon devant les maires de France sur les risques de guerre avec la Russie dans les trois ou quatre ans à venir ont suscité de vives réactions, très souvent critiques. A tort", estime l'un de nos lecteurs.
Le président américain Donald Trump a accusé lundi 1er décembre les autorités du Honduras d’essayer de manipuler le résultat de l’élection présidentielle, alors que le candidat qu’il soutient, Nasry Asfura, est au coude-à-coude avec un autre candidat de droite, Salvador Nasralla.
Le premier, ancien maire de Tegucigalpa âgé de 67 ans, devance le second, animateur de télévision de 72 ans, de seulement 515 voix après le décompte numérique de 57 % des procès-verbaux, a déclaré en milieu de journée lundi sur le réseau social X la présidente du Conseil national électoral (CNE). Ce faible écart constitue, compte tenu de la marge d’erreur, une "égalité technique", a indiqué Ana Paola Hall. Elle a demandé "de la patience" aux électeurs, sans préciser quand le dépouillement manuel prendra fin. Il pourrait durer plusieurs jours.
"Les chiffres parleront d’eux-mêmes", a affirmé Nasry Asfura, du Parti national (PN), depuis son quartier général de campagne. Salvador Nasralla, du Parti libéral (PL), se dit en tête avec cinq points d’avance, selon ses projections.
"On dirait que le Honduras est en train d’essayer de changer le résultat de son élection présidentielle. S’ils le font, ils le paieront cher !" a commenté Donald Trump sur son réseau Truth Social, accusant le CNE d’avoir "abruptement cessé de compter" les voix, sans fournir de preuves.
Une chose est sûre, lors du scrutin dimanche, les Honduriens ont sanctionné la gauche dirigée par la présidente Xiomara Castro, qui gouverne l’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine, miné par la violence des gangs, le trafic de drogue et la corruption. Xiomara Castro est arrivée au pouvoir en 2021, plus d’une décennie après le coup d’État contre son époux, Manuel Zelaya, qui s’était rapproché du Venezuela et de Cuba. Tant Nasry Nasralla que Salvador Asfura ont mené campagne sur la peur que le maintien de la gauche conduise le Honduras à devenir un autre Venezuela, pays dans une crise profonde. La candidate de la gauche au pouvoir, l’avocate Rixi Moncada, 60 ans, arrive loin derrière selon les résultats partiels.
Ingérence de Donald Trump
La campagne a été marquée ces derniers jours par l’irruption de Donald Trump, qui a adopté une position interventionniste dans toute la région, n’hésitant pas à conditionner l’aide américaine à la bonne volonté des gouvernements et à ses affinités avec leurs dirigeants. S’agissant du Honduras, le président américain a assuré que "s’il (Asfura) ne remporte pas les élections, les Etats-Unis ne gaspilleront pas leur argent". Il a assuré qu’il "ne pourrait pas travailler" avec Rixi Moncada "et les communistes", et qu’il ne faisait "pas confiance" à Salvador Nasralla. "Tito (Nasry Asfura) et moi pouvons travailler ensemble pour lutter contre les 'narco-communistes' et apporter au peuple du Honduras l’aide dont il a besoin", a affirmé le locataire de la Maison-Blanche.
Le dirigeant républicain a aussi annoncé qu’il gracierait l’ancien président hondurien Juan Orlando Hernandez, qui a gouverné de 2014 à 2022 sous la bannière du parti de Nasry Asfura et purge sur le sol américain une peine de 45 ans de prison pour avoir aidé à expédier des centaines de tonnes de cocaïne vers les Etats-Unis. Cette grâce annoncée va à contre-courant du déploiement militaire de Washington dans les Caraïbes, dans le cadre d’opérations antidrogue visant particulièrement le Venezuela.
Rixi Moncada a dénoncé l’ingérence des Etats-Unis dans le processus électoral, fustigeant samedi lors d’une conférence de presse des "actions totalement interventionnistes" et estimant lundi que son soutien à Nasry Asfura avait été "perçu par la population comme une forme de coercition".
Malgré l’intransigeance persistante de Vladimir Poutine, plus de trois ans après le lancement de l’offensive russe contre l’Ukraine, la Maison-Blanche s’est déclarée, lundi 1er décembre, "très optimiste" sur les chances de parvenir à un accord visant à mettre fin au conflit. Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff ont débuté mardi soir à Moscou des pourparlers sur le plan américain. La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a souligné que le président Donald Trump et son équipe "ont travaillé très dur sur ce dossier et souhaitent tous sincèrement voir cette guerre prendre fin".
Les infos à retenir :
⇒ Si l'Europe veut la "guerre" avec la Russie, "nous sommes prêts", lance Vladimir Poutine
⇒ Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff ont débuté mardi soir à Moscou des pourparlers sur le plan américain
⇒ Une délégation de Kiev pourrait rencontrer en Europe mercredi Steve Witkoff et Jared Kushner
Les pourparlers débutent entre Vladimir Poutine et Steve Witkoff
Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff ont débuté mardi soir à Moscou des pourparlers sur le plan américain visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, peu après des propos menaçants du président russe à l'encontre des Européens.
Une délégation de Kiev pourrait rencontrer mercredi Steve Witkoff et le gendre du président américain, Jared Kushner, en Europe après leurs pourparlers à Moscou, selon une source ukrainienne à l'AFP. L'Ukraine guette avec attention les résultats de cet entretien, le président Volodymyr Zelensky ayant plaidé mardi pour une fin de la guerre et pas "seulement à une pause" dans les combats.
Selon des images de la télévision russe, Vladimir Poutine était flanqué de son conseiller diplomatique Iouri Ouchakov et de son émissaire pour les questions économiques internationales, Kirill Dmitriev. Steve Witkoff était, lui, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner.
Si l'Europe veut la "guerre" avec la Russie, "nous sommes prêts", lance Vladimir Poutine
Le président russe Vladimir Poutine a assuré mardi ne pas souhaiter une guerre avec l'Europe, mais y être "prêt" si les Européens "le souhaitent et commencent", peu avant des consultations avec l'émissaire américain Steve Witkoff à Moscou.
"Nous n'avons pas l'intention de faire la guerre à l'Europe, mais si l'Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant", a lancé Vladimir Poutine aux journalistes, accusant les Européens de vouloir "empêcher" les efforts américains visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. "Les Européens sont vexés d'avoir été écartés des négociations, mais (...) ils se sont écartés eux-mêmes, c'était leur initiative", a poursuivi le président russe. "Ils n'ont pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre", a-t-il ajouté, en marge d'un forum économique.
Il a appelé les dirigeants européens à renoncer à l'"illusion" qu'ils peuvent infliger une "défaite stratégique à la Russie" et à "revenir à la réalité, en se basant sur la situation sur le terrain".
Volodymyr Zelensky accuse la Russie d'utiliser les pourparlers sur l'Ukraine pour "affaiblir les sanctions"
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé ce mardi la Russie d'utiliser les négociations sur l'Ukraine pour tenter "d'affaiblir les sanctions" visant Moscou, au moment où l'émissaire américain Steve Witkoff et le gendre de Donald Trump sont attendus dans la capitale russe. "Les renseignements ukrainiens partageront avec leurs partenaires les informations que nous avons sur les véritables intentions de la Russie et ses tentatives d'utiliser le travail diplomatique comme couverture pour affaiblir les sanctions", a déclaré Volodymyr Zelensky sur Telegram.
L'Ukraine affirme que les combats continuent à Pokrovsk, ville revendiquée par l'armée russe
L'armée ukrainienne a assuré mardi que les combats se poursuivaient à Pokrovsk, un noeud logistique clé pour les forces ukraniennes dans l'Est dont la Russie a revendiqué la capture la veille, après des mois d'intenses attaques. "Les opérations de recherche et d'assaut ainsi que l'élimination de l'ennemi dans les zones urbaines se poursuivent à Pokrovsk", a affirmé dans un communiqué le groupement de l'armée ukrainienne Est, en charge de la zone.
"Le chef de l’état-major Valeri Guerassimov a rendu compte à Vladimir Poutine de la libération des villes de Krasnoarmeïsk (le nom russe de Pokrovsk, ndlr) et de Vovtchansk", a indiqué le Kremlin sur Telegram. Selon le Kremlin, ce rapport a été fait au président russe dimanche soir, mais l’information a été rendue publique lundi. Le ministère russe de la Défense a publié dans la foulée une vidéo présentée comme montrant les soldats russes hissant leur drapeau sur la place centrale de Pokrovsk.
Les attaques nocturnes russes de missiles et de drones en hausse en novembre
La Russie a tiré plus de missiles et de drones lors de ses attaques nocturnes sur l'Ukraine en novembre que durant le mois précédent, selon une analyse de données ukrainiennes réalisée par l'AFP.
Les forces russes ont lancé un total de 5 660 missiles et drones longue portée contre le pays en novembre, une hausse de 2 % par rapport à octobre, d'après une compilation des chiffres fournis chaque jour par l'armée de l'air ukrainienne. Dans le détail, la Russie a envoyé 5 445 drones longue portée et 215 missiles sur l'Ukraine en novembre, ciblant en particulier le réseau énergétique.
La Turquie signale une nouvelle attaque contre un cargo en mer Noire
La Turquie a signalé mardi matin une nouvelle attaque contre un cargo en mer Noire, à 80 milles nautiques de ses côtes, selon la Direction des Affaires maritimes. Le MildVolga 2, naviguant sous pavillon russe selon le site Marine Traffic, "a signalé avoir été attaqué à 80 milles nautiques de nos côtes alors qu'il faisait route de la Russie vers la Géorgie avec une cargaison d'huile de tournesol", indique la DGM sur X, précisant que "les 13 membres d'équipage sont sains et saufs" et que le navire n'avait pas demandé d'assistance.
Ce nouvel incident survient après deux attaques de drones revendiquées par l'Ukraine dans la Zone économique turque, vendredi et samedi, qui ont visé des pétroliers de la "flotte fantôme" russe, sous sanctions occidentales, qui continue d'exporter du pétrole russe. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé lundi une "escalade inquiétante", estimant que "le conflit entre la Russie et l'Ukraine a(vait) clairement atteint une dimension où il menace la sécurité de la navigation en mer Noire".
Première visite officielle de Volodymyr Zelensky en Irlande
Après sa rencontre avec Emmanuel Macron à Paris hier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky se trouve en Irlande ce mardi, pour son premier voyage officiel dans ce pays membre de l’Union européenne et militairement neutre. Selon le Taoiseach (Premier ministre) irlandais Micheál Martin, Volodymyr Zelensky doit s’entretenir mardi avec Micheál Martin et son vice-Premier ministre Simon Harris, et rendra une visite de courtoisie à la nouvelle présidente irlandaise Catherine Connolly, au rôle essentiellement protocolaire.
L’Irlande n’est pas membre de l’Otan mais a un partenariat avec l’Alliance atlantique. Elle maintient une petite force de défense de 8 500 membres, qui participe régulièrement à des opérations de maintien de la paix. Le pays apporte néanmoins un soutien politique marqué à Kiev depuis l’invasion russe de 2022, qui a relancé le débat sur sa neutralité et sa politique de défense.
Avec ses 6 millions d’habitants et un produit intérieur brut de moins de 400 milliards d’euros, le Danemark est un "petit" pays d’Europe. Mais il est grand par la générosité et la constance de son appui à l’Ukraine. Qu’on rapporte l’aide à la population ou à la richesse nationale, aucun autre pays ne débourse autant que le royaume pour épauler la résistance des Ukrainiens. Son soutien militaire cumulé se chiffre à plus de 9 milliards d’euros depuis l’invasion russe de 2022. Par comparaison, selon les données de l’institut d’études allemand KIW qui tient le décompte de toutes les aides versées, la contribution bilatérale de la France arrive péniblement à 6 milliards d’euros…
Le Danemark devance l'Estonie et la Lituanie sur le podium des pays qui ont fourni le plus d'aide en % du PIB et en milliards d'euros.
Pourtant éloignés du champ de bataille, les Danois se sentent pleinement concernés par les combats. Ils ont compris que les petits pays ne peuvent pas survivre libres et prospères dans un monde qui serait livré à la loi de la jungle. Ils savent qu’une défaite de Kiev aurait de lourdes conséquences pour l’autodétermination des peuples de notre continent, pour l’avenir de la démocratie et pour la survie du modèle social dont ils sont si fiers. Le service de renseignements danois est l’un de ceux qui mettent le plus en garde contre la guerre hybride que livre Moscou au mode de vie européen. Et les ambitions prédatrices de Donald Trump sur le Groenland, territoire danois de l’Arctique, ont encore accru la préoccupation des Danois devant l’ensauvagement du monde.
Or, le royaume n’a aucune industrie militaire digne de ce nom ! Mais il n’a pas hésité à céder toute son artillerie (des canons Caesar français) à l’armée ukrainienne. Et ses missiles antinavires de fabrication américaine Harpoon ont fait merveille pour aider les Ukrainiens à défendre leur accès à la mer Noire, artère vitale pour l’exportation de leurs céréales. Les Danois furent encore les premiers à donner à Kiev des avions de combat, en l’occurrence des F-16 américains. Au point que Copenhague a dû renflouer à grands frais son budget de défense pour rééquiper sa propre armée.
Mieux, Copenhague achète des armes directement aux entreprises ukrainiennes pour équiper les unités qui combattent sur le front. Adopté depuis par d’autres alliés (Norvège, Suède, Canada notamment), ce "modèle danois" est efficace, car les armements "made in Ukraine" sont souvent moins coûteux que ceux qui sont produits dans les pays de l’Otan. Un canon automoteur local Bohdana, par exemple, coûte deux fois moins cher qu’un Caesar français et quatre fois moins qu’un Archer suédois.
"Le modèle danois est excellent car il soutient simultanément l’industrie de défense et les forces armées ukrainiennes", observe Mykhailo Samus, directeur du cercle d’études kiévien New Geopolitics Research Network. Copenhague et Kiev ont en outre signé cette année un accord qui permet aux fabricants d’armes ukrainiens d’installer des usines au Danemark, loin des frappes de drones russes. Un rôle pionnier loué par le président Zelensky, qui a souhaité que d’autres pays imitent ces Danois si solidaires.
Les drapeaux de l'Ukraine (à gauche) et du Danemark flottent près du bâtiment Eigtveds Pakhus, qui abrite une partie du ministère danois des Affaires étrangères à Copenhague.
Washington a annoncé lundi 1er décembre être parvenu à un accord avec Londres en vue d'annuler les droits de douane appliqués jusqu'ici aux produits pharmaceutiques britanniques, comme à ceux du reste du monde, en échange d'une hausse de 25 % du prix de médicaments au Royaume-Uni.
L'accord vise à s'assurer, selon le gouvernement américain, que "les patients américains ne payent pas leurs médicaments au prix fort pour subventionner la santé dans les autres pays développés", a pointé le représentant de la Maison-Blanche au Commerce (USTR), Jamieson Greer, cité dans le communiqué.
L'augmentation concerne les médicaments dits "innovants"
L'augmentation des prix concernent les nouveaux médicaments considérés comme "innovants" et dans le cadre des achats réalisés par le NHS, le service de santé public au Royaume-Uni. Selon le communiqué de la Maison-Blanche, Londres s'engage par ailleurs à ne pas compenser cette hausse des prix par une baisse de ceux appliqués sur d'autres produits du catalogues des laboratoires pharmaceutiques.
En échange Washington annule donc les droits de douane sur les produits pharmaceutiques provenant du Royaume-Uni, théoriquement appliqués depuis début octobre comme pour ceux du reste du monde, et s'engage à ne pas en mettre en place de nouveaux à l'avenir.
"Les Américains ne devraient pas faire face au prix du médicament le plus élevé au monde pour les médicaments qu’ils ont aidé à financer", a déclaré dans le communiqué le secrétaire à la Santé Robert Kennedy Jr., cet accord avec le Royaume-Uni renforce l’environnement mondial pour les médicaments innovants et apporte un équilibre longtemps attendu au commerce pharmaceutique des États-Unis et du Royaume-Uni".
Les prix des médicaments aux Etats-Unis figurent parmi les plus élevés au monde et dépassent ceux appliqués chez leurs voisins et en Europe. Selon une étude de la Rand Corporation, les Américains payent ainsi en moyenne 2,5 fois plus cher pour les médicaments sur ordonnance que les Français par exemple, un écart que Donald Trump s'était engagé à réduire.
Le président américain a brandi a plusieurs reprises la menace d'une possible surtaxe douanière de 100 % sur tout médicament breveté importé, à moins que les laboratoires ne construisent des sites de production aux Etats-Unis. Plusieurs laboratoires, dont AstraZeneca et Pfizer, ont signé des accords d'investissements aux Etats-Unis en échange d'un moratoire sur leurs produits importés, le temps que leurs investissements se matérialisent.
Annoncés fin septembre, les droits de douane sur les produits pharmaceutiques sont entrés en vigueur en octobre et doivent progressivement atteindre 100 %. Ils ont cependant été mis en pause dans la foulée, afin de permettre la poursuite des négociations avec les laboratoires et les autres pays. Ceux provenant de certaines régions ou pays, comme l'Union européenne (UE) ne sont cependant pas concernés, l'accord commercial entre Bruxelles et Washington prévoyant que les produits européens ne peuvent pas être taxés au-delà de 15 %.
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre britannique Keir Starmer lors de la signature de l'accord de coopération technologique à Chequers, en Angleterre, lors de la visite d'Etat de Trump le 18 septembre 2025
Quatre ans après l’invasion russe en Ukraine, les femmes sont de plus en plus visibles sur la ligne de front face aux Russes. Depuis le début de l’année 2025, plus de 70 000 femmes se sont enrôlées dans l’armée ukrainienne, en hausse de 20 % depuis 2022, dont 5 500 directement sur le front.
Et depuis l’été, il existe même une unité entièrement composée de femmes, sans hommes, rapporte un long reportage du journal The Washington Post. Il s’agit d’une unité composée de quatre femmes qui "conduisent leur propre véhicule, transportent leur propre équipement, fabriquent leurs propres explosifs et lancent des drones armés le long du front sud-est", précise le journal dont les propos sont étayés par des photos.
Une première
A travers des portraits photo dans les tranchées, vêtues du treillis militaire ou dans leur appartement exigu, habillées en civil, près des zones de combat dans la région de Zaporijjia, le journal américain raconte le quotidien de ces jeunes femmes aux parcours très différents. Daria, 35 ans, ancienne commerciale pour des produits pour bébé dirige ainsi cette équipe féminine composée de quatre autres jeunes femmes : Oleksandra, 24 ans originaire de Kiev et étudiante en art en Suisse ; Tetiana, 22 ans diplômée de journalisme, Viktoriia, 26 ans comptable de la région de l’ouest de Tchernivtsi et Maryna, 23 ans, gymnaste aérienne originaire de Dnipro.
"J’ai décidé de ne pas être une victime, mais d’être un prédateur", déclare auprès du Washington Post Daria, l’ancienne commerciale désormais à la tête de l’unité de dronistes féminines. Avant de former cette unité féminine, les cinq femmes ont d’abord été déployées dans des unités de genre mixte. Mais selon leurs témoignages, beaucoup d’hommes ne supportaient pas d’avoir une femme sur le front. C’est en observant cela, que le chef de l’unité spéciale de drones de la garde nationale, appelée Typhoon, le commandant du Mykhailo Kmytiuk, a compris que le talent de ces jeunes femmes ne prospérait pas comme il devrait. C’est comme ça qu’est née l’idée de la brigade féminine. Une brigade dont l’objectif était de leur donner un espace pour enfin se concentrer sur leur travail, et non sur leur différence de genre.
Rôles évolutifs
Au début de la guerre, lors de la première invasion de la Russie en Ukraine, en Crimée en 2014, une telle unité aurait été inimaginable. Et pour cause : les femmes avaient officiellement été interdites de rôles de combat, l’armée leur attribuant systématiquement des postes de médecins et de cuisinières, ou en tant que travailleuses de bureau. "Absolument toutes les femmes qui voulaient aller au front rencontraient des problèmes, rappelle Olena Bilozerska, ancienne journaliste ayant combattu dans le Donbass au sein d’une unité de volontaires auprès du journal Les Échos. Dans l’armée régulière, elles étaient cantonnées à des postes non-combattants, même lorsqu’elles servaient en réalité comme snipers ou mitrailleuses".
Pour changer de paradigme, des réformes ont été entamées en 2016 concernant le rôle des femmes dans la guerre. Et c’est en 2022, l’année où la Russie a lancé son invasion à grande échelle, que l’Ukraine a levé toutes les restrictions qui avaient empêché les femmes d’occuper les mêmes rôles d’officiers militaires que les hommes. Désormais, en plus de pouvoir combattre comme les hommes, les femmes ont aussi les portes ouvertes pour intégrer des unités de prestige comme celles des drones. Les drones, considérés comme l’arme la plus efficace dans cette guerre, sont devenus indispensables sur le front. Alors, tous ceux qui savent les piloter, hommes ou femmes, semblent indispensables. L’entrée des femmes dans une telle spécialité illustre à la fois l’adaptation de l’armée ukrainienne aux réalités technologiques de la guerre moderne, et une intégration plus affirmée, soulignait au mois de septembre le journal Les Échos qui relatait déjà l’apparition de la brigade. "Nous ne gagnerons pas cette guerre sans femmes", conclut la commandante de l’unité de dronistes, Daria auprès du Washington Post.
"Taxons les riches !" Le slogan démagogique rebondit à travers l’Europe. La gauche française en rêve, la gauche britannique le fait : le budget que vient de présenter à Londres la chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, prévoit plus d’impôts sur les entreprises et les propriétaires, plus de dépenses sociales, plus de dettes. En deux ans, le gouvernement travailliste le plus à gauche depuis un demi-siècle aura alourdi la pression fiscale de l’équivalent de 75 milliards d’euros et accru les dépenses de 90 milliards d’euros. Le déficit budgétaire dépasse les 5 % du produit intérieur brut et la dette publique, selon le Fonds monétaire international, atteint 103 % du PIB.
Il y a près d’une décennie, les partisans du Brexit avaient vendu aux électeurs la sortie de l’Union européenne comme un moyen de "reprendre le contrôle" sur les frontières du pays et de renouer avec l’essor économique dans une Angleterre libérale qui deviendrait une "Singapour-sur-Tamise". L’inverse s’est passé ! L’immigration a atteint un record historique en 2023 ; le poids de l’Etat ne cesse d’enfler ; l’économie est mise sous tutelle.
L’attractivité de la Confédération
L’appel à taxer les riches, en revanche, a échoué en Suisse. Dimanche 30 novembre, la population a repoussé lors d’une votation (référendum), par 78 % des suffrages exprimés, le projet proposé par le parti socialiste d’imposer à 50 % l’héritage des plus fortunés. L’objectif affiché était de financer la lutte contre le réchauffement climatique. Mais la mesure aurait surtout réduit l’attractivité de la Confédération, au moment où la compétition mondiale pour attirer les plus nantis bat son plein : Dubaï, Hongkong ou Singapour, par exemple, leur déroulent le tapis rouge. L’Italie elle aussi a fait venir nombre d’entre eux à Milan en leur proposant des incitations fiscales avantageuses – que le gouvernement de Giorgia Meloni a cependant décidé de réduire l’an prochain.
Comme les Britanniques, les Suisses n’appartiennent pas à l’Union européenne mais leur pays, contrairement au Royaume-Uni, est plutôt bien géré. Leur dette publique nationale ne représente que 37 % du PIB. Et surtout, de votation en votation, les citoyens helvétiques font preuve d’une maturité exemplaire. Eux savent bien que la croissance ne se décrète pas mais qu’elle s’encourage en favorisant la hausse de la productivité, l’innovation ou encore la flexibilité. Ils préfèrent augmenter le gâteau avant de débattre de son partage. Le pays évolue dans un cercle vertueux.
A l’opposé, le gouvernement de Londres a fait fuir des milliers de grandes fortunes en abolissant au printemps dernier le statut fiscal privilégié dont jouissaient ceux qui résidaient au Royaume-Uni mais déclaraient un domicile principal à l’étranger. Son nouveau budget va derechef peser sur la croissance, aggraver le marasme et faire le lit des populistes. Les sondages documentent déjà depuis quelques mois l’attirance des électeurs pour les extrêmes et leurs recettes miracles. Ils placent les nationaux populistes loin devant les Conservateurs à droite et les Verts et leur ligne radicale au coude à coude avec les Travaillistes à gauche. Le cercle vicieux est enclenché.
La victime est la croissance économique
Lors de la grande crise du début des années 2010, les pays les plus affectés étaient périphériques : la Grèce, l’Irlande, le Portugal… Aujourd’hui, les plus vulnérables sont les trois principales puissances européennes, celles qui prétendent orchestrer la résistance de l’Europe face à l’impérialisme de Vladimir Poutine. La France et le Royaume-Uni peinent le plus mais l’Allemagne, bien qu’elle soit plus solide qu’eux, est atteinte en réalité des mêmes maux. L’incapacité à mener des réformes structurelles depuis maintenant plus de vingt ans et les blocages politiques assombrissent l’horizon à Berlin. Comme leurs homologues de Paris ou de Londres, les politiciens allemands préfèrent augmenter les impôts ou accentuer l’endettement plutôt que de tailler dans les dépenses et de toucher à l’Etat providence. La victime est la croissance économique.
Dans ces mêmes trois pays, ce n’est sans doute pas une coïncidence, l’extrême droite piaffe aux portes du pouvoir. Au Royaume-Uni, si des élections avaient lieu aujourd’hui, Nigel Farage et son parti Reform UK les emporteraient sans doute. En France, le Rassemblement national est en tête dans les sondages. A Berlin, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) fait jeu égal, dans certaines enquêtes d’opinion, avec la CDU/CSU du chancelier Merz. Comme quoi le péril politique rime avec la légèreté économique.
Toujours vêtu d’un treillis sombre, Roustem Oumerov se trouve au cœur de la machine diplomatique ukrainienne. Depuis l’été 2025, l’ancien ministre de la Défense ukrainien, un homme bedonnant aux cheveux rasés âgé de 43 ans, occupe un poste stratégique : secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense (NSDC), véritable état-major politique de Volodymyr Zelensky. Ces derniers jours, il a remplacé Andriy Yermak à la tête de la délégation ukrainienne lors des discussions exploratoires menées avec Washington, dans l’espoir d’esquisser les contours d’une paix avec Moscou alors que Kiev cherche à consolider ses positions militaires tout en maintenant le soutien de ses alliés. Ce "réformateur pragmatique" comme l’écrit La Libre est devenu l’un des hommes les plus écoutés de Kiev.
Musulman pratiquant, issu de la minorité tatare de Crimée, Roustem Oumerov incarne une trajectoire singulière dans une élite politique dominée par les figures issues de l’Ouest du pays. Sa famille, déportée en Ouzbékistan sous Staline, regagne l’Ukraine à la fin des années 80. Il suit ensuite des études d’économie à Kiev et entame une carrière dans les télécommunications. Il débute en 2004 chez l’opérateur mobile Lifecell, puis cofonde en 2013 un fonds d’investissement, Astem. A ce moment-là, il mêle carrière entrepreneuriale et activisme au sein des instances représentatives des Tatars de Crimée, et devient conseiller du leader historique de la communauté, Mustafa Djemilev.
Puis, son entrée à la Rada (le parlement ukrainien) en 2019, sous l’étiquette du parti réformiste Holos (Voix), lui donne une visibilité nationale. Celui qui parle ukrainien, russe, anglais et turc devient l’un des interlocuteurs privilégiés des chancelleries occidentales. Pendant les premières semaines de l’invasion russe, en 2022, Roustem Oumerov a fait partie de la délégation ukrainienne négociant directement avec Moscou, puis a participé aux pourparlers visant, sous l’égide d’Ankara et de l'ONU, à débloquer les exportations céréalières de Kiev via la mer Noire.
Salué pour ces talents de négociateur
Cette même année, Volodymyr Zelensky lui confie le Fonds de la propriété d’Etat, au cœur du programme de privatisations. Roustem Oumerov y supervise une vague de ventes d’actifs publics saluée pour sa transparence. De quoi justifier sa nomination, un an plus tard, comme ministre de la Défense. A l’époque, ce Tatar de Crimée devient le premier membre de sa communauté à occuper un poste régalien d’une telle ampleur. Roustem Oumerov promet alors une réorganisation profonde du système d’achats militaires et défend la création d’une agence indépendante alignée sur les standards de l’Otan.
A mesure que ses responsabilités s’accroissent, son rôle diplomatique se renforce. En 2025, il multiplie les déplacements discrets entre Ankara, Washington et Riyad. A l’issue des pourparlers en Arabie saoudite, en mars, un membre de la délégation ukrainienne, Pavlo Palisa, s’était déclaré "très impressionné" par les talents de négociateur de l’ex-ministre. "Son anglais parfait et son charme oriental font des merveilles", a déclaré cet ancien commandant de l’armée très respecté et actuellement chef adjoint de l’administration présidentielle ukrainienne.
Cette montée en puissance explique aussi l’attention suscitée par son nom lorsqu’il est entendu fin novembre dans l’enquête anticorruption visant l’opérateur public du nucléaire Energoatom. Roustem Oumerov a été entendu en tant que témoin, sans qu’aucune accusation ne soit formulée à son encontre. Un épisode qui alimente toutefois le doute au sein de la société ukrainienne et pourrait éroder le crédit d’un responsable jusque-là perçu comme l’un des symboles de la réforme. Il intervient aussi à un moment sensible pour Kiev, qui s’efforce de prouver à ses alliés que la transformation de l’État reste possible, tout en continuant la guerre face à la Russie.
Roustem Oumerov, secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense (NSDC), occupe une place stratégique dans les négociations autour de la paix en Ukraine.
Ce dimanche 30 novembre, en Floride, il n’était pas sur la photo. Rattrapé par les soupçons de corruption qui pèsent sur lui, Andriy Yermak ne mènera plus les négociations, côté ukrainien, pour mettre fin à la guerre contre la Russie. Mais si elle a provoqué un séisme à Kiev comme dans les chancelleries européennes, la démission du puissant directeur de cabinet de Volodymyr Zelensky n’est pas forcément une mauvaise nouvelle, explique Oleksandr Merejko, député de la majorité : "Cette décision renforcera la confiance des citoyens et de nos partenaires occidentaux", confie-t-il à L’Express.
Nombre des partenaires occidentaux n’appréciaient en effet guère Yermak, accusé d’avoir marginalisé le ministère des Affaires étrangères et écarté son ancien chef, respecté et populaire, Dmytro Kouleba. Arrivé au pouvoir en 2020, sans expérience politique, Andriy Yermak négligeait souvent les règles protocolaires et privilégiait les relations personnelles. Il s’était notamment rapproché du conseiller américain à la sécurité nationale de Joe Biden, Jake Sullivan, une proximité mal perçue par la future administration Trump, qui le jugeait trop partisan.
Si l’opposition se réjouit de ce départ, certains élus craignent toutefois que Yermak ne continue à tirer les ficelles dans l’ombre. "Son départ ne suffira pas à briser la verticale de corruption. Sans changement de système, il n’y aura pas de transformation en profondeur, seulement un renouvellement de visages", assène le député d'opposition Volodymyr Ariev, du parti de l'ancien président Petro Porochenko, qui plaide pour une refonte totale du pouvoir : "Il faut poursuivre les purges au sein du bureau du président et relancer le gouvernement sur la base d’une coalition, afin qu’il soit composé de professionnels plutôt que de fidèles à la présidence."
Des manifestants ukrainiens brandissent des pancartes anti-corruption visant le président Volodymyr Zelensky, à Kiev le 22 novembre 2025
Plusieurs formations d’opposition réclament un cabinet d’union nationale, mais leur faible poids parlementaire les empêche d’imposer un tel exécutif. Mais déjà, cette séquence politique a laissé des traces à la Rada. Suite aux révélations sur le scandale Midas, une poignée de parlementaires du parti au pouvoir (majoritaire) Serviteur du peuple a en effet menacé de démissionner, signe d’un malaise grandissant.
Dans le même temps, certains, au sein du camp présidentiel, y voient une opportunité de rééquilibrer les pouvoirs. "À la lumière des derniers événements, les députés, y compris au sein de la majorité, ont pris conscience de leur influence, se félicite le député Oleksandr Merejko. Ces développements renforceront le rôle du Parlement et donneront aux élus un poids accru dans la prise de décision."
Transition périlleuse
Dans un contexte de pénurie de profils expérimentés, reste, maintenant, à remplacer Yermak. Son emprise s’étendait de la diplomatie à la sécurité et la coordination quotidienne de l’appareil d’État, ce qui rend la transition périlleuse. Plusieurs noms circulent, comme celui de la Première ministre Ioulia Svyrydenko ou du ministre de la Défense, Denys Chmyhal, ce qui impliquerait une recomposition du gouvernement ou la nomination d’une nouvelle figure à ces postes clés - deux entreprises politiquement risquées. D’autres rumeurs évoquaient Oksana Markarova, ancienne ambassadrice d’Ukraine aux États‑Unis, saluée pour sa compétence, mais elle a refusé le poste. Dimanche, Zelensky l’a finalement nommée conseillère chargée de la Reconstruction et de l’Investissement. "Selon certaines sources, le président souhaiterait confier le poste à un militaire", rapporte le politologue Volodymyr Fessenko, qui cite notamment Pavlo Palisa, adjoint du chef de l’administration présidentielle chargé de la politique de défense depuis 2024, un ancien officier discret mais très respecté.
Quel que soit le profil choisi, le remplacement de Yermak devrait changer le cœur du système, et notamment la façon de gouverner de Zelensky, estime Oleksandr Merejko : "Son successeur sera certainement une figure plus technique que politique. À la fin, le processus de décision pourrait devenir plus distribué, et à certains égards, plus démocratique." Et renforcer par là même la confiance des Ukrainiens dans leurs institutions politiques.
Officiellement, l’objectif était de trouver une issue à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Mais derrière le plan de paix américain, un projet en 28 points présenté il y a dix jours et rédigé sans les alliés européens de Kiev, une autre logique apparaît selon leWall Street Journal : celle d’un deal économique inédit entre Washington et Moscou, au grand dam de l’Europe. Objectif pour le Kremlin : sortir l’économie russe, d’une valeur de 2 000 milliards de dollars, de l’isolement.
Tout a commencé loin des chancelleries, sur les rives de Miami Beach. Le mois dernier, trois hommes se sont réunis dans une villa avec un ordinateur portable : Steve Witkoff, promoteur immobilier devenu l’émissaire de Donald Trump, Kirill Dmitriev, ex-patron du fonds souverain russe et négociateur choisi par Vladimir Poutine, et Jared Kushner, le gendre du président américain. Si ces cadres se voulaient loin du faste de la Maison-Blanche, c’est là que s’est écrit l’essentiel du plan de paix américain.
Pour Kirill Dmitriev, l’idée est simple : transformer l’après-guerre en opportunité économique. En cas d’accord, les entreprises américaines pourraient accéder en priorité aux 300 milliards de dollars d’actifs russes gelés en Europe, et financer une reconstruction de l’Ukraine menée depuis Washington.
Moscou, un marché à conquérir pour Washington
A plus long terme, plusieurs projets sont évoqués selon le WSJ : exploitation des ressources minières dans l’Arctique, investissements énergétiques et, dans une version plus ambitieuse encore, coopération spatiale entre SpaceX et le secteur spatial russe - jusqu’à une mission conjointe vers Mars. Un comble quand on sait que les industries spatiales rivales des Etats-Unis et de la Russie s’étaient livrées à une véritable course pendant la Guerre froide.
Selon des responsables occidentaux, repris par le WSJ, le Kremlin travaille depuis des mois à contourner les canaux institutionnels américains pour proposer à l’administration Trump une relecture complète de la relation bilatérale : moins géopolitique, plus commerciale. Autrement dit, que la Russie ne soit considérée non plus comme une menace militaire, mais comme un marché à conquérir - avec un avantage stratégique pour les Etats-Unis sur leurs alliés européens.
"En proposant des contrats de plusieurs milliards de dollars dans le secteur des terres rares et de l’énergie, Moscou pourrait redessiner la carte économique de l’Europe, tout en semant la discorde entre l’Amérique et ses alliés traditionnels", souligne le Wall Street Journal.
Face à Kirill Dmitriev, Steve Witkoff et Jared Kushner ont semblé réceptifs, leur vision rejoignant sans surprise celle de leur président, Donald Trump. Déjà dans les années 80, l’ex-magnat de l’immobilier défendait l’idée que les frontières importaient moins que la capacité à faire des affaires. Il avait proposé de négocier personnellement une fin rapide de la Guerre froide tout en construisant ce qu’il présentait aux diplomates soviétiques comme une "Trump Tower" en face du Kremlin, avec le régime communiste comme partenaire commercial.
"C’est un plan d’affaires"
Lorsqu’une version préliminaire du plan en 28 points a fuité, elle a immédiatement suscité des protestations. Des responsables européens et ukrainiens y ont vu une reprise directe de la position russe, ignorant largement les exigences de Kiev. La Maison-Blanche a tenté de temporiser, affirmant alors qu’aucune décision n’était prise. Mais les doutes persistent. "Ce n’est pas un plan de paix, c’est un plan d’affaires", a tranché Donald Tusk, le Premier ministre polonais.
A noter que plusieurs proches de Vladimir Poutine - des oligarques sanctionnés, issus notamment de Saint-Pétersbourg - auraient envoyé des émissaires frapper discrètement aux portes d’entreprises américaines pour évoquer investissements et exploitation des terres rares. Toujours selon le Wall Street Journal, des discussions existeraient également autour d’un éventuel retour d’Exxon Mobil dans le gigantesque projet gazier de Sakhaline, sous réserve d’un feu vert politique. A croire que Donald Trump espère que la paix pourra rapporter gros.
Alors que Kiev est confrontée à une progression militaire de Moscou à l’est, et que le pays est secoué par un grave scandale de corruption, des délégations ukrainienne et américaine ont négocié plusieurs heures, dimanche 30 novembre, en Floride. Après ces pourparlers qualifiés de "productifs", le président Donald Trump a affiché son optimisme : "Je pense que la Russie aimerait que cela se termine, et je pense que l’Ukraine, je sais que l’Ukraine aimerait que cela se termine", a-t-il lancé à bord d’Air Force One. Volodymyr Zelensky, de son côté, est reçu ce lundi 1er décembre à l'Elysée par Emmanuel Macron.
Les infos à retenir
⇒ Volodymyr Zelensky souhaite des pourparlers avec Donald Trump sur les "questions clé"
⇒Un plan de paix ne peut être "finalisé" qu'avec l'Ukraine et les Européens "autour de la table", dit Emmanuel Macron
⇒ L’émissaire américain Steve Witkoff rencontrera Vladimir Poutine à Moscou mardi
La Maison-Blanche se dit "très optimiste" sur les chances d'un accord
La Maison-Blanche s'est déclarée lundi "très optimiste" sur les chances de parvenir à un accord visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, alors que les négociations avec Moscou et Kiev s'intensifient. "Je pense que l'administration est très optimiste", a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, ajoutant que Donald Trump et son équipe "ont travaillé très dur sur ce dossier et souhaitent tous sincèrement voir cette guerre prendre fin".
Volodymyr Zelensky souhaite des pourparlers avec Donald Trump sur les "questions clé"
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé lundi souhaiter s'entretenir avec Donald Trup sur les "questions clé" du plan américain visant à mettre fin à la guerre avec la Russie, les qualfiant d'"assez difficiles".
"Nous espérons une conversation avec le président des Etats-Unis sur les questions clés qui sont assez difficiles", a déclaré Volodymyr Zelesnky lors d'une conférence de presse avec le président français Emmanuel Macron. Selon lui, le sujet "le plus difficile" est celui du sort réservé aux territoires occupés par la Russie en Ukraine, qui constituent près de 19 % du pays. La Russie revendique l'annexion de quatre régions de l'est et du sud de l'Ukraine qu'elle occupe partiellement. Elle réclame pour cesser les hostilités que les troupes de Kiev se retirent.
Volodymyr Zelensky a aussi prévenu que rien ne devrait permettre à la Russie de considérer son invasion de l'Ukraine comme une récompense. "Pour préparer une véritable sécurité, nous devons également veiller à ce que la Russie elle-même ne perçoive rien qu'elle pourrait considérer comme une récompense pour cette guerre", a déclaré le dirigeant ukrainien qui a aussi accusé la Russie d'intensifier ses frappes de drones et missiles sur son pays pour "briser les Ukrainiens".
"Nous constatons une augmentation des frappes de missiles et de drones. C'est une forte pression, non seulement psychologique mais aussi physique sur notre population, simplement pour briser les Ukrainiens", a-t-il dénoncé, alors que des zones résidentielles et infrastructures subissent des attaques russes quotidiennement.
Un plan de paix ne peut être "finalisé" qu'avec l'Ukraine et les Européens "autour de la table", dit Emmanuel Macron
Un plan de paix entre la Russie et l'Ukraine ne peut être finalisé qu'avec Kiev et les Européens "autour de la table", a déclaré lundi Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse avec son homologue Volodymyr Zelensky à Paris.
"Il n'y a pas aujourd'hui à proprement parler un plan qui soit finalisé. Sur la question des territoires, il ne peut être finalisé que par le président Zelensky", a déclaré le président français alors que "des médiateurs américains vont se déplacer à Moscou dans les prochaines heures". "Sur la question des actifs gelés, des garanties de sécurité, de l'accession à l'Union européenne, des sanctions européennes, (ce plan) ne peut être finalisé qu'avec les Européens autour de la table. Donc nous sommes encore à une phase préalable", a-t-il ajouté.
Le chef d'Etat a également dit refuser de "donner des leçons" à l'Ukraine, secouée par une affaire de corruption qui éclabousse son gouvernement, estimant que "la vraie dictature" était du côté russe plutôt qu'à Kiev. "Nous sommes très vigilants", "comme on donne de l'argent, comme on soutient un effort de guerre, il est normal qu'on soit exigeant", a déclaré le président français.
"Mais je constate qu'en tout cas, la lutte contre la corruption fonctionne puisqu'il y a des décisions qui sont ouvertes et des décisions aussi politiques qui sont prises", a-t-il ajouté, avant de lancer : "Vous n'avez jamais ce type de décision du côté russe, parce que la vraie dictature est là".
Le chancelier Friedrich Merz refuse une "paix dictée" à l'Ukraine
Les Européens s'opposeront à une "paix dictée" à l'Ukraine, a affirmé lundi le chancelier allemand Friedrich Merz, à la veille de négociations prévues entre l'émissaire américain de Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine.
"Nous suivons une ligne claire : aucune décision concernant l'Ukraine et l'Europe sans les Ukrainiens et sans les Européens, aucune paix dictée dans le dos de l'Ukraine, aucun affaiblissement ou division de l'Union européenne et de l'Otan", a déclaré le dirigeant allemand après une réunion par téléphone avec ses homologues ukrainien, français, britannique et polonais notamment.
Des négociations qui risquent surtout de faire peser toute la pression sur l'Ukraine, selon la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas. "Je crains que toute la pression soit exercée sur le côté le plus faible, car la reddition de l'Ukraine, c'est la manière la plus facile de mettre fin à cette guerre", a-t-elle déclaré à l'issue d'une réunion à Bruxelles des ministres de la Défense de l'UE.
"Si nous voulons que cette guerre s'arrête, mais qu'elle ne reprenne pas dans quelques années, si nous voulons que cette guerre ne s'étende pas, alors nous devrions mettre toute la pression sur celui qui est l'agresseur, c'est-à-dire la Russie", a-t-elle encore affirmé.
Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron ont eu un échange avec le négociateur américain Steve Witkoff
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue français Emmanuel Macron, réunis lundi à Paris, ont eu un échange avec l'émissaire américain de Donald Trump, Steve Witkoff, et le négociateur ukrainien Roustem Oumerov, qui étaient de leur côté en pleines discussions en Floride, a annoncé l'Elysée.
Les deux chefs d'Etat se sont par ailleurs entretenus "successivement", avec le Premier ministre britannique Keir Starmer et "plusieurs dirigeants européens" d'Allemagne, de Pologne, d'Italie, de Norvège, de Finlande, du Danemark et des Pays-Bas, ainsi qu'avec les présidents des institutions européennes Antonio Costa et Ursula von der Leyen, et le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte.
L'émissaire américain Witkoff en discussion avec le négociateur ukrainien en Floride
L'émissaire américain Steve Witkoff mène lundi en Floride des pourparlers avec le négociateur ukrainien Roustem Oumerov, au lendemain de négociations entre leurs délégations sur le plan de Washington visant à mettre fin à la guerre avec la Russie.
"Oumerov et Witkoff sont en réunion à nouveau en ce moment même", ont indiqué à l'AFP des sources au fait du dossier, précisant qu'il "reste encore des questions" à discuter. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit voir Roustem Oumerov mardi en Irlande, tandis que Steve Witkoff est attendu le même jour à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine.
L'armée russe réalise en novembre sa plus grosse progression depuis un an
L'armée russe a réalisé en novembre sa plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP). En un mois, la Russie a pris 701 km2 aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022, quand la ligne de front était très mobile.
Fin novembre, l'armée russe occupait 19,3 % du territoire ukrainien. Quelque 7 %, la Crimée et des zones du Donbass, étaient déjà contrôlés par Moscou avant le début de l'invasion russe de février 2022. La superficie des terres conquises comprend les zones contrôlées par la Russie, selon Kiev et des observateurs militaires, ainsi que celles que revendique l'armée de Moscou.
Depuis le début de l'année, la Russie a gagné près de 5 400 km2 de terrain en Ukraine, pas loin de 2 000 km2 de plus que sur la même période l'année précédente. En novembre, la progression russe a pourtant continué de ralentir dans la région de Donetsk, épicentre des combats entre les deux camps et dont la cession par Kiev à Moscou figurait dans le plan originel des États-Unis pour mettre fin à la guerre. Moscou y a gagné quelque 130 km2 le mois dernier, contre plus du double en moyenne sur les autres mois de l'année, dans cette région de l'est de l'Ukraine que le Kremlin contrôle désormais à plus de 81 %.
Là-bas, les troupes de Moscou combattent entre autres actuellement pour la prise de la ville de Pokrovsk, une position clé dont la perte affecterait significativement les défenses et la logistique ukrainiennes. C'est en revanche dans la région de Zaporijjia (sud) que les forces russes ont le plus progressé en novembre avec un gain de 272 km2, autant que sur les quatre mois précédents cumulés, tandis que dans celle de Dnipropetrovsk (centre-est), elles ont grignoté presque 200 km2 de terrain.
L'émissaire américain Steve Witkoff rencontrera Vladimir Poutine mardi après-midi à Moscou
L'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, rencontrera mardi après-midi le président russe Vladimir Poutine à Moscou, afin de poursuivre les discussions autour du plan américain visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, a annoncé le Kremlin lundi. "La rencontre avec Witkoff est prévue demain", a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien auquel participait l'AFP. La réunion, a-t-il précisé, aura lieu "en deuxième partie de journée".
Un haut responsable américain avait confirmé dimanche le départ pour la Russie de Steve Witkoff ce lundi.
Quatre morts et 22 blessés dans une frappe de missile russe sur Dnipro
Au moins quatre personnes ont été tuées et 22 autres blessées dans une frappe de missile russe lundi sur Dnipro, grande ville du centre-est de l'Ukraine, selon un nouveau bilan officiel. "Il y a déjà quatre morts à Dnipro" et 22 blessés, a indiqué sur Telegram le gouverneur Vladyslav Gaïvanenko. Un précédent bilan faisant état de trois morts et 15 blessés. L'attaque, survenue autour de 10h30 locales (9h30 heure française), a endommagé une station-service et des entreprises, ont précisé dans un communiqué les services de secours (DSNS).
La Russie multiplie ses frappes sur l'Ukraine en dépit des négociations menées par les Américains dans un effort pour mettre fin à la guerre entre Kiev et Moscou déclenchée par l'invasion russe de l'Ukraine, il y a bientôt quatre ans. Dnipro est une des plus grandes villes d'Ukraine et comptait près d'un million d'habitants avant l'invasion russe à grande échelle lancée en février 2022.
La semaine à venir s'annonce "cruciale", dit Kaja Kallas
La semaine qui s'ouvre s'annonce "cruciale" pour l'Ukraine, a affirmé ce lundi la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas, avant le début d'une réunion des ministres de la Défense de l'UE à Bruxelles.
"Cela pourrait être une semaine cruciale pour la diplomatie", a-t-elle affirmé devant la presse. "Nous avons entendu hier que les discussions en Amérique étaient difficiles mais productives. Nous ne connaissons pas encore les résultats, mais je parlerai aujourd'hui au ministre de la défense de l'Ukraine ainsi qu'au ministre des affaires étrangères de l'Ukraine", a-t-elle ajouté.
Interrogée sur sa confiance dans les Etats-Unis pour arrêter la guerre en Ukraine, Kaja Kallas n'a pas directement répondu, soulignant en revanche l'importance que les Européens soient partie prenante des discussions en cours. "Les Ukrainiens sont seuls" aux réunions organisées aux Etats-Unis, alors que "s'ils étaient avec les Européens, ils seraient certainement beaucoup plus forts. Mais je fais confiance aux Ukrainiens pour se défendre eux-mêmes", a-t-elle affirmé, appelant de nouveau à soutenir l'Ukraine.
Donald Trump optimiste sur un accord Ukraine-Russie, son chef de la diplomatie reste prudent
Donald Trump a estimé dimanche qu’il y avait "de bonnes chances" pour un accord mettant fin au conflit entre la Russie et l’Ukraine, après des pourparlers entre Washington et Kiev, à l’issue desquels son chef de la diplomatie Marco Rubio est resté bien plus prudent. Qualifiées de "productives" par les deux délégations américaine et ukrainienne, ces négociations menées en Floride autour du plan dévoilé il y a dix jours par les Etats-Unis, mais jugé trop favorable à Moscou les Ukrainiens et les Européens, n’ont pas accouché d’annonce majeure.
"Il reste encore du travail", a averti le secrétaire d’Etat Marco Rubio, après cette rencontre. Une source proche de la délégation ukrainienne a confié à l’AFP que ces discussions n’étaient "pas faciles". Cela n’a pas empêché le président américain d’afficher son optimisme, à bord d’Air Force One. "Je pense que la Russie aimerait que cela se termine, et je pense que l’Ukraine, je sais que l’Ukraine aimerait que cela se termine", a déclaré Donald Trump. De son côté, Rustem Oumerov, le négociateur en chef ukrainien envoyé en Floride, a annoncé sur Facebook qu’il avait fait part au président Zelensky de "progrès substantiels".
Donald Trump a par ailleurs rappelé que Kiev n’était pas en position de force, pointant le vaste scandale de corruption qui a conduit Volodymyr Zelensky à limoger son très influent bras droit, Andriy Yermak. "L’Ukraine a quelques petits problèmes difficiles", a critiqué le républicain. "Il y a une situation de corruption, ce qui n’aide pas".
Alors que le temps s’égrène dans les ruines de Gaza et que les derniers corps d’otages peinent à être restitués, l’idée même d’une paix durable apparaît plus que jamais comme un mirage. Le Hamas, fidèle à sa logique de guerre sainte jusqu’au-boutiste, refuse son désarmement - préalable pourtant indispensable à la reconstruction du territoire et à la stabilité régionale. L’Occident se donne bonne conscience à coups de résolutions et de communiqués, mais la reprise des combats paraît inévitable tant que le Hamas persiste à violer ses engagements du plan Trump.
L’impasse n’est pas née du seul fanatisme des uns ni de la résistance des autres. Elle est aussi le fruit d’un enchaînement d’erreurs des nations occidentales — singulièrement de l’Europe, France en tête — qui ont perdu le sens des valeurs qu’elles prétendaient défendre et ont, par faiblesse, permis au Hamas de subsister.
Tout a commencé par une faute de perception. Là où Israël a vécu le 7 octobre 2023 comme une blessure existentielle - une razzia pogromiste d’un autre âge - l’Occident a voulu le replacer dans la grammaire obsolète du "conflit israélo-palestinien". Ce réflexe pavlovien a aplati l’histoire, dilué la tragédie et permis au terrorisme de se redéployer sous les habits d’une prétendue "résistance". Les chancelleries occidentales ont refusé de voir que le 7-Octobre n’était pas qu’un nouvel épisode de barbarie palestinienne, mais l’expression d’une guerre métaphysique : celle que le fanatisme islamiste livre à la civilisation.
Cette guerre, dix ans après les attentats de Paris et la vague de djihadisme qui a frappé l’Europe, l’Occident ne la connaît pourtant que trop bien. Mais l’islamisme, faute d’avoir été combattu pour ce qu’il est, a su troquer la kalachnikov pour le prosélytisme, l’entrisme et le "palestinisme", cette idéologie centrée sur la cause palestinienne. Dans toutes les grandes villes du monde libre, des cortèges défilent au cri de "Free Palestine" non plus pour dénoncer une prétendue "occupation" mais pour contester l’existence même de l’État juif. Et tandis que les synagogues de Paris, Londres ou Berlin doivent être placées sous protection, les chancelleries occidentales parlent de "désescalade", refusant de nommer la haine qui s’exprime aussi bien dans leurs rues que dans celles de Gaza, lorsque les corps d’otages y étaient exhibés comme des trophées de guerre.
Au lieu de nommer le mal, on a préféré le contextualiser. Dès le lendemain des massacres, on parlait de "proportionnalité", de "cessez-le-feu". La prudence diplomatique est devenue une morale de substitution. Dans cette symétrie héritée d’un pacifisme sentimental, le Hamas triomphe symboliquement, il se pare du masque de la victime et retourne la compassion mondiale à son profit, tout en orchestrant la souffrance de la population qui l’a élu.
Puis de la faute morale a découlé la faute politique qui a scellé l’impasse. En septembre 2025, dix États occidentaux, menés par la France, ont reconnu un "État de Palestine" sans condition. Ce geste, présenté comme celui de la "justice", comme une offrande à la paix, a été en réalité un renoncement, où l’Occident a consacré la stratégie du chantage et du sang.
Derrière cet humanisme d’apparat, une realpolitik frileuse : préserver le gaz qatari, ménager Riyad, ne pas froisser Ankara. Dans une Europe minée par les tensions communautaires et la montée d’une haine décomplexée des Juifs, la reconnaissance d’un État palestinien a été conçue comme un anesthésiant social, non comme un projet de paix. En consacrant cet État dans le sillage du plus grand massacre de Juifs depuis la Shoah, l’Occident a envoyé le message le plus dangereux : la violence paie.
Cette faute historique trouve sa logique dans une incompréhension persistante : croire que le conflit israélo-palestinien est territorial. Depuis un siècle, on s’obstine à penser que la paix naîtra d’une ligne tracée sur une carte. Or, les refus des Arabes, puis des Palestiniens, n’ont jamais été géographiques mais ontologiques. Le Hamas, héritier de la collaboration de Mohammed Amine al-Husseini avec les nazis et du rejet arabe de 1947, ne lutte pas pour un État aux côtés d’Israël mais pour un État islamique à sa place. En traitant ce fanatisme comme un nationalisme frustré, l’Occident s’est condamné à proposer des solutions politiques à un mal métaphysique, qui ne pourra être surmonté que par la transformation du regard arabe sur la légitimité du fait juif au Proche-Orient.
Sous la pression des opinions publiques, les gouvernements occidentaux ont abandonné Israël au moment le plus critique de son opération pour détruire le Hamas. Les pauses humanitaires et les cessez-le-feu imposés ont offert au mouvement islamiste le répit nécessaire pour se reconstituer, sans jamais exiger sa reddition. Croyant sauver des vies, l’Occident en a prolongé les souffrances. Ce sont ceux qui se réclament de la paix qui ont, paradoxalement, contribué à la rendre impossible en sortant les terroristes de l’étreinte nécessaire à une résolution définitive du conflit.
En substituant la morale des intentions à la politique des réalités, en plaçant l’émotion au-dessus du discernement, les gouvernements européens ont transformé Gaza en champ d’épreuve de leur propre faillite. Ils ont non seulement validé la stratégie des boucliers humains, mais aussi celle des prises d’otages - avec un Hamas qui séquestre des civils comme gage de sa survie politique, convaincu que l’Occident finira toujours par tordre le bras d’Israël et plaider le compromis au nom d’un humanisme dévoyé.
La faute la plus profonde, enfin, est culturelle : celle d’une civilisation qui ne croit plus en ses propres valeurs, où les nations ne se comportent plus en puissances stratégiques, mais en ONG humanitaires géantes. L’Occident a perdu le courage de nommer l’ennemi, de défendre l’idée qu’une démocratie attaquée a le droit et le devoir de se protéger sans rougir de sa force, lorsque son existence est menacée.
En refusant de penser l’islamisme comme un totalitarisme, il s’est condamné à dialoguer avec l’inhumain. Le Hamas n’est pas un acteur local, c’est une idéologie transnationale, branche palestinienne des Frères musulmans, mue par une théologie de la haine et du martyre. Le traiter comme un interlocuteur raisonnable, c’est réhabiliter le fanatisme sous le masque de la diplomatie. L’islamisme ne négocie pas, il attend. Gaza est devenue le miroir des contradictions occidentales : on y contemple la détresse humaine, mais l’on refuse d’y voir le laboratoire d’une idéologie qui hait tout ce que nous sommes.
En n’établissant aucune condition à la reconnaissance d’un État palestinien, en n’agissant pas pour le démantèlement du Hamas et en délégitimant les opérations israéliennes allant dans ce sens, l’Occident s’est égaré, offrant au mouvement islamiste un répit et un espoir inespéré qui le confortent dans son irrédentisme.
Désormais, comment exiger des terroristes palestiniens qu’ils déposent les armes, alors qu’on vient de les inscrire dans l’ADN d’une nation artificielle à qui l’on a offert, par leur violence, un succès diplomatique historique ? Une fois de plus, l’histoire bégaie, car l’Occident refuse d’apprendre. Une fois de plus, le monde libre cède au chantage de la compassion et trace la route de la prochaine tragédie.
*Arié Bensemhoun est le directeur général d'Elnet France (European Leadership Network), une association vouée au renforcement des liens entre l’Europe et l’Etat d’Israël. Docteur en chirurgie dentaire, il a mené sa carrière dans le secteur privé en tant que conseil en communication stratégique, en affaires publiques et en relations internationales.
Des membres du Hamas et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dans la ville de Gaza, lors d'une opération de recherche de corps d'otage, le 2 novembre 2025.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, a officiellement demandé une grâce présidentielle dans son procès pour corruption, pour mettre fin, selon lui, aux divisions suscitées dans le pays par ses démêlés judiciaires, fort du soutien de Donald Trump qui avait demandé un tel geste à son homologue israélien. Benjamin Netanyahou, qui nie toute faute dans ces affaires, est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquelles aucun jugement n'a encore été rendu.
Les services du président israélien Isaac Herzog ont annoncé dimanche qu'il avait adressé au président "une demande de grâce exceptionnelle". "Après réception de tous les avis", Isaac Herzog "examinera la requête avec responsabilité et sérieux". Tout en affirmant vouloir mener le procès à terme pour prouver son innocence, le Premier ministre a ensuite justifié cette demande au nom de "l'intérêt public" dans une vidéo diffusée par ses services, mettant en avant les "immenses défis" que le pays doit relever.
Le président américain, Donald Trump, avait écrit à Isaac Herzog plus tôt ce mois-ci pour lui demander d'accorder une grâce à Benyamin Netanyahou. "La poursuite du procès nous déchire de l'intérieur, suscitant de vives divisions et intensifiant les fractures", a plaidé Benyamin Netanyahou, sur fond de vives divisions politiques entre ses partisans et détracteurs. "Je suis certain (...) que la fin immédiate du procès contribuera grandement à apaiser les tensions et à promouvoir la réconciliation générale" du pays.
"Culpabilité"
Rappelant que son procès avait débuté il y a près de six ans, il a aussi affirmé que témoigner trois fois par semaine était "une exigence impossible à satisfaire". Le ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé soutenir la demande de grâce pour "mettre fin à la déchirure profonde qui accompagne la société israélienne depuis une décennie". Dans l'opposition, les critiques contre cette demande n'ont pas tardé, le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, demandant au président Herzog de ne "pas accorder une grâce à Benyamin Netanyahou sans qu'il ne reconnaisse sa culpabilité, exprime des remords et se retire immédiatement de la vie politique". En septembre, Isaac Herzog avait laissé entendre qu'il pourrait lui accorder une grâce, déclarant dans un entretien à la radio de l'armée que le procès du Premier ministre "pes(ait) lourdement sur la société israélienne".
Benyamin Netanyahou est accusé, ainsi que son épouse, Sara, d'avoir accepté des produits de luxe d'une valeur de plus de 260 000 dollars (environ 225.000 euros), tels que cigares, bijoux et champagne, de la part de milliardaires, en échange de faveurs politiques. Dans deux autres affaires, il est accusé d'avoir tenté de négocier une couverture plus favorable dans deux médias israéliens.
"Accord de plaider-coupable" ?
A 76 ans, il est le Premier ministre israélien ayant passé le plus grand nombre d'années en exercice, avec plus de 18 ans à la tête d'Israël depuis 1996. Il a annoncé qu'il se présenterait aux prochaines élections, qui auront lieu avant la fin de l'année 2026.
Au cours de son mandat actuel, qui a débuté fin 2022, son parti a proposé des réformes judiciaires de grande envergure qui, selon ses détracteurs, visaient à affaiblir les tribunaux. Son projet a déclenché des manifestations massives qui n'ont pris fin qu'après le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
Selon Eli Salzberger, juriste et professeur de droit, une grâce est donnée à une personne déjà condamnée mais un précédent a eu lieu en 1986 avec le président Chaim Herzog, père de l'actuel président qui avait gracié deux agents du Shin Beth (l'agence israélienne de la sécurité intérieure) avant qu'ils ne soient jugés. S'exprimant lors d'une rencontre en ligne avec des journalistes, Eli Salzberger a précisé que Benyamin Netanyahou n'a pas reconnu sa culpabilité ni demandé pardon, ce qui est en général une condition pour obtenir une grâce présidentielle.
Bien que s'y étant opposé dans le passé, Benyamin Netanyahou "pourrait demander à la justice un accord de plaider-coupable en expliquant que les conditions ont changé" en cas de refus de Isaac Herzog de le gracier, affirme Eli Salzberger, opposant farouche à la réforme judiciaire du gouvernement.
Benyamin Netanyahou est le premier chef de gouvernement en fonction de l'histoire d'Israël à être mis en examen pour corruption. Dans le passé, l'ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert, interrogé par la police dans une présumée affaire de corruption, avait démissionné en 2009 avant d'être jugé et condamné à 27 mois de prison pour fraude.
Le plan de l’administration Trump pour Gaza, centré sur la création d’une force internationale de stabilisation, se heurte à un obstacle majeur : trouver des volontaires prêts à s’engager sur le terrain. Alors que Washington multiplie les appels à la coopération, les pays susceptibles de fournir des soldats se montrent de plus en plus hésitants. Les capitales étrangères redoutent notamment que leurs troupes soient contraintes à des confrontations armées avec les Palestiniens.
Une crainte qui pousse plusieurs nations à revoir leurs promesses initiales. Malgré ces difficultés, les responsables américains continuent de tenter de convaincre des pays de rejoindre cette initiative, considérée comme centrale dans la stratégie de paix imaginée par la Maison-Blanche.
Les pays de plus en plus réticents
L’enthousiasme initial de certains États commence à se dissiper. L’Indonésie, qui avait envisagé d’envoyer jusqu’à 20 000 soldats, prévoit désormais un déploiement beaucoup plus limité. Selon des sources proches du dossier à Jakarta, consultées par le Washington Post, un premier contingent d’environ 1 200 militaires pourrait être mobilisé, mais il faudrait près de six mois avant qu’il ne soit pleinement opérationnel. Les responsables indonésiens soulignent que la mission se concentrera sur des activités civiles telles que la santé et la reconstruction, car certains officiers craignent d’être entraînés dans des affrontements armés avec la population locale.
L’Azerbaïdjan, qui avait également accepté de fournir des troupes, conditionne désormais sa participation à la fin complète des hostilités. Dans le monde arabe, aucun pays n’a confirmé sa contribution. Les gouvernements du Golfe, initialement mentionnés comme partenaires possibles, se sont montrés réticents : les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Qatar pourraient soutenir la mission depuis l’extérieur, mais aucun ne prévoit de déployer des soldats sur le terrain. Les inquiétudes portent sur l’absence de cadre clair et sur le risque que la force internationale se retrouve confrontée à des combats avec le Hamas, dont les intentions de désarmement restent ambiguës.
Même les pays désireux de se rapprocher des États-Unis hésitent. L’Italie, par exemple, examine la manière la plus efficace d’apporter son soutien tout en contribuant à définir le mandat et les règles d’engagement.
Des modalités qui restent à préciser
La Force internationale de stabilisation (ISF) constitue le pivot du plan de paix élaboré par l’administration Trump, validé par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies le 17 novembre dernier. Sa mission : démilitariser Gaza, sécuriser ses frontières et protéger les civils ainsi que les opérations humanitaires. Conçue comme une solution de sécurité durable, cette force devrait intervenir immédiatement, mais ses modalités opérationnelles restent encore à préciser.
Selon des sources proches de l’administration américaine, interviewées par le Washington Post, l’ISF pourrait compter jusqu’à 15 000, voire 20 000 soldats, organisés en trois brigades. Elle s’inscrit dans la deuxième phase de la stratégie Trump, qui prévoit aussi la création d’un "Conseil de paix" supervisé par le président américain, un comité technocratique palestinien chargé de gérer le quotidien de l’enclave, la poursuite du retrait israélien et la démilitarisation du Hamas.
Sur le terrain, des questions subsistent : où seront stationnées les troupes ? Entreront-elles dans les zones encore sous influence du Hamas, ou resteront-elles uniquement dans les secteurs sous contrôle israélien ? L’armée israélienne, malgré l’accord de cessez-le-feu conclu en octobre, continue de contrôler un peu plus de la moitié de Gaza. Des documents internes indonésiens montrent que l’hypothèse de déployer des soldats dans les zones échappant à l’autorité israélienne est à l’étude, mais rien n’indique encore si la force sera chargée de protéger les zones civiles jugées "sûres" dans la partie sous contrôle israélien.
Les représentants auprès des Nations unies votent lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur une résolution américaine concernant le plan de paix pour Gaza, au siège de l’ONU à New York, le 17 novembre 2025.