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Ă lâAssemblĂ©e nationale, Clara Chappaz a de nouveau dĂ©fendu lâinterdiction des rĂ©seaux sociaux pour les plus jeunes, sujet rĂ©guliĂšrement portĂ© par Emmanuel Macron.
Comme prĂ©vu, Clara Chappaz a dĂ©fendu la vĂ©rification de lâĂąge Ă lâentrĂ©e des rĂ©seaux sociaux face Ă la Commission dâenquĂȘte parlementaire sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs.
La ministre dĂ©lĂ©guĂ©e chargĂ©e du numĂ©rique et de lâintelligence artificielle a portĂ© rĂ©guliĂšrement le sujet au fil des derniers mois, notamment au cours de la semaine de sensibilisation 10 jours sans Ă©cran ou en reprenant la possibilitĂ© de classer le rĂ©seau social X aux cĂŽtĂ©s des plateformes pornographiques, dans la mesure oĂč il permet depuis 2024 de diffuser des contenus interdits aux mineurs.
Devant les dĂ©putĂ©s, de mĂȘme que plusieurs experts et associations auditionnĂ©s dans les jours prĂ©cĂ©dents, elle a rappelĂ© la tendance des rĂ©seaux sociaux Ă accroĂźtre lâanxiĂ©tĂ© des plus jeunes et Ă participer au dĂ©veloppement de troubles alimentaires ou du sommeil. Avant dâavancer que lâimpact de ces plateformes sur le dĂ©veloppement cognitif et Ă©motionnel des adolescents pourrait coĂ»ter « 1 Ă 2 points de PIB ».
« Les solutions techniques existent »
Ăvoquant sa saisine de lâArcom et de la Commission europĂ©enne, pour lutter contre la tendance SkinnyTok en avril dernier, Clara Chappaz relĂšve que la mobilisation de membre du gouvernement au cas par cas nâest pas une solution viable. LâUnion europĂ©enne compte 450 millions dâeuropĂ©ens, ce qui rend ce niveau supranational le mieux Ă mĂȘme de faire pression sur les plateformes pour que celles-ci « prennent leurs responsabilitĂ©s », indique-t-elle aux dĂ©putĂ©s, avant de prĂ©ciser quâelle est dĂ©sormais suivie par 13 pays sur la question de la vĂ©rification dâĂąge.
DĂ©jĂ poussĂ©e du cĂŽtĂ© des sites pornographiques â la justice a suspendu lâarrĂȘtĂ© ce 16 juin, la ministre indique que lâĂtat se pourvoira en cassation â, la vĂ©rification dâĂąge est une prĂ©occupation majeure dâEmmanuel Macron. « Pour le prĂ©sident, il nây aucun problĂšme dans la sociĂ©tĂ©, tout est exacerbĂ© par les rĂ©seaux sociaux », tacle mĂȘme une reprĂ©sentante de plateforme auprĂšs de Politico.
Ă lâAssemblĂ©e nationale, Clara Chappaz indique, elle, que « la commission connaĂźt trĂšs bien notre position » : pousser les rĂ©seaux sociaux Ă dĂ©velopper les technologies de vĂ©rification dâĂąge de lâutilisateur qui permettront de bloquer lâaccĂšs aux plus jeunes dans le respect du rĂšglement europĂ©en sur les services numĂ©riques (DSA), ou se tourner vers des tiers de confiance. « Les solutions techniques existent », insiste-t-elle, citant aussi bien France IdentitĂ©, sur suggestion dâun dĂ©putĂ©, que Docaposte ou la « quinzaine dâacteurs français » venus la solliciter pour proposer leurs services Ă Viva Tech et au fil des mois.
Surtout, selon un document de travail obtenu par Euractiv, la France participe Ă pousser la solution dâun « Kids Wallet » dĂ©diĂ© Ă vĂ©rifier lâĂąge des mineurs Ă lâentrĂ©e des plateformes. « Nous nous sommes portĂ©s volontaires pour ĂȘtre pays pilote de cette solution, qui sera open source et protĂ©gera lâanonymat », indique Clara Chappaz aux dĂ©putĂ©s.
Comparant Ă lâinterdiction de consommer de lâalcool avant 18 ans, elle prĂ©cise : « lâobjet nâest pas dâinterdire pour interdire, mais de protĂ©ger ». « Le numĂ©rique nâest pas un truc de geek », dĂ©clare-t-elle encore. Autrement dit, le sujet ici dĂ©battu est politique, sujet Ă dĂ©bat, et en cela « compliquĂ© ». Or, pour le gouvernement, « ce nâest plus entendable de se cacher derriĂšre un argument technique, surtout quand on est une entreprise du numĂ©rique ».âš
Interdire en ligne ce qui lâest hors ligne
Quelle responsabilitĂ© des producteurs de contenu ? Sur ce sujet, la ministre rappelle quâun enfant sur cinq pense que les pyramides ont Ă©tĂ© construites par des extraterrestres pour souligner les enjeux de lutte contre la dĂ©sinformation.
Les dĂ©putĂ©s sây sont aussi frottĂ©s lors des auditions mouvementĂ©es de cinq influenceurs controversĂ©s, le 11 juin dernier. Dâune maniĂšre ou dâune autre, tous avaient rejetĂ© la responsabilitĂ© de lâaccĂšs Ă leurs contenus sur la plateforme quâils utilisent (parmi dâautres). « Si des Ă©lĂšves de CE2 (âŠ) accĂšdent Ă cette plateforme, câest un problĂšme de contrĂŽle parental et de responsabilitĂ© de TikTok, pas de la mienne » avait ainsi lancĂ© lâacteur porno Adrien Laurent, mieux sous le nom dâAD Laurent, aux dĂ©putĂ©s.
Lâinfluenceur masculiniste Alex Hitchens, de son vrai nom Isac Mayembo, a de son cĂŽtĂ© appelĂ© Ă lâinterdiction de TikTok quâil a qualifiĂ© de « nĂ©faste », et oĂč « ce qui fonctionne le mieux, câest le contenu qui choque ». AgacĂ© par des questions sur ses propos sexistes, il a ensuite raccrochĂ© brutalement au nez des parlementaires.
Le prĂ©sident de la Commission Arthur Delaporte (Socialistes) a regrettĂ© auprĂšs du Figaro avoir affaire à « des gens qui sont arrivĂ©s ici en pensant quâils Ă©taient dans un match », sans considĂ©ration pour la « lĂ©gitimitĂ© institutionnelle liĂ©e Ă [lâ]Ă©lection » des dĂ©putĂ©s. Dans La Croix, le sociologue Vincenzo Susca dĂ©crivait carrĂ©ment la fuite dâAlex Hitchens comme une « dĂ©claration de souverainetĂ© (âŠ) dâun pouvoir qui ne reconnaĂźt plus les rĂšgles de lâancien monde » â au contraire, depuis une semaine, lâinfluenceur tire un maximum de son coup dâĂ©clat, multipliant les contenus le remettant en scĂšne.
Ă lâAssemblĂ©e nationale, Clara Chappaz a de son cĂŽtĂ© appelĂ© à « sortir de ce ping-pong dans lequel les acteurs se renvoient la balle ». Elle a rappelĂ© au passage que la libertĂ© dâexpression nâĂ©tait pas dĂ©finie de la mĂȘme maniĂšre dans les pays de fabrication des plus grandes plateformes numĂ©riques et en Europe. Ăvoquant les discours de haine, elle a soulignĂ© lâesprit des textes europĂ©ens : « Les propos qui ne sont pas autorisĂ©s hors ligne ne le sont pas non plus en ligne. »