TEST Mandragora: Whispers of the Witch Tree – La nouvelle référence de la Dark Fantasy
Mandragora: Whispers of the Witch Tree est ce qu’on pourrait appeler le metroidvania souls-like de la saison. Le jeu reprend une formule maintenant classique : un gameplay dynamique, des mécaniques de game design inspirées par les jeux de FromSoftware et une exploration horizontale dans un monde sombre destiné à la déchéance. Mandragora réutilise une recette qui fonctionne, mais avec un charme nouveau qui lui est propre, donnant ce sentiment d’une œuvre à la fois rassurante et innovante.
Mandragora: Whispers of the Witch Tree, produit par Primal Game Studio, est à la base un projet Kickstarter ayant eu son petit succès avec plus 270 000 $ récoltés pour 5 000 contributeurs. La promesse était de créer un titre combinant plusieurs éléments d’œuvres bien connues : l’exploration d’un Castlevania, les mécaniques de combats de Dark Souls, la richesse narrative de The Witcher et la beauté graphique de Ori and the Will of the Wisps. Ainsi, Mandragora: Whispers of the Witch Tree assume fortement ses références et s’en inspire avec justesse pour être une œuvre brillante malgré quelques défauts.
Le cri d’un univers à l’agonie
Son monde se nomme Faeldumm et il se meurt. Les monstres ont envahi la majorité des régions et seules quelques cités et villages parviennent à survivre au milieu des ténèbres, repoussant les attaques sauvages grâce à des murs épais et des combattants endurcis. Les puissants de ce monde contiennent ce chaos en entretenant l’espoir et l’obéissance du peuple. Ils pointent du doigt les entités responsables de la déchéance de cet univers : les sorcières, créatures cruelles et profanes qui souillent l’ordre du monde.

Dans tout ceci nous incarnons un inquisiteur, un orphelin ayant survécu grâce à ses dons magiques, élevé pour servir le puissant prêtre-roi. Afin de lui arracher ses sombres secrets, notre maître nous ordonne d’aller capturer une sorcière. Évidemment, notre mission ne se déroulera pas comme prévu. Une mystérieuse voix fait son apparition pour nous guider… qui sait si ses paroles sont des mensonges qui servent à condamner le monde ou des vérités salvatrices, oubliées depuis bien trop longtemps ?
Dans un premier temps, il convient de dire que Mandragora porte très bien son titre de Souls-like, on y retrouve des mécaniques qui appartiennent au genre et surtout, un univers qui souhaite nous échapper et qui s’interprète. Le monde est cohérent, avec une narration agréable sans pour autant être trop cryptique. Un habile mélange des genres, entre le mystérieux du souls-like et le direct d’un RPG classique, qui permet d’apprécier une histoire efficace et franche, tout en soulevant des pointes de mystère de temps en temps.
Concernant l’écriture du titre, elle se révèle assez simple, mais permet d’avoir une aventure aussi humaine qu’épique. Certains choix que l’on peut faire durant les dialogues permettent de débloquer différentes fins, mais cela n’est pas toujours évident à distinguer. Si les textes des PNJ sont bien écrits, ceux des joueurs, en revanche, manquent cruellement de finesse, voire comportent des erreurs de vocabulaire. Certaines phrases n’ont tout simplement pas de sens et risquent de déclencher des avancées vers des fins que l’on ne souhaite pas forcément par manque de compréhension. Heureusement, notre personnage parle peu et cette impression s’oublie vite quand on le compare avec le reste.

En effet, on se plaît à discuter avec chaque PNJ, qui bénéficient tous d’un excellent doublage anglais et d’une bonne écriture. Leurs comportements sont assez réalistes et correspondent à comment des personnes peuvent agir dans un univers sombre et oppressant, avec quelques touches d’humour, preuve de la résilience humaine. Il est d’ailleurs très plaisant de remarquer l’utilisation d’expressions, de chansons populaires ou encore de subtiles références d’Internet faisant partie de la culture française. Une chouette attention de la part des traducteurs qui fait sourire. Chaque rencontre est un plaisir pour les oreilles et l’occasion de retrouver un peu d’humanité, pour le meilleur comme pour le pire.
Mortel, mais de toute beauté
Mais avant son histoire, ce qui est saisissant dans Mandragora, c’est sa direction artistique. Le jeu tourne sous le moteur Unreal Engine qui exploite à merveille les graphismes en 2.5D. Les modèles des bâtiments et des personnages sont simples, mais cela leur permet de rester la plupart du temps lisibles et compréhensibles, surtout quand de nombreux ennemis sont présents à l’écran ou que des effets de particules se superposent. On peut souligner l’utilisation d’un filtre donnant un effet de flou gaussien, appuyant l’ambiance onirique des lieux et donnant lieux à de superbes jeux de lumières
Dans l’ensemble, le jeu gère avec efficacité ses décors, en proposant des visuels magnifiques en arrière-plan qui montrent la richesse des environnements que l’on parcourt, tels que des moulins parmi les champs, les bois embrumés d’un marécage ou des étendues d’eau scintillantes dans le soleil couchant. Chaque zone possède un vécu qui est retranscrit par une narration environnementale maîtrisée. Il est un peu dommage que la profondeur de champ ne serve pas à montrer des événements de l’histoire, comme la présence d’un boss ou des déplacements de monstres, à l’image de certains metroidvania.

En revanche, les illustrations des cinématiques et des personnages sont particulièrement bluffantes. Elles utilisent ce qui est appelé un style pictural, ressemblant ainsi à de véritables peintures avec de légères animations, changeantes en fonction de l’humeur du PNJ représenté. On se surprend souvent à contempler un visage pourtant peu agréable, mais saisissant de vie, unique à cet art brut. Cela fait beaucoup penser au style du studio Vanilla Ware, qui utilise une animation semblable pour certaines de ses illustrations, mais avec un aspect plus réaliste et occidental.
Il est regrettable que la carte n’ait pas bénéficié de la même attention graphique. Son apparence est bien trop simple quand on la compare avec les illustrations, ce qui casse l’immersion. Ce choix peut s’expliquer par le fait qu’elle montre toutes les ressources à collecter et certains obstacles découverts, ce qui pourrait devenir illisible. On aurait quand même bien apprécié un entre-deux entre le style épuré et l’imagerie générale.
C’est en tout cas un rôle que remplit parfaitement la bande-son. Mandragora possède une ambiance sonore qui nous plonge parfaitement dans son univers sombre en proposant des thèmes représentant la mélancolie des lieux ou l’hostilité qui s’en dégage, auxquels s’ajoutent les sons d’ambiance propres aux niveaux ainsi que ceux que produisent les ennemis au loin : insultes, grondements ou raclements, par exemple. Cela nous fait d’autant plus remarquer les rares et véritables musiques du jeu qui possèdent une atmosphère chargée de mystère.
Patience et puissance
Comme mentionné plus haut, Mandragora: Whispers of the Witch Tree est à la fois un souls-like et un metroidvania, avec des notions de difficultés propres à ces deux genres. La prise en main du gameplay est rapide, mais il faut constamment faire preuve de prudence, d’attention et de méthode. Le jeu propose de nombreux moyens pour que le joueur puisse accomplir sa quête, que ce soit en gérant son équipement avec les marchands recrutables ou en se renforçant grâce aux impressionnants arbres de compétences.
Ces derniers, au nombre de 6, constituent le cœur du gameplay du jeu et peuvent se comparer à des classes connues des RPG, comme le paladin, le druide ou l’assassin. Les premiers niveaux servent à se familiariser avec une seule de ces spécialités, avant de débloquer les autres après quelques heures de jeu une fois niveau 25. Mandragora possède un système avec un fort potentiel de combinaisons de capacités.

Si les arbres de compétences semblent compliqués, ils sont pourtant très simples. Chaque classe ne possède en réalité que 16 capacités passives que l’on peut débloquer ; les autres cercles représentent des gains de caractéristiques. Il est possible de privilégier différents chemins en fonction de son style et de mettre en place des synergies de compétences pour des effets dévastateurs.
Les sorts et capacités actives, quant à eux, ne se débloquent qu’à mesure que vous progressez dans l’aventure, que ce soit en vainquant des ennemis, en les achetant auprès de marchands ou dans des coffres cachés. Ce qui peut se révéler frustrant si jamais votre cheminement vous emmène loin des sorts spécifiques à votre choix de départ. D’autant plus que certains ennemis peuvent se révéler être de sérieux obstacles dans votre exploration de Faeldumm.
Sur le même sujet, il faudra environ une bonne cinquantaine d’heures pour terminer Mandragora: Whispers of the Witch Tree, sans pour autant pousser l’exploration à fond. La plupart des améliorations de déplacement se découvrent à partir d’une dizaine d’heures, en suivant la quête principale et elles se révèlent vite indispensables pour tous bon explorateur. En effet, Le jeu possède de nombreuses plateformes où il est difficile de se déplacer, les ennemis peuvent attaquer en nombre ou profiter d’une position avantageuse où une mauvaise esquive peut conduire à une chute mortelle.
Des affrontements éreintants
Comme le dit Primal Game Studio, Mandragora n’est pas un jeu de combat où il est possible d’échanger des séries de coups avec vos ennemis sans broncher. Ils sont bien trop nombreux, voire résistants. La stratégie est de mise et il faudra anticiper leurs attaques pour s’en sortir. Évidemment, cela se révèle essentiel contre tous les boss, qui seront souvent de formidables adversaires qu’il faudra prendre le temps de bien analyser pour leur survivre. Même si la plupart peuvent se montrer assez simples, ils possèdent généralement une attaque difficile à comprendre et capable de faire fondre la barre de vie, imposant un pic de difficulté inattendu au milieu d’un combat et jouant avec votre santé mentale.

Surtout si on prend en compte le fait que, à notre goût, la plupart des ennemis possèdent bien trop de points de vie. Cela concerne aussi bien les boss qui peuvent se révéler assez épuisants, que les monstres de base. Heureusement, Mandragora en est conscient et propose de réduire certains paramètres, comme les dégâts subis par le joueur, les coûts d’endurance ou la santé des ennemis jusqu’à 70 % de leur montant initial. Ce qui nous parait correct pour une bonne expérience de jeu.
On pourrait rétorquer qu’il est possible de foncer à travers les hordes de monstres pour éviter de perdre du temps ou des ressources, mais cela est sans compter les récompenses lâchées à leurs morts : de l’essence pour monter de niveau, de l’or pour les marchands et des matériaux pour fabriquer vos équipements. Et vu l’importance de la fabrication dans ce jeu, il vaut mieux posséder le plus de ressources possible.
S’équiper pour briller
Mandragora: Whispers of the Witch Tree fait la part belle aux marchands, bien plus que ne le font les autres titres du genre. Ils sont un élément essentiel dans la progression du personnage et permettent de grandement faciliter la survie, que cela soit en fabriquant des armes, des armures, des potions ou pour l’enchantement. La récolte est une nécessité dans ce jeu.
L’introduction des marchands se fait en douceur et récompense naturellement l’exploration. Presque la totalité d’entre eux sont optionnelles et demandent de faire preuve de curiosité pour les recruter, que ce soit en leur parlant dans les villages, en accomplissant des quêtes ou en les sauvant de griffes de monstres. Chaque marchand est une belle rencontre qui apporte son lot de mystère et là possibilité de se renforcer, à condition d’investir dans son activité.
Et oui… malheureusement le commerce et l’artisanat ne sont pas des activités faciles ni florissantes dans ce monde, vos compagnons vont bien vous le faire comprendre. Les commerces possèdent un système de niveau qu’il faut faire progresser, que ce soit en fabriquant des objets ou en donnant des diagrammes, sortes de parchemins trouvables un peu partout. Plus un marchand possède une activité de haut niveau, plus il proposera des équipements de qualité et réduira ses prix. D’où la furieuse nécessité de récolter le plus de matériaux possible, que cela soit sur des monstres ou en les récoltant dans l’environnement.

En soi, Mandragora: Whispers of the Witch Tree possède une boucle de gameplay assez vertueuse, plus on explore, plus on est familier avec les adversaires sur lesquels on trouve de matériaux, plus il est possible de se créer un équipement puissant. De plus, on s’attache bien vite à la personnalité de chacune de nos rencontres et on peut même regretter qu’il n’y ait pas plus d’interactions entre eux pour développer un esprit de communauté.
Verdict
Malgré quelques défauts, Mandragora: Whispers of the Witch Tree s’est fait sa place parmi les références du genre metroidvania souls-like. C’est un pari réussi de la part des développeurs de chez Primal Game Studio qui ont fait preuve aussi bien de passion que d’expertises. Il aurait été agréable que le jeu exploite bien plus de concepts, comme l’utilisation de l’arrière-plan ou les interactions entre PNJ. Heureusement, la gestion des compétences avec les arbres de classes et la fabrication d’équipements constituent des mécaniques de jeu qui s’apprécient grandement.
Si vous cherchez une bonne expérience d’exploration, dans un univers sombre et avec des combats intéressants, malgré quelques pics étranges de difficulté, alors ce jeu trouvera sans problème sa place dans votre collection.
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