Lorsque lâon parle de jeu vidĂ©o, la notion dâimmersion revient trĂšs rĂ©guliĂšrement, si ce nâest continuellement. Le but de lâimmersion est avant tout de rĂ©ussir Ă captiver le joueur et Ă lui donner la sensation de vivre pleinement son expĂ©rience virtuelle, quitte Ă lui faire oublier temporairement le monde rĂ©el. Cette notion conditionne lâindustrie et, si elle façonne parfois Ă elle seule des jeux, elle est Ă©galement le point de dĂ©part de la crĂ©ation dâaccessoires qui nous permettent de mieux nous plonger dans nos jeux. Câest notamment le pari du Razer Freyja, un coussin haptique qui, parti dâun simple prototype prĂ©sentĂ© au CES 2024, est devenu une rĂ©alitĂ©.
DâEsther Ă Freyja
Comme chaque annĂ©e, Razer Ă©tait prĂ©sent au CES 2024, qui se tenait Ă Las Vegas. Parmi ses nouveautĂ©s, on trouvait de nouvelles versions de ses ordinateurs portables (les fameux Razer Blade), un dock USB-C pour ordinateur, ou encore une nouvelle chaise gaming : la Razer Iskur. Ainsi quâun projet un peu fou, qui reprĂ©sente bien la philosophie de la marque en matiĂšre dâinnovation et de technologie, Ă savoir un coussin proposant des vibrations haptiques.
Sobrement nommĂ© Esther, ce projet nâavait pas pour but dâĂȘtre commercialisĂ© tel quel, mais proposait tout de mĂȘme aux visiteurs du salon dâessayer une proposition assez ambitieuse. Non pas que Razer soit le premier acteur Ă se lancer dans le monde trĂšs fermĂ© des retours haptiques â on pense notamment au Subpac â, mais voir une marque grand public telle que Razer sâessayer Ă cet exercice peut laisser augurer de trĂšs belles choses pour la suite. La marque, qui se veut ĂȘtre le leader en matiĂšre de lifestyle gaming, possĂšde une vĂ©ritable force de frappe et des moyens suffisants pour offrir aux joueurs plus casual une expĂ©rience immersive, sans avoir Ă passer par des installations pensĂ©es pour les nerds.
Câest ainsi quâen fin dâannĂ©e derniĂšre, Razer a commercialisĂ© le Razer Freyja, lâĂ©volution du projet Esther pensĂ©e pour le grand public. Notre premiĂšre approche du produit fut intĂ©ressante et nous a clairement donnĂ© envie de le tester davantage, afin de savoir sâil sâagit dâun vĂ©ritable indispensable pour tout amateur dâimmersion vidĂ©oludique ou dâun simple gadget destinĂ© aux geeks les plus hardcore. Et comme vous allez le voir, notre rĂ©ponse est plus nuancĂ©e que cela.
Pas de surprise concernant le design, on retrouve la ligne directrice du constructeur
Une belle fabrication Ă la hauteur de Razer
Le Freyja affiche une sobriĂ©tĂ© Ă©lĂ©gante propre Ă la marque, avec une mousse en polyurĂ©thane dont les coutures arborent le vert iconique de Razer. Le logo rĂ©troĂ©clairĂ© trĂŽne fiĂšrement sur la partie supĂ©rieure du coussin. Lâaccessoire prĂ©sente une belle qualitĂ© de fabrication et respire la soliditĂ©, avec des matĂ©riaux agrĂ©ables au toucher. Câest important, surtout lors de longues sessions de jeu.
Le coussin nâest pas trop Ă©pais, mais il nĂ©cessite tout de mĂȘme quelques ajustements de la hauteur dâassise, ce qui ne pose aucun problĂšme avec la plupart des fauteuils gaming ou siĂšges ergonomiques. Câest surtout en ce qui concerne la profondeur de votre siĂšge que la diffĂ©rence pourra ĂȘtre notable, puisque lâĂ©cart entre les jambes et lâavant du fauteuil nâest pas Ă nĂ©gliger pour le confort.
Le Freyja est compatible avec la majoritĂ© des fauteuils gaming, voire mĂȘme avec de simples siĂšges de bureau. Nous avons mĂȘme tentĂ© de lâinstaller sur une simple chaise de cuisine, et celui-ci sâest parfaitement adaptĂ©, mĂȘme si ce nâest Ă©videmment pas lâusage auquel il est destinĂ©. LâidĂ©e est de vous montrer que lâaccessoire devrait sâintĂ©grer sans aucun problĂšme Ă votre setup, bien que cela ne soit pas garanti Ă 100 % par le constructeur. Quant Ă lâinstallation sur le siĂšge, elle se fait au moyen de sangles Ă©lastiques et ajustables, et une fois en place, le Freyja ne devrait pas bouger dâun iota.
Caractéristiques techniques et connectivité
Le coussin embarque six moteurs haptiques haute dĂ©finition, rĂ©partis de maniĂšre stratĂ©gique afin de transmettre des vibrations directionnelles et prĂ©cises. On retrouve quatre transducteurs haptiques dans le dossier (deux Ă gauche et deux Ă droite), tandis que deux autres sont placĂ©s au niveau de lâassise. Le Freyja ne pĂšse dâailleurs pas trĂšs lourd et peut facilement ĂȘtre transportĂ© dâune piĂšce Ă lâautre grĂące Ă son poids dâenviron 2,5 kilos. Il manque Ă©ventuellement une sangle de transport, mais lâappareil nâa pas non plus Ă©tĂ© conçu comme un accessoire nomade â nous nâen tiendrons Ă©videmment pas rigueur au constructeur.
En matiĂšre de connectivitĂ©, le Freyja sâĂ©mancipe des longs cĂąbles qui partent dans tous les sens, puisque la seule connectique filaire prĂ©sente est celle destinĂ©e Ă lâalimentation du coussin. Un avantage pour certains, une contrainte pour dâautres : avec seulement deux mĂštres dâallonge, il faudra peut-ĂȘtre prĂ©voir une rallonge Ă©lectrique. Pour le reste, lâaccessoire se connecte via un dongle Razer HyperSpeed Wireless 2,4 GHz, ainsi que par Bluetooth.
La compatibilitĂ© du Razer Freyja nous laisse, en revanche, quelque peu mitigĂ©s. En effet, le produit est uniquement compatible avec les PC (oubliez immĂ©diatement son acquisition si vous possĂ©dez un Mac â lâapplication Synapse nâest de toute façon plus compatible depuis bien longtemps avec les ordinateurs Ă la pomme) et avec les smartphones Android, via lâapplication Nexus. Si la compatibilitĂ© avec les tĂ©lĂ©phones Android constitue un atout apprĂ©ciable, auquel nous ne nous attendions pas forcĂ©ment, il est difficile de ne pas sâĂ©tonner de lâabsence de support pour lâiPhone â dâautant que lâapplication Nexus est bien disponible sur lâApp Store. Un choix regrettable, surtout lorsque lâon sait que le Razer Freyja ne se limite pas au jeu vidĂ©o, mais sâadresse Ă©galement aux amateurs de films et de musique.
La connectivitĂ© filaire du Freyja se limite Ă lâalimentation : le reste se fait en sans-fil
2 modes de fonctionnement et une infinité de possibilités
Si le Razer Freyja est compatible avec tous les jeux, mais aussi avec les films et les contenus audio, câest grĂące Ă la technologie Audio-to-Haptics, qui transforme automatiquement tout type de signal sonore en vibrations haptiques. Cela permet dâobtenir, sur les basses frĂ©quences, des retours haptiques que lâon peut configurer Ă loisir via Razer Synapse 4. En explorant plus en profondeur les paramĂštres de lâapplication, il est possible dâaffiner les rĂ©glages afin dâobtenir des retours plus subtils, moins bruts, et de dĂ©finir lâintensitĂ© des vibrations en fonction des plages de frĂ©quence.
Cette solution Ă©vite de se contenter des rĂ©glages prĂ©configurĂ©s du coussin â quâil convient tout de mĂȘme de mentionner, car une simple pression sur les boutons de la commande situĂ©e sur le cĂŽtĂ© gauche permet de basculer rapidement dâun mode dâintensitĂ© Ă lâautre. Ces rĂ©glages peuvent nĂ©anmoins sembler un peu grossiers Ă certains utilisateurs. Cela se vĂ©rifie dâautant plus selon les types de jeux : un jeu dâaction riche en explosions et en impacts gĂ©nĂšrera naturellement davantage de retours haptiques quâun titre Ă lâambiance plus feutrĂ©e.
Si Ă lâusage ce mode sâavĂšre assez ludique, il nâest pas forcĂ©ment recommandĂ© pour les jeux compĂ©titifs comme Valorant ou Counter-Strike 2, mais plutĂŽt pour les expĂ©riences solo ou les jeux multijoueurs qui ne nĂ©cessitent pas une concentration extrĂȘme. Le fait est que les vibrations sont dĂ©clenchĂ©es en fonction de lâaudio, ce qui signifie que les six transducteurs rĂ©agiront Ă chaque son dâune certaine frĂ©quence.
Le rĂ©sultat peut alors devenir confus, surtout avec des jeux comme Dark Souls III ou Elden Ring, dont les bandes-son enveloppent largement lâespace audio. Puisque le coussin rĂ©agit uniquement Ă certaines frĂ©quences, il ne fait aucune distinction entre la musique, les bruits dâĂ©pĂ©e ou les divers Ă©vĂ©nements environnants. MĂȘme le son de certains effets de menu peut ĂȘtre pris en compte, ce qui peut entraĂźner un rendu brouillon, voire dĂ©routant.
LâexpĂ©rience est assez similaire cĂŽtĂ© films. Le traitement audio y Ă©tant trĂšs diffĂ©rent, le cĂŽtĂ© amusant des retours haptiques peut rapidement devenir lassant. On vous laisse imaginer le rĂ©sultat avec la quadrilogie John Wick, oĂč les scĂšnes dâaction truffĂ©es de coups de feu et soulignĂ©es par des musiques Ă©lectro agressives font vibrer le coussin en continu.
Ătonnamment, câest avec la musique que le Freyja offre lâune de ses meilleures expĂ©riences. Ăcouter Tsunami Sea de Spiritbox donne lâimpression dâĂȘtre Ă lâOlympia lors de leur concert Ă©lectrique dâune heure et quart, tandis que le nouvel album de The Weeknd ou encore le dernier opus de Justice gagnent en intensitĂ©. Pour les amateurs de basses bien mises en avant, le Freyja les amplifie, notamment sur les enregistrements live, qui donnent presque lâimpression dâĂȘtre en salle de concert, en ressentant physiquement la basse et la batterie.
Pour un accessoire conçu avant tout pour le gaming, il est intĂ©ressant de constater sa capacitĂ© Ă sâadapter Ă dâautres usages. Toutefois, malgrĂ© des prestations convaincantes, le Razer Freyja semble encore manquer dâun petit quelque chose pour pleinement nous sĂ©duire. Et câest prĂ©cisĂ©ment lĂ quâintervient lâintĂ©gration des jeux Ă Sensa.
Le Freyja intĂšgre 4 moteurs de vibration dans le dossier et 2 au niveau de lâassise
LâexpĂ©rience Sensa HD : convaincante mais trop peu reprĂ©sentĂ©e
En effet, ce qui permet au Freyja de rĂ©vĂ©ler tout son potentiel, câest avant tout son utilisation avec des jeux compatibles Sensa, offrant des retours haptiques entiĂšrement calibrĂ©s pour lâexpĂ©rience ludique. Cela se traduit par des vibrations beaucoup plus fines, plus diffuses grĂące aux six moteurs de vibration, mais Ă©galement bien plus pertinentes, un peu Ă lâimage de la DualSense et de ses retours haptiques sophistiquĂ©s.
Nous avions pu tester cette technologie sur Hogwarts Legacy : LâHĂ©ritage de Poudlard lors de notre premiĂšre prise en main du pĂ©riphĂ©rique, et nous avions dĂ©jĂ perçu tout le potentiel immersif de lâaccessoire. Chaque sort lancĂ© donnait lieu Ă des vibrations spĂ©cifiques, rĂ©parties de maniĂšre plus ou moins diffuse sur les diffĂ©rents transducteurs haptiques, en fonction de lâintensitĂ© du sort. Razer nous a Ă©galement fourni une copie de Final Fantasy XVI sur PC, afin de tirer pleinement parti des capacitĂ©s du Freyja.
Le moins que lâon puisse dire, câest que lâexpĂ©rience sâest rĂ©vĂ©lĂ©e trĂšs convaincante, permettant de ressentir chaque coup dâĂ©pĂ©e portĂ© par Clive ou chaque sort lancĂ© avec une prĂ©cision remarquable. Si certaines incohĂ©rences subsistent â certains bruitages mĂ©riteraient dâĂȘtre intĂ©grĂ©s Ă lâexpĂ©rience â, on prend Ă©galement la mesure du travail colossal que reprĂ©sente un tel calibrage. Malheureusement, câest prĂ©cisĂ©ment ce niveau dâintĂ©gration que lâon attend dĂ©sormais des plus grosses productions pour que le Freyja puisse ĂȘtre pleinement recommandĂ©. Car, Ă lâheure oĂč nous Ă©crivons ces lignes â et elles auront mis un certain temps Ă ĂȘtre couchĂ©es sur notre bloc-notes numĂ©rique â, peu de jeux sont encore compatibles avec la technologie Sensa HD Haptics.
En effet, hors simulations en tous genres, on dĂ©nombre actuellement quinze jeux proposant une expĂ©rience pleinement intĂ©grĂ©e au Freyja, auxquels viendront sâajouter huit titres supplĂ©mentaires, dont Once Human et Hitman: World of Assassination. Ă cela sâajoutent quatre-vingt-seize jeux compatibles via SimHub, parmi lesquels on retrouve Microsoft Flight Simulator, Test Drive Unlimited Solar Crown , Forza Horizon 5 , Assetto Corsa EVO ou encore F1 24. Plus de cent jeux compatibles : sur le papier, cela nâa rien de nĂ©gligeable â dâautant que les simulations concernĂ©es incluent certains jeux sortis depuis plusieurs annĂ©es. NĂ©anmoins, la prĂ©sence de certains titres dans la liste complĂšte interroge, Ă commencer par PC Building Simulator 2.
En dĂ©finitive, le Freyja est un produit en avance sur son temps, qui vient renforcer lâoffre immersive. On retrouve ici Razer fidĂšle Ă sa ligne directrice : celle de lâinnovation. On apprĂ©cie Ă©galement que le coussin soit compatible avec diffĂ©rents mĂ©dias tels que les films et la musique â ce sont dâailleurs ces usages qui donnent vĂ©ritablement de la substance Ă lâaccessoire. Mais Ă lâheure du verdict, faut-il recommander le Freyja ? Et Ă qui ? La rĂ©ponse est oui⊠mais pas Ă nâimporte qui.
Il est essentiel de consulter la liste des jeux compatibles avant dâenvisager lâachat. Si vous y retrouvez plusieurs titres issus de votre propre bibliothĂšque, câest dĂ©jĂ un bon indicateur. Reste Ă savoir maintenant si lâimmersion constitue un critĂšre important pour vous. De notre cĂŽtĂ©, nous recommanderons le Freyja aux joueurs qui peuvent se permettre quelques dĂ©penses superflues pour amĂ©liorer leur setup gaming. Il sâagit davantage dâune cerise sur le gĂąteau que dâun accessoire indispensable. Les technophiles et ultra-geeks seront aux anges, mais les joueurs occasionnels pourront aisĂ©ment sâen passer.
Verdict
La proposition du Razer Freyja se distingue par son originalitĂ© sur bien des aspects, et le constructeur sâadresse ici Ă une frange bien spĂ©cifique des joueurs. Câest tout Ă son honneur de vouloir offrir une expĂ©rience plus immersive. Il est sans doute encore un peu tĂŽt pour dĂ©mocratiser ce type dâaccessoire, mais les utilisateurs dĂ©jĂ familiers de lâĂ©cosystĂšme Synapse et possĂ©dant des jeux compatibles profiteront de sessions de jeu nettement enrichies. Il sâagit dĂ©sormais dâĂ©toffer cette liste de jeux et de faire en sorte que le champ des genres sâĂ©largisse. Avec la vague de sorties depuis le lancement du Freyja, le potentiel est lĂ â et il serait dommage quâune proposition aussi audacieuse finisse par tomber Ă lâeau.
Cet article TEST Razer Freyja : Le coussin haptique entre innovation immersive et gadget dispensable est apparu en premier sur JVFrance .