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Reçu aujourd’hui — 26 octobre 2025 7.4.2 📰 Infos Monde

EN DIRECT, guerre en Ukraine : la Russie dit avoir testé un nouveau missile de croisière à propulsion nucléaire

26 octobre 2025 à 09:18
Vladimir Poutine a affirmé que le 9M730 Bourevestnik est « invincible » face aux systèmes de défense antimissiles actuels et futurs. Son développement s’est accéléré depuis que Donald Trump a annoncé le développement du bouclier antimissile américain, le « dôme d’or ».

© AP

Donald Trump en Malaisie, première étape d'une tournée en Asie

26 octobre 2025 à 08:31
Le président américain Donald Trump est arrivé dimanche en Malaisie, première étape d'une tournée asiatique lors de laquelle il espère nouer un accord commercial avec son homologue chinois Xi Jinping. Peu après son arrivée en Malaisie, le président américain a co-signé un accord de cessez-le-feu entre le Cambodge et la Thaïlande.

Vacances en Corée du Nord, business avec la Chine… Le grand virage oriental de la Russie

26 octobre 2025 à 07:45

Rajin, ville portuaire nord-coréenne, été 2024. Allongés sur des serviettes éponge à même le carrelage, une demi-douzaine de vacanciers russes se prélassent en maillot de bain au bord d’une piscine couverte. Le confort est spartiate, le décor lunaire : deux enceintes diffusent une musique zen pendant qu’un vieux téléviseur crache des images de missiles longue portée filant dans le ciel. Détente assurée. Bienvenue au royaume des Kim, dictateurs de père en fils, terre d’accueil de touristes russes en quête de sensations.

"Les voyages en République populaire démocratique de Corée offrent des expériences inoubliables, un océan d’émotions, de nouvelles connaissances, des lieux intéressants, un programme riche, en toute sécurité" promettent les publicités de Vostok Intour, une agence de voyages russe spécialisée dans les séjours vers l’est. La photographe franco-russe Elena Chernyshova a embarqué pour deux de ces expéditions en tant que simple touriste, appareil en bandoulière. C’est elle qui a immortalisé la scène surréaliste à la piscine de Rajin. A ses côtés, des compatriotes assez curieux de ce pays frontalier pour se payer l’excursion.

Des touristes russes se détendent dans la salle de relaxation au bord de la piscine d'eau de mer de Rajin. Des images de missiles longue portée au décollage passent à la télévision, accompagnées d'une musique méditative.
Des touristes russes se détendent dans la salle de relaxation au bord de la piscine d'eau de mer de Rajin. Des images de missiles longue portée au décollage passent à la télévision, accompagnées d'une musique méditative.

Passage obligé à la Maison de l’amitié entre la Russie et la Corée du Nord, séance photo au monument dédié aux dirigeants nord-coréens… "Le voyage est calibré pour mettre en scène la sympathie entre Moscou et Pyongyang, raconte Elena Chernyshova. Il y a eu des moments insolites… Visiblement, nos hôtes étaient persuadés qu’il fallait nous passer des vidéos et des chants patriotiques russes de la Seconde guerre mondiale à tous les repas !"

Les meilleurs amis de Moscou

En janvier 2024, la Corée du Nord a rouvert ses frontières après quatre ans d’autarcie postpandémie de Covid-19. Les Russes ont été les premiers admis. Le tour operator Vostok Intour propose depuis une série de circuits "pour visiter ce pays fermé, hospitalier et mystérieux" : séjours à Pyongyang, à la mer ou au ski, et même colonies de vacances… "Entre eux, les Russes plaisantaient : ‘notre passeport nous sert enfin à quelque chose !’", s’amuse Elena Chernyshova. Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine, l’Union européenne a restreint la délivrance de visas et rendu les destinations favorites des Russes plus difficiles d’accès. En trois ans et demi de guerre et de sanctions internationales contre Moscou, l’image des pays occidentaux en Russie s’est dégradée. Dans un mouvement inverse, la cote des alliés asiatiques du Kremlin a grimpé en flèche. "Avant 2022, seuls 5 % des Russes percevaient la Corée du Nord comme un pays ami. Ils sont aujourd’hui 30 %, c’est un bond considérable en trois ans" rapporte le sociologue Denis Volkov, directeur du centre Levada, seul Institut de sondages fiable exerçant encore en Russie.

Plus spectaculaire, le regard porté sur la Chine. En 2005, 12 % des Russes considéraient ce pays comme amical. Ils sont aujourd’hui 65 %, si bien que Pékin arrive à la seconde marche du podium des amis de la Russie. "Dorénavant, la Biélorussie, la Chine, le Kazakhstan, l’Inde et la Corée du Nord sont, aux yeux de nos sondés, nos meilleurs amis", résume Denis Volkov.

Le Kremlin ne ménage pas ses efforts pour convaincre sa population des bienfaits de ce "pivot" vers l’Asie, que Vladimir Poutine appelle de ses vœux depuis son retour à la présidence en 2012. "La réorientation de la Russie vers l’océan Pacifique et le développement dynamique de tous nos territoires orientaux constituent notre priorité pour l’ensemble du XXIe siècle" déclare-t-il devant les députés des deux chambres le 12 décembre 2013… Soit deux mois avant l’annexion de la Crimée. "Avant 2014, le'pivot'visait principalement à tirer parti de la croissance économique rapide en Asie. Mais les événements de 2014 lui ont donné une justification géopolitique plus explicite. Alors que les relations avec la communauté euroatlantique se détérioraient […], la nécessité pour Moscou de diversifier ses relations extérieures est devenue urgente" rappelle le chercheur Richard Connolly dans un rapport pour le Royal United Services Institute de 2021.

Partenariats tous azimuts

Pour soigner son flanc est, Vladimir Poutine a multiplié les partenariats tous azimuts, de la Chine à l’Inde en passant par le Vietnam et le Myanmar : ventes d’armes, coopération sécuritaire, accords énergétiques, diplomatie culturelle… et technologique. La Russie a trouvé en Asie de nouveaux débouchés pour ses logiciels de cybersécurité, tels que Kaspersky et Positive Technologies, aujourd’hui interdits aux Etats-Unis. Surtout, Poutine chérit "l’amitié sans limites" scellée le 4 février 2022 avec son homologue chinois Xi Jinping, deux semaines avant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine. Une romance exhibée au grand public à la moindre occasion. Les deux pays ont désigné 2024 et 2025 des "années de la culture Chine-Russie". Début 2025, le centre-ville de Moscou se parait des couleurs de la Chine pour fêter le Nouvel an, une rame de métro dédiée y était inaugurée. Dans la capitale russe, il n’est pas rare de croiser des silhouettes cartonnées grandeur nature des deux autocrates côte à côte, devant une boutique pour touristes ou dans une vitrine. Kitsch à souhait et révélateur de ce rapprochement rapide et vital : car sans Pékin, l’économie russe ne pourrait pas survivre.

"La Chine est le premier partenaire commercial de la Russie depuis 2014, sa part dans le commerce extérieur russe est passée de 11,3 % en 2014 à 33,8 % en 2024" note le Center for European Policy Analysis, qui parle d’une "coopération sous stéroïdes". Entre les deux pays, les échanges commerciaux ont atteint un niveau record de 245 milliards de dollars l’an passé. Premier acheteur de pétrole, de bois et de charbon russes, la Chine fournit des composants électroniques précieux pour fabriquer le matériel militaire qui sert à pilonner l’Ukraine. Dans la vie quotidienne des Russes aussi, les produits chinois sont partout, premiers bénéficiaires de la cessation d’activité d’un millier d’entreprises occidentales. Symbole de cette percée, le marché de l’automobile russe est inondé de véhicules provenant de Chine. Deux tiers des voitures neuves achetées par des particuliers sortent de ses usines. Même domination écrasante pour les smartphones : les appareils de marques Xiaomi et Realme sont dans toutes les mains.

Une touriste coiffée d'une chapka de l'armée soviétique pose avec des silhouettes en carton représentant le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping dans la rue touristique Arbat, dans le centre-ville de Moscou, le 24 juin 2025.
Une touriste coiffée d'une chapka de l'armée soviétique pose avec des silhouettes en carton représentant le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping dans la rue touristique Arbat, dans le centre-ville de Moscou, le 24 juin 2025.

Pour les inconditionnels de l’iPhone, le dernier né d’Apple reste toutefois disponible dans les magasins de Moscou… Et là encore, les alliés chinois et indien n’y sont pas pour rien. "Le gouvernement autorise depuis le second semestre 2022 les importations parallèles, ce qui permet aux entreprises russes d’acheter quasiment tout sans le consentement des producteurs, indique l’économiste Vladislav Inozemtsev, installé aux Etats-Unis depuis 2023. Il est donc possible d’acheter des iPhone Apple en Chine, en Inde ou aux Emirats et de les expédier en Russie sans aucun contrôle. Il n’a fallu que quelques mois aux petites et moyennes entreprises russes pour créer et gérer ces nouvelles filières." Ces dernières ne concernent d’ailleurs pas que les importations parallèles. Des pans entiers de l’économie ont vu leurs chaînes d’approvisionnement modifiées.

Cours de mandarin

"Le business avec la Chine représente aujourd’hui 30 à 40 % dans certaines catégories de produits, contre 10 % avant 2022, témoigne le patron d’une chaîne de grossistes en produits ménagers en Sibérie. L’adaptation technologique s’est faite sans problème, nous travaillons avec des entreprises spécialisées dans les douanes, la logistique et les transactions bancaires avec la Chine. En revanche, les coûts de distribution ont augmenté."

Tout indique que cette nouvelle donne commerciale va durer. D’ores et déjà, les Russes prennent leurs dispositions. "Dans nos groupes de discussion, beaucoup de jeunes nous parlent du mandarin comme la langue du futur et se disent intéressés par son apprentissage" rapporte Denis Volkov, de l’Institut Levada. De fait, les entreprises recherchent de plus en plus de candidats maîtrisant cette compétence. Au printemps 2024, l’un des plus grands sites de recrutement en ligne, HeadHunter, enregistrait une hausse annuelle de 70 % de ces annonces, d’après une dépêche de l’agence de presse russe TASS. Les profils les plus recherchés ? Traducteurs, responsables logistiques, spécialistes des ventes et du service client et directeurs des achats. Pas étonnant, dès lors, que la demande en cours de mandarin augmente… et l’offre avec. Selon une enquête du média russe en exil IStories, le nombre d’enseignants de cette langue a doublé en 2024 dans les écoles russes. "La croissance la plus rapide a été enregistrée à Moscou, où le nombre d’enseignants est passé de 29 à 136. Le nombre d’écoles moscovites proposant l’enseignement du chinois a également augmenté au cours de l’année écoulée", rapporte le site d’investigation.

"La langue chinoise est perçue comme très difficile, reprend le sondeur Denis Volkov. L’idée qu’il faut commencer à l’apprendre très jeune revient dans nos panels." Rien de tel, pour cela, que d’embaucher des nounous chinoises, comme lorsque, au XIXe siècle, la noblesse russe faisait venir des préceptrices françaises pour former ses têtes blondes. La tendance prend de l’ampleur dans les familles privilégiées, jusque dans la garde rapprochée de Vladimir Poutine. "Certaines personnes de ma famille apprennent le chinois, a récemment confié à des journalistes le président, d’ordinaire si secret sur sa vie personnelle. Je pense à ma petite-fille, dont la gouvernante vient de Pékin, et avec qui elle parle couramment le chinois, vraiment couramment."

Mariage de raison

Contrairement à l’amitié affichée par Xi Jinping et Vladimir Poutine, l’engouement soudain d’une partie de l’intelligentsia russe pour son grand voisin n’est toutefois pas "sans limites". Il relève d’abord d’une adaptation sous contraintes, un mariage de raison. "Ce n’est pas le grand amour, loin de là, observe un homme d’affaires français installé dans la capitale russe depuis trente ans. Les Russes restent méfiants à l’égard de la Chine et se sentent plus européens qu’asiatiques." Un sentiment qui transparaît dans les enquêtes d’opinion de Levada. "Chez les partisans comme chez les réfractaires au rapprochement avec la Chine, on perçoit une inquiétude sur l’évolution de cette relation en un partenariat inégal, aux dépens de Moscou." Le rapport est déjà largement asymétrique, ne serait-ce que par la supériorité démographique du géant chinois - 1,4 milliard d’habitants contre 144 millions pour son voisin. Entre 2022 et 2024, la dépendance de la Russie à l’égard des produits chinois a explosé : leur part dans les importations totales est passée de 23 % en 2021 à 57 % en 2024. Sans commune mesure avec le poids de la Russie dans les achats de Pékin.

Les sceptiques le savent, et insistent aussi sur le fossé culturel entre les deux pays. "La Chine ne peut pas servir de modèle, même dans le domaine du commerce, elle est tout simplement différente sur le plan culturel, souligne le directeur d’une enseigne de gros en Sibérie. Nous y achetons des produits dont nous avons besoin, point. Nous sommes habitués aux normes occidentales et nous y reviendrons avec plaisir."

En attendant, Pékin se sait indispensable… et prend ses aises. Jusqu’à s’octroyer une partie du territoire russe ! Fin août 2023, le ministère des Ressources naturelles chinois mettait ainsi en ligne la nouvelle édition des cartes officielles de la Chine. L’île Bolchoï Oussouriisk, 350 kilomètres carrés de terre posés sur le fleuve Amour, et partagés depuis 2004 entre les deux pays, y apparaît comme territoire chinois. Vladimir Poutine ne s’en est aucunement ému. Le scénario d’une vassalisation de la Russie ne semble pas davantage l’inquiéter. Un moindre mal, à en croire le chef du Kremlin, qui aime rappeler les exploits d’un lointain aïeul : le prince Alexandre Nevski, qui repoussa au XIIIᵉ siècle les chevaliers teutoniques… au prix d’une soumission à l’Empire mongol, appartenant alors à la Chine. "La Horde, aussi arrogante et cruelle fût-elle, n’a jamais menacé notre bien le plus précieux – notre langue, nos traditions, notre culture, autant d’éléments que les conquérants occidentaux cherchaient à détruire", lâchait-il en novembre 2023. Deux ans plus tôt, le président inaugurait une gigantesque statue du prince Nevski au bord du lac Peïpous, frontière naturelle avec l’Estonie. A l’endroit même, où, 780 ans plus tôt, il écrasait l’ennemi.

© AFP

La dissuasion nucléaire russe à l’épreuve de la guerre en Ukraine

26 octobre 2025 à 07:27
Dès le lancement de son « opération militaire spéciale » (SVO) contre l’Ukraine, le 24 février 2022, le Kremlin, qui dispose de l’un des plus vastes arsenaux nucléaires au monde, a adopté des mesures de dissuasion agressives et une rhétorique résolument menaçante. Décryptage d’un possible emploi de l’arme nucléaire par Moscou, avec Dimitri Minic, chercheur à l’Institut français des Relations internationales, l’Ifri. 

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