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Reçu aujourd’hui — 17 octobre 2025 7.4.2 📰 Infos Monde

Après l’US Navy, la CIA : au Venezuela, Donald Trump accentue la pression sur le régime de Nicolás Maduro

17 octobre 2025 à 19:10
DÉCRYPTAGE - Le président américain a confirmé avoir donné son feu vert à l’agence de renseignements afin qu’elle mène des actions clandestines dans le pays. Il a fait de la lutte contre les cartels une priorité, mais, à travers eux, c’est le président Maduro qui est visé.

© Jesus Vargas / AP

John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, plaide non coupable de divulgation de documents classifiés

17 octobre 2025 à 18:52
Il avait été inculpé jeudi soir par un jury du Maryland, dans l’est des Etats-Unis, pour avoir, selon l’accusation, partagé des informations confidentielles sur son activité et avoir conservé à son domicile des documents relevant de la défense nationale.

© Rod Lamkey / AP

Espagne: le fils du fondateur de Mango suspecté de la mort de son père

Par :RFI
17 octobre 2025 à 18:36
La chute mortelle du fondateur de la marque Mango, Isak Andic, lors d'une randonnée avec son fils aîné près de Barcelone le 14 décembre 2024 connaît un nouveau rebondissement : d'abord considéré comme un accident, la police étudie désormais la piste de l'homicide. La police catalane a confirmé vendredi 17 octobre poursuivre son enquête  et concentre ses investigations sur son fils Jonathan Andic, selon le quotidien El País.

Manifestations massives, président en fuite... Ces trois semaines qui ont fait basculer Madagascar

17 octobre 2025 à 18:09
Des manifestations de masse, portées par la jeune génération, un président retranché dans un lieu inconnu destitué par l'Assemblée nationale, une armée qui prend le pouvoir.... L'île de Madagascar, à l'histoire jalonnée de troubles socio-politiques, vit depuis la fin du mois de septembre une crise sociale qui a conduit à la chute du pouvoir. 

Virginia Contreras : "Donald Trump n’est pas la solution miracle pour le Venezuela"

17 octobre 2025 à 17:00

Le Venezuela est sur le pied de guerre. Alors que l’administration Trump a autorisé, jeudi 16 octobre, des opérations clandestines de la CIA contre le régime de Caracas et que le Pentagone a mené, ces dernières semaines, plusieurs frappes en mer des Caraïbes sur des bateaux, tuant 27 narcotrafiquants présumés, la pression est maximale sur le président Nicolás Maduro. Sept navires de guerre américains ont été déployés depuis le mois d’août dans la zone, dont un dans le Golfe du Mexique. Le 16 octobre, Caracas a renforcé sa présence militaire dans les Etats frontaliers avec la Colombie, dans le cadre de manœuvres impliquant près de 17 000 soldats. Une tension croissante, marquée par deux interrogations essentielles qui préoccupent l’ensemble de la région : les Etats-Unis envisagent-ils des frappes sur le territoire vénézuélien ? Sur ce sujet, le locataire de la Maison-Blanche entretient le doute : "Nous regardons du côté de la terre ferme à présent, car nous contrôlons très bien la mer…". Envisage-t-il par la même occasion de renverser son ennemi juré en Amérique latine ? "C’est une question ridicule qu’on me pose là. Enfin, ce n’est pas vraiment une question ridicule, mais ne serait-ce pas ridicule de ma part d’y répondre ?". Officiellement, Washington accuse le président vénézuélien et de son gouvernement de diriger une vaste organisation de trafic de drogue vers les Etats-Unis - un thème qui a d’ailleurs constitué l’un des arguments de campagne du candidat républicain. En parallèle, les cercles du pouvoir vénézuélien redoutent que Donald Trump ne cherche à mettre la main sur les importantes réserves de pétrole du pays.

A L’Express, Virginia Contreras ne cache pas son inquiétude même si, selon elle, Donald Trump agite un "nouvel écran de fumée". Cette ex-ambassadrice du Venezuela auprès de l’Organisation des Etats américains (OEA), à Washington, et ancienne avocate de Hugo Chávez, désormais fervente opposante au régime et exilée aux Etats-Unis, ne voit pas d’un bon œil la volonté interventionniste de Donald Trump dans les affaires de son pays. Entretien.

L’Express : Comment interprétez-vous la volonté du président Trump d’autoriser des actions clandestines de la CIA contre le Venezuela ?

Virginia Contreras : Cela relève presque de la plaisanterie : ce type d’opération est, par définition, secret. Dès lors qu’on l’annonce publiquement, cela cesse de l’être… Cette mise en scène semble surtout destinée à créer un écran de fumée et à projeter une image de puissance des Etats-Unis. Il serait naïf de croire que la CIA n’est pas présente au Venezuela depuis longtemps. A l’époque, Hugo Chavez dénonçait régulièrement la présence de la CIA. Ce n’est donc pas une révélation. Ce service de renseignement a toujours opéré dans de nombreux pays d’Amérique latine, participant à plusieurs coups d’Etat, notamment celui contre Salvador Allende au Chili, qui permit l’arrivée au pouvoir d’Augusto Pinochet.

L’annonce d’une possible intervention de la CIA au Venezuela vise probablement à exercer une pression sur le président Maduro tout en cherchant à galvaniser l’opposition. Si l’on ajoute à cela la récompense de 50 millions de dollars promise par le gouvernement américain pour la capture de Nicolás Maduro, ainsi que la destruction récente de bateaux transportant de présumés narcotrafiquants, il est clair que la pression s’intensifie. Néanmoins, il est peu probable que ces actions entraînent un changement dans la politique du gouvernement vénézuélien à court terme.

Pourquoi ?

Nicolás Maduro n’est pas seul. Il bénéficie d’aide des services de renseignement russe, iranien, cubain et sans doute chinois. Si la CIA avait réellement été efficace, ni Nicolás Maduro ni même Hugo Chávez n’auraient conservé le pouvoir ; leur chute aurait été provoquée bien avant. Je ne crois pas que l’entourage de Maduro souhaite son départ, car cela entraînerait l’effondrement du pouvoir en place. Ceux qui détiennent leurs privilèges et de l’argent grâce à lui ne peuvent se résoudre à le voir partir. Il a une administration solide - bien que corrompue -, issue du chavisme, qui demeure loyale et refuse de se détacher de lui. Si Maduro part, où iront ces gens ?

Le Venezuela prend cette menace très au sérieux. Il a créé le Conseil national pour la souveraineté et la paix en septembre pour gérer cette crise. Comment peut régir le gouvernement vénézuélien ?

Le gouvernement vénézuélien a déjà annoncé la mise en détention des étrangers entrant sur le territoire, en particulier des ressortissants américains. Cette politique pourrait servir à justifier l’arrestation d’Américains, y compris innocents, sous prétexte qu’ils agissaient pour le compte de la CIA. Ce type de pratique n’est pas inédit. À plusieurs reprises sous l’administration Biden, des citoyens américains ont été arrêtés puis échangés contre des ressortissants vénézuéliens. On se souvient notamment de deux neveux de l’épouse du président Maduro, condamnés pour trafic de drogue et incarcérés à New York, avant d’être libérés en échange de citoyens américains détenus au Venezuela. Des échanges comparables avaient déjà eu lieu sous l’administration Trump.

Si Donald Trump ne met pas sa menace à exécution. Quels sont les autres moyens de rétorsion à sa disposition ?

Parallèlement, les mesures prises par Donald Trump à l’égard des Vénézuéliens, y compris de ceux résidant légalement aux Etats-Unis, se sont durcies. Certains, ayant déposé une demande de protection temporaire ou d’asile, ont vu leurs démarches rejetées, tandis que d’autres ont été expulsés, notamment vers le Salvador Autrement dit, rien n’indique une quelconque bienveillance des Etats-Unis envers les ressortissants vénézuéliens, contrairement à ce que continuent malheureusement de penser de nombreux opposants au régime de Caracas.

Le président Trump exploite la bonne foi des Vénézuéliens qui aspirent à un changement démocratique. Il est difficile de croire qu’un dirigeant qui, aux Etats-Unis, manifeste un mépris constant pour l’Etat de droit et pour le principe de séparation des pouvoirs, puisse sincèrement vouloir défendre les droits des citoyens ailleurs. Il apparaît dès lors contradictoire de prétendre être le VRP de la démocratie au Venezuela tout en fragilisant ses fondements mêmes sur le sol américain. Cela n’a tout simplement aucun sens.

Nicolás Maduro est-il fragilisé ?

Maduro est considérablement affaibli en raison d’un problème majeur d’illégitimité. Le gouvernement vénézuélien a très mal géré les élections de l’année dernière, c’est indéniable. Il n’a pas été en mesure de fournir des résultats clairs. De nombreux observateurs estiment que la candidate (NDLR : Corina Yoris, une universitaire de 80 ans sans expérience politique) soutenue par María Corina Machado aurait remporté le scrutin. De surcroît, le gouvernement vénézuélien a aggravé la situation par une gestion catastrophique : au lieu de répondre aux critiques des autres chefs d’Etat, il s’est montré intransigeant et s’est isolé. Lors des frappes contre les bateaux, il est intéressant de souligner que, bien que certains Etats se soient exprimés, notamment le Brésil, la Colombie, la Chine et la Russie, alliés stratégiques du Venezuela, aucune déclaration forte et décisive n’a été formulée en appui du gouvernement de Maduro. A chaque fois, le Venezuela fait le choix de s’isoler en répondant par des insultes ou en rompant les relations diplomatiques. Cela s’est encore vu lorsque le Venezuela a confirmé avoir fermé son ambassade à Oslo, trois jours après l’attribution du prix Nobel de la paix à Maria Corina Machado.

Donald Trump fait preuve d’un appétit géopolitique féroce depuis qu’il est de retour à la Maison-Blanche. Redoutez-vous qu’il ait des visées sur les ressources du Venezuela ?

Je doute sérieusement de la volonté du président Trump de mener une véritable lutte internationale contre le trafic de drogue. Donald Trump ne prévoit pas d’intervenir au Mexique, où circulent des cartels de fentanyl, ni d’actions contre la Colombie, principal producteur de cocaïne en Amérique latine… Derrière cet affichage, il y a évidemment un grand intérêt du gouvernement américain pour les minerais, les terres rares, le pétrole "lourd" vénézuélien qui convient aux raffineries américaines… Il y a une forme d’hypocrisie car malgré toutes les tensions, le Venezuela continue de fournir du pétrole aux Etats-Unis. Et le sous-sol vénézuélien contient un pétrole inexploité qui pourrait être exploité pendant des siècles, un domaine d’intérêt stratégique majeur pour les Etats-Unis.

A qui s’adresse Trump lorsqu’il parle de guerre contre les narcos ?

Il parle à son électorat - notamment hispanique - qui l’a soutenu. Cela prend encore plus de sens dans ce contexte de crise, où tous les sondages le montrent en position très fragile aux Etats-Unis. Dans cette crise, il convient de souligner que Trump fait éliminer des individus sans qu’aucune information ne soit disponible sur leur identité ni sur les crimes qu’ils auraient pu commettre, et ce, sans le moindre procès. C’est criminel. Il y a une inquiétude bien légitime au sein du Pentagone. Ceux qui ont exécuté ces ordres pourraient tôt ou tard être traduits en cour martiale…

Donald Trump serait-il, selon vous, la pire personne pour régler les problèmes du Venezuela ?

Je ne soutiendrai jamais une action menée par un pays étranger - pas même le Vatican ! - contre le Venezuela pour résoudre ses problèmes. Les difficultés du pays doivent être réglées par les Vénézuéliens eux-mêmes, ce qui suppose une tolérance et un dialogue entre toutes les parties impliquées. À ma connaissance, aucun pays au monde n’a jamais vu ses problèmes résolus par une intervention du gouvernement américain.

Mais la situation politique reste paralysée au Venezuela. Et le gouvernement Maduro discrédité fait preuve de résilience. Quelle pourrait être l’alternative ?

Il existe plusieurs groupes d’opposition, mais aucun ne parvient à trouver un consensus. Ces différents groupes devront un jour s’asseoir ensemble et parvenir à un accord, car il est inutile que chacun reste de son côté en se considérant comme un petit roi. Face à Nicolás Maduro, une telle fragmentation n’a aucun sens. Il est triste de penser que, durant la Seconde Guerre mondiale, des puissances aussi différentes que l’Union soviétique, le Royaume-Uni et les États-Unis aient réussi à s’unir autour d’une même table pour lutter contre l’Allemagne nazie, alors qu’aucun compromis solide ne parvient à être établi aujourd’hui au Venezuela. Il faut le faire parce que Maduro, même s’il obtient une part minime des voix, va continuer de tricher, c’est certain.

Comment ces tensions avec les Etats-Unis sont-elles perçues dans la population vénézuélienne avec qui vous avez contact ?

On observe deux positions extrêmes. D’un côté, certains optimistes pensent que le président Maduro est sur le point de fuir, peut-être vers la Russie, la Chine ou l’Iran, et considèrent déjà le gouvernement comme fini. De l’autre, et c’est mon cas, beaucoup restent sceptiques, rappelant que la situation perdure depuis près de trente ans. Ils ne croient donc pas aux solutions miraculeuses. L’histoire vénézuélienne est tumultueuse : des invasions, des attentats, des élections remportées par l’opposition, des coups d’État, la mort de Chávez… À chaque événement, les attentes se sont effondrées, et la désillusion s’est installée.

Malgré les difficultés de la vie au Venezuela, la population survit. Il ne s’agit évidemment plus du pays que j’ai connu, où je suis né et ai grandi. Les services publics sont aujourd’hui dans un état déplorable, leur qualité est insuffisante et la corruption y est omniprésente. Néanmoins, les Vénézuéliens parviennent chaque jour à se réinventer. Ils sont un exemple de résilience.

© afp.com/Kevin Dietsch

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