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Reçu aujourd’hui — 17 octobre 2025 7.4.2 📰 Infos Monde

Guerre en Ukraine : la traque de la Russie contre des opposants, accusés de terrorisme

17 octobre 2025 à 08:00

La Russie suit de près les activités des opposants à la guerre en Ukraine, même au-delà de ses frontières. Mardi 14 octobre, le service de renseignement russe FSB a annoncé l’ouverture d’une enquête contre 23 dissidents en exil qui forment le "comité russe antiguerre".

Le Kremlin accuse le groupe de chercher à renverser le gouvernement et de former une "organisation terroriste", selon Reuters. Le comité antiguerre a été fondé en 2022 par le magnat du pétrole Mikhail Khodorkovsky - qui a passé dix ans en prison pour des motifs politiques selon ses avocats - en opposition à l’invasion de l’Ukraine.

Les "ennemis de l’étranger"

L’ouverture de cette enquête n’a rien de fortuit. Elle intervient quelques jours après l’annonce par le Conseil de l’Europe de la mise en place d’une "plateforme de dialogue avec les forces démocratiques russes en exil". L’institution, indépendante de l’Union européenne et qui réunit 46 pays, veut ainsi permettre à un groupe de participants d’échanger avec elle sur des "questions d’intérêt commun". Les personnes choisies devront, entre autres, "reconnaître la souveraineté de l’Ukraine, son indépendance et son intégrité territoriale" et "œuvrer pour un changement de régime" en Russie, écrit le Conseil de l’Europe dans un communiqué.

La FSB n’a pas attendu que le Conseil de l’Europe sélectionne et annonce les membres de cette plateforme pour réagir. Le service de renseignement a accusé l’organe intergouvernemental de vouloir "installer une alternative aux structures de pouvoir" en Russie, rapporte le New York Times. Interrogé par Reuters sur l’opportunité pour le comité antiguerre d’utiliser la plateforme de dialogue pour prendre le pouvoir en Russie, le porte-parole du Kremlin a indiqué qu’il y avait "des ennemis du pays au sein du pays et des ennemis à l’étranger". "Ils se livrent à des activités hostiles, et nos agences prennent donc les mesures nécessaires", a poursuivi Dmitri Peskov.

D’anciens conseillers du Kremlin en exil

La décision du FSB est à la fois un avertissement pour l’opposition russe à l’étranger et pour toute tentative occidentale de les reconnaître officiellement. Pour Mikhail Khodorkovsky, l’émergence d’une opposition coordonnée et organisée inquiète Vladimir Poutine, qui craint qu’elle ne le remplace un jour. "Le principal danger pour le Kremlin et pour Poutine est le suivant : qu’en cas de transition de pouvoir, ce groupe devienne l’une des alternatives légitimes au Kremlin", a déclaré à Reuters celui qui vit désormais en exil à Londres (Royaume-Uni).

Le comité russe antiguerre rassemble plusieurs personnalités de la société civile, tels que des politiques en exil ou des professeurs de droit, détaille le New York Times. Certains ont même conseillé le gouvernement russe avant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Parmi eux, Mikhail Kasyanov, ancien premier ministre de Vladimir Poutine de 2000 à 2004, le doyen de la London Business School et économiste Sergeï Guriev, ou encore Iekaterina Schulmann, politologue. Le groupe n’a pas émis d’appels publics à la violence, précise le journal américain.

© AFP

Ukraine : Donald Trump a rendez-vous avec Volodymyr Zelensky, avant une rencontre prochaine avec Vladimir Poutine

17 octobre 2025 à 07:59

Donald Trump et Vladimir Poutine se rencontreront prochainement à Budapest, une annonce surprise faite à la veille d’une entrevue à la Maison-Blanche entre le président américain et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, ce vendredi 17 octobre. Ce dernier espère obtenir des missiles Tomahawk de la part des Etats-Unis, alors que la Russie multiplie les frappes contre les infrastructures énergétiques en Ukraine.

La rencontre avec Vladimir Poutine a été décidée pendant un échange téléphonique jeudi entre les dirigeants russe et américain, dont le maître du Kremlin a profité pour avertir que la livraison de ces armes américaines "nuirait considérablement" à la relation entre Moscou et Washington. Le sommet aura lieu "dans les deux prochaines semaines", a précisé Donald Trump jeudi pendant un échange avec la presse dans le bureau Ovale.

Les infos à retenir

⇒ Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis, pour négocier plus de livraisons d’armes

⇒ Un sommet Trump-Poutine prévu à Budapest dans les prochaines semaines

⇒ L’Union européenne s’accorde sur un plan pour financer la production d’armement

Kiev veut convaincre les Etats-Unis de lui livrer des missiles Tomahawks

Volodymyr Zelensky s’entretiendra avec Donald Trump à la Maison-Blanche, ce vendredi. Le président ukrainien veut convaincre son homologue de lui fournir plus d’armes, dont des missiles Tomahawk, un engin pouvant voler jusqu’à 1 600 kilomètres, alors que la Russie multiplie les frappes contre les infrastructures énergétiques en Ukraine.

Le président américain s’est quant à lui montré très prudent sur l’éventuelle livraison de ces missiles de croisière à Kiev. "Nous ne pouvons pas appauvrir (les réserves de) notre propre pays", a dit Donald Trump, ajoutant : "Nous en avons besoin aussi, donc je ne sais pas ce que nous pouvons faire."

Peu après son arrivée à Washington jeudi, Volodymyr Zelensky a dit espérer que la dynamique de paix au Proche-Orient aidera à mettre fin à la guerre en Ukraine. "Demain (vendredi), une réunion avec le président Trump est prévue, et nous espérons que l’élan pour freiner le terrorisme et la guerre qui a porté ses fruits au Proche-Orient aidera à mettre fin à la guerre de la Russie contre l’Ukraine", a-t-il écrit sur X.

Donald Trump rencontrera Vladimir Poutine à Budapest dans les deux prochaines semaines

La menace d’une livraison par les Etats-Unis de ces missiles Tomahawk à l’Ukraine aurait accéléré cette rencontre entre Vladimir Poutine et son homologue américain. "Nous voyons déjà que Moscou se précipite pour reprendre le dialogue dès qu’ils entendent parler de Tomahawks", a commenté sur X le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Le sommet aura lieu "dans les deux prochaines semaines", a précisé Donald Trump jeudi pendant un échange avec la presse dans le bureau Ovale. La rencontre a été décidée pendant un échange téléphonique entre les dirigeants russe et américain, dont le maître du Kremlin a profité pour avertir que la livraison de ces armes américaines "nuirait considérablement" à la relation entre Moscou et Washington. "Vladimir Poutine a réitéré son point de vue : les Tomahawk ne modifieront pas la situation sur le champ de bataille mais nuiront considérablement aux relations entre nos deux pays. Sans parler des perspectives de règlement pacifique" en Ukraine, a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.

Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a lui jugé cet échange "très productif". "Nous avons décidé qu’une réunion de nos conseillers de haut niveau aurait lieu la semaine prochaine. Les premières réunions seront dirigées par le secrétaire d’Etat Marco Rubio pour les Etats-Unis" dans un lieu encore à définir. "Puis le président Poutine et moi-même nous réunirons dans un endroit déjà convenu, Budapest, en Hongrie, pour voir si nous pouvons mettre fin à cette guerre sans gloire entre la Russie et l’Ukraine".

Le choix de Budapest ne s’est pas fait au hasard : Vladimir Poutine est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, dont la Hongrie a décidé de se retirer. Ce retrait sera effectif le 2 juin 2026. "Nous sommes prêts !" a commenté sur X le Premier ministre hongrois Viktor Orban, allié du chef d’Etat américain et proche du Kremlin.

L’Europe s’accorde sur un projet de soutien à l’industrie de la défense

L’Union européenne est parvenue jeudi à trouver un accord au terme d’une longue négociation pour mettre en place un programme d’aide à l’industrie de défense en Europe, a annoncé le Conseil de l’UE. Doté d’une enveloppe initiale de 1,5 milliard d’euros sous forme de dons, ce programme, baptisé Edip, doit permettre de favoriser le lancement de projets communs en matière de défense, sur la période 2025-2027, selon un communiqué.

"Cet accord constitue une étape majeure pour la sécurité du continent européen et le développement de notre industrie de défense", s’est félicité l’eurodéputé français François-Xavier Bellamy (droite), co-rapporteur du projet au Parlement européen. "Edip va renverser la logique d’importation qui prévalait en Europe pour soutenir concrètement le renforcement de notre base industrielle", a-t-il ajouté.

L’accord a été trouvé après de laborieuses discussions qui ont longtemps achoppé sur la question de la préférence européenne. Certains Etats membres étaient favorables à une plus grande flexibilité devant permettre à ce programme de financer également des investissements en armement hors de l’UE, notamment en provenance des Etats-Unis. Un compromis a finalement été trouvé qui limite le coût des composants fabriqués en dehors de l’UE ou dans certains pays partenaires comme la Norvège, à 35 % du coût total de l’investissement recherché. L’Ukraine sera également partie prenante du projet en bénéficiant de 300 millions d’euros au sein de l’enveloppe globale.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Vendetta judiciaire de Donald Trump : son ex-conseiller John Bolton inculpé

17 octobre 2025 à 07:43

La liste continue de s’allonger. Un ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump lors de son premier mandat, John Bolton, est devenu jeudi 16 octobre la troisième personnalité ciblée par le président américain à être inculpée depuis son retour à la Maison-Blanche. John Bolton, 76 ans, a été inculpé par un jury du Maryland, près de Washington, de 18 chefs d’accusation de divulgation ou de rétention de documents relevant de la défense nationale, selon l’acte d’accusation. "C’est un sale type, c’est dommage. Mais c’est comme ça", a réagi le président républicain, interrogé sur cette inculpation par des journalistes à la Maison-Blanche.

Donald Trump a maintes fois exprimé pendant la campagne électorale sa volonté, une fois revenu au pouvoir, de se venger de tous ceux qu’il considère comme des ennemis personnels. John Bolton est de ceux-là, lui qui avait publié en juin 2020 un livre au vitriol sur ses 17 mois passés comme conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, décrit comme "inapte" à diriger les Etats-Unis. La Maison-Blanche avait à l’époque tenté en vain de bloquer en justice la publication de ce livre, invoquant notamment des impératifs de sécurité nationale.

L’inculpation de John Bolton suit celle de l’ancien directeur de la police fédérale (FBI) James Comey et de la procureure générale de l’Etat de New York, Letitia James. "Quiconque abuse d’une position de pouvoir pour mettre en péril notre sécurité nationale devra rendre des comptes. Personne n’est au-dessus de la loi", a réagi dans un communiqué la ministre de la Justice Pam Bondi, qui avait déjà commenté dans des termes similaires les inculpations de James Comey et Letitia James.

Partage de documents et piratage

Il est reproché à John Bolton d’avoir "abusé de sa position de conseiller à la sécurité nationale en partageant plus d’un millier de pages de documents sur ses activités au quotidien" dans ces fonctions avec deux personnes de son entourage ne disposant pas d’une accréditation de sécurité.

Ces deux personnes, non identifiées dans l’acte d’accusation, seraient son épouse et sa fille, rapportent des médias américains, dont CNN. Il aurait partagé ces informations confidentielles avec elles via ses messageries électroniques personnelles non sécurisées, selon l’acte d’accusation.

Circonstance aggravante, en juillet 2021, un représentant de l’ex-conseiller à la sécurité nationale a informé le FBI que l’un des comptes de messagerie électronique qu’il utilisait avait été piraté après son départ du gouvernement par un hacker lié selon lui à l’Iran, pays envers lequel John Bolton prônait une ligne dure. Mais à aucun moment il n’a alerté les autorités sur le fait qu’il avait partagé sur ce compte "des informations relevant de la défense nationale, y compris des informations classifiées", soulignent les procureurs.

Par ailleurs, lors d’une perquisition en août au domicile de John Bolton, le FBI y a découvert des documents relevant de la défense nationale, selon l’accusation.

Pressions de Donald Trump

En septembre, Donald Trump avait publiquement fait pression sur sa ministre de la Justice, Pam Bondi, s’étonnant sur sa plateforme Truth Social que James Comey, Letitia James et une autre de ses bêtes noires, le sénateur démocrate Adam Schiff, n’aient toujours pas été inculpés.

Après avoir poussé à la démission le procureur du district est de Virginie, lui reprochant implicitement son manque de zèle pour engager ces poursuites, le président républicain l’avait aussitôt remplacé à ce poste stratégique par Lindsey Halligan, une conseillère de la Maison-Blanche. C’est cette dernière qui a personnellement lancé les poursuites ayant conduit à l’inculpation de James Comey le 25 septembre, puis de Letitia James le 9 octobre.

L’ancien directeur du FBI a plaidé non coupable d’entrave à une commission d’enquête parlementaire et fausses déclarations au Congrès en septembre 2020. Son avocat a annoncé qu’il introduirait des recours en annulation des poursuites, faisant valoir qu’elles étaient motivées par une volonté de vengeance.

Letitia James, accusée de déclaration mensongère dans une demande de prêt immobilier, a dénoncé des "représailles politiques" de la part de Donald Trump, qu’elle avait fait condamner à une amende de près d’un demi-milliard de dollars en février 2024.

© afp.com/Brendan Smialowski

María Corina Machado, Prix Nobel de la paix… d’extrême droite ? Les folles accusations de la gauche pro-Maduro

17 octobre 2025 à 07:30

Rarement – plus précisément : jamais – le récipiendaire d’un prix Nobel de la paix n’a, depuis la création de cette récompense en 1901, fait l’objet d’attaques aussi nourries et coordonnées à l’échelle mondiale de la part de la gauche latino-américaine et européenne. Il aura fallu moins d’une heure, le 10 octobre, pour que, à l’annonce du nom de María Corina Machado, la mouvance altermondialiste, poussée par le mouvement castro-chaviste, se mobilise massivement dans les médias et sur les réseaux sociaux. Objectif : dénigrer l’opposante au régime de Nicolás Maduro, minimiser son courage, effacer ses mérites et, in fine, faire oublier que, tout comme Cuba, le Venezuela est au XXIe siècle ce que les dictatures de droite étaient au précédent.

Pour abîmer l’image de la lauréate, les dignes héritiers de l’intelligentsia qui encensait autrefois Castro, Mao ou Pol Pot, recourent à la technique du gaslighting. Le terme provient du film Gas Light de George Cuckor (1944) où le personnage principal manipule psychologiquement sa femme pour inverser les rôles coupable-victime. Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux et dans certains médias, la manipulation cognitive passe par une distorsion des faits, des omissions volontaires et des mensonges purs et simples conduisant à faire douter le grand public de leur perception de la réalité vénézuélienne.

Coutumier du gaslighting, Vladimir Poutine assène que Volodymyr Zelensky, le président ukrainien d’origine juive, est un nazi. Suivant la même méthode, les soutiens du régime vénézuélien présentent María Corina Machado comme une personnalité d’extrême droite doublée d’une putschiste, avec la circonstance aggravante d’être née dans la bourgeoisie. Il s’agit de s’adresser à l’imaginaire des opinions mondiales dont la connaissance de l’histoire du Venezuela (et de l’Amérique latine) se résume parfois à une série de clichés – auxquels la lecture de Tintin et les Picaros n’a pas peu contribué.

"Donner le prix à Hitler"

Dans le concert de calomnies, la palme revient à Pablo Iglesias, ancien chef de file de Podemos et alter ego espagnol de Jean-Luc Mélenchon, pour qui le comité Nobel aurait "aussi bien pu donner le prix à Hitler"! La présidente du Mexique Claudia Sheinbaum s’est, elle, contentée d’un méprisant "sans commentaires…" au sujet de la lauréate. L’attitude du président colombien Gustavo Petro est du même tonneau. En Espagne, où l’Amérique latine relève quasiment du débat de politique intérieure, le chef du gouvernement Pedro Sanchez, qui est cerné par les scandales, a lui aussi choisi le boycott par le silence. Très proche du Venezuela à travers la figure de son prédécesseur José Luis Rodríguez Zapatero, le dirigeant socialiste affirme que, "par principe", il ne félicite jamais les lauréats du Nobel. C’est faux : il a plusieurs fois félicité des Nobel.

La présidente du Mexique Claudia Sheinbaum s'exprime lors d'un rassemblement public à Mexico le 18 mars 2025
La présidente du Mexique Claudia Sheinbaum s'exprime lors d'un rassemblement public à Mexico le 18 mars 2025

En France, des journalistes qui n’ont jamais posé le pied au Venezuela ont pris l’habitude de qualifier María Corina Machado de dirigeante de la "droite radicale" – une façon codée de dire "extrême droite". L’expression a été prononcée récemment sur les ondes de Radio France Internationale (RFI), puissante chambre d’écho internationale. Autre exemple : à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), un "expert" du Venezuela explique tranquillement que la "nobélisée" est une femme "dure et intransigeante" – elle est plutôt opiniâtre et déterminée – mais aussi un "agent du chaos".

Et cela, sans jamais expliquer pourquoi les Vénézuéliens des classes populaires qui avaient porté le colonel Hugo Chavez au pouvoir en 1999 votent désormais pour Vente : à la présidentielle 2024, volée par Maduro, le candidat du parti a recueilli 70 % des suffrages. Ce parti libéral et démocratique a été crée par "Maria Corina" en 2012 dans l’espoir de restaurer la démocratie par la voie des urnes. Un an plus tard, elle s’était fait tabasser jusqu’au sang par des députés pro-Chavez et pro-Maduro dans l’enceinte du Parlement, avec quatre fractures au nez. Aucun de ces commentateurs fascinés par la "révolution" chaviste ne rappelle davantage pourquoi l’intéressée vit depuis un an dans la clandestinité : afin de n’être pas jetée dans la "tumba" (la tombe), la prison de la police secrète de Caracas où l’on pratique la torture blanche (c’est-à-dire psychologique) comme au temps de la dictature argentine avec, par exemple, la lumière allumée vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Mais sur quoi, au juste, reposent les accusations des altermondialistes pro-Maduro qui reprochent à Machado, premièrement, d’être issue de la bourgeoisie? Indéniablement, Machado est née dans la "clase alta", la plus haute classe sociale d’un pays pétrolier autrefois riche (c’était avant d’avoir été ruiné par Chavez et Maduro). Industriel de la sidérurgie et du pétrole, son père, un démocrate-chrétien, appartenait à la génération d’entrepreneurs qui ont développé et modernisé le pays après la chute du dictateur Marco Perez-Gimenez (1958). Mû par de nobles idéaux, il finançait d’ailleurs des bourses d’études pour des ouvriers dont il percevait le potentiel intellectuel et professionnel.

Fidel Castro trouve un allié inconditionnel en la personne d'Hugo Chavez (G), le président vénézuélien et fils spirituel du
Fidel Castro trouve un allié inconditionnel en la personne d'Hugo Chavez (G), le président vénézuélien et fils spirituel du "Lider Maximo" (G), ici à La Havane le 21 juillet 2006

Un jour, il a reçu, un appel téléphonique d’Hugo Chavez (1999-2013) lui intimant d’arrêter ses bonnes œuvres : "Désormais, c’est nous qui nous occupons de la formation du peuple", lui a expliqué le jeune président pour qui charité ordonnée commence par l’Etat socialiste. Autre grief à l’encontre de María Corina Machado : elle est de droite. Formée en partie à Harvard, l’opposante, qui est ingénieure, est en effet libérale. Elle prône la privatisation d’une partie de l’industrie pétrolière. Pour ressusciter un secteur ravagé par vingt-cinq ans de négligence et cleptocratie chaviste, il n’y a pas d’autre choix que d’attirer des capitaux étrangers et faire appel à Exxon, Total, Repsol, BP ou Total, explique-t-elle à juste titre.

Dépeinte comme une putschiste d'extrême droite

Selon les altermondialistes cubanophiles (Cuba reste le modèle indépassable des partisans de Maduro), Machado serait aussi une putschiste. L’argument est répété en boucle. Il fait référence aux 47 heures pendant lesquelles Hugo Chavez a été chassé du pouvoir le 11 avril 2002. A l’époque, la popularité du colonel-président est en chute libre. La raison ? Il a renvoyé des milliers de salariés de l’industrie pétrolière, initié le démantèlement des institutions, menacé la presse et commencé à réécrire les programmes scolaires en les politisant.

Réagissant aux brutalités des forces de l’ordre qui ont tiré sur la foule lors d’une grève qui s’éternise, une gigantesque manifestation populaire défile dans la capitale dans un climat de tension sociale alimenté par le président en personne. Par ailleurs, des hauts gradés ourdissent une conspiration pour se débarrasser de lui. Cette combinaison de facteur abouti au départ du président, à un vide du pouvoir et, faute de mieux, à l’avènement du "patron des patrons" Pedro Carmona au sommet de l’Etat. Presque aussitôt, les militaires se ravisent et, à la faveur de dissensions entre généraux, Chavez, aidé par Fidel Castro en coulisse, retrouve son fauteuil de président.

Entre-temps, Carmona a reçu le soutien de María Corina Machado qui, comme d’autres, a depuis belle lurette perçu la dérive dictatoriale du chavisme (l’avenir lui donnera raison). Ultérieurement, les soutiens de Chavez et Maduro présenteront ce putsch d’opérette comme un événement historique considérable afin de mieux rehausser l’image de celui qui avait fui sans gloire ni héroïsme. En fait – personne ne le rappelle jamais – le seul authentique putschiste connu au Venezuela, c’est feu Hugo Chavez ! En 1992, sa tentative de coup d’Etat s’était soldée par une centaine de morts et le projet d’assassinat raté contre le président social-démocrate Carlos Andres Perez.

Hugo Chavez en 1992, après son putsch manqué à la
Hugo Chavez en 1992, après son putsch manqué à la "une" d'El Nacional

Enfin, María Corina Machado est accusée d’être d’extrême droite (leader de "droite extrême", écrit L’Humanité), du fait qu’elle s’est déclarée proche de Donald Trump, de l’Argentin Javier Milei et de Benyamin Netanyahou et les a remerciés publiquement pour leurs soutiens. Pour comprendre ce positionnement, il faut savoir que l’opposition vénézuélienne n’a, depuis deux décennies, reçu le soutien substantiel d’aucun pays européen, pas même du "pays des droits de l’homme", la France. Abandonnée par l’Europe, Machado s’est donc tournée vers les alliés qu’il lui restait. Comme l’a dit Churchill à propos de la nécessité de s’allier avec Staline qui n’était pourtant pas sa tasse de thé : "Si Hitler avait envahi l’enfer, je me serais débrouillé pour avoir un mot gentil pour le Diable."

A devoir défendre le choix du comité Nobel (critiqué, aussi, par Vladimir Poutine, assurément un expert en matière de paix…) qui récompense le combat pacifique de Machado pour la démocratie, on en oublie l’essentiel. En raison de la répression politique et de la ruine économique causée par Hugo Chavez et Nicolás Maduro, environ 9 millions de Vénézuéliens vivent aujourd’hui en exil et rêvent de rentrer chez eux. Depuis 2014, 18 506 personnes ont été arrêtées et emprisonnées pour des raisons politiques. Il y a actuellement 845 détenus politiques au Venezuela, dont 173 militaires, 103 femmes et 4 adolescents (source : foropenal.com). Au fil des ans, des escadrons de la mort appelés "collectivos" ont assassiné des centaines de personnes. Enfin, le régime de Maduro est intimement lié au narcotrafic et à l’exploitation illégale des réserves aurifères qui cause des ravages écologiques en Amazonie vénézuélienne, au sud du pays. Mais de cela, les supporters du régime de Caracas n’ont jamais entendu parler.

© Federico PARRA / AFP

Mort de Tomiichi Murayama, l’ex-premier ministre qui a présenté les excuses historiques du Japon pour la seconde guerre mondiale

17 octobre 2025 à 08:56
Dans sa déclaration historique d’août 1995, M. Murayama avait estimé que le Japon, par sa « domination coloniale » et son « agression », avait causé d’énormes dommages et souffrances aux peuples de nombreux pays, en particulier ceux des nations asiatiques.

© Naokazu Oinuma/AP

Guerre en Ukraine : Trump reçoit Zelensky à la Maison Blanche ce vendredi et doit voir Poutine dans « les deux prochains semaines »

17 octobre 2025 à 08:52
Pour sa troisième rencontre avec le président Américain, Volodymir Zelensky tentera de le convaincre de lui livrer des missiles Tomahaw. Une entrevue qui prend place quelques heures après un coup de fil surprise entre Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine.

Pollution en Tunisie : comment le phosphate a rendu malade la région de Gabès

17 octobre 2025 à 07:31
Depuis les années 1970, la région de Gabès, dans l'est de la Tunisie, vit dans les fumées d'un immense complexe de transformation de phosphate, un minerai utilisé dans la création d'engrais agricoles. Dénonçant de nombreux impacts environnementaux et sanitaires, la population réclame désormais le démantèlement du site.

Après son triomphe à Gaza, Donald Trump a-t-il plus de poids pour négocier face à Poutine?

17 octobre 2025 à 07:17
Les discussions semblent reprendre entre le président américain et ses homologues ukrainien et russe. Le cessez-le-feu à Gaza étant en vigueur, Donald Trump tente de peser, à nouveau, sur la résolution du conflit en Ukraine. Pour autant, sa victoire dans le conflit israélo-palestinien ne lui permettra pas forcément d'avoir plus de poids pour négocier face à Vladimir Poutine.

EN DIRECT, Gaza : après les accusations d’Israël de violation des accords, le Hamas « réaffirme son engagement » à mettre en œuvre le plan de paix

17 octobre 2025 à 07:16
Le ministre des affaires étrangères israélien, Gideon Saar, a accusé le mouvement palestinien de violer les accords conclus sous l’égide des Etats-Unis en « continuant à retenir » les corps de 19 otages. Mercredi, le Hamas avait affirmé avoir rendu tous ceux auxquels il avait accès.

© Dawoud Abu Alkas / REUTERS

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