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C’est un soulagement pour les constructeurs automobiles européens. La Chine a annoncé, samedi 1er novembre, assouplir son interdiction des exportations vers l’Europe des puces Nexperia, détenues par un fabricant chinois, mais produites aux Pays-Bas. Pékin avait en effet prohibé la mise sur le marché européen de ces composants électroniques, utilisés notamment dans l’automobile ou la fabrication d’électroménagers, en raison d’un différend avec La Haye. Cette dernière, souhaitant échapper aux sanctions américaines sur les entreprises chinoises, avait nationalisé in extremis Nexperia, s’attirant les foudres de Pékin.
La reprise des expéditions fait partie d’un accord commercial plus large, convenu par le président chinois Xi Jinping, et son homologue américain Donald Trump en Corée du Sud jeudi, selon le Wall Street Journal. Des représentants chinois et de l’Union européenne (UE) ont également discuté de la question lors de leur rencontre jeudi à Bruxelles.
L’entreprise Nexperia est basée à Nimègue, aux Pays-Bas. En 2018, cette filiale de NXP (ex-Philips) est rachetée par des Chinois. Aujourd’hui, elle appartient au groupe Wingtech, spécialisé dans la fabrication de semi-conducteurs et partiellement détenu par l’Etat chinois. Les puces sont fabriquées en Europe avant d’être envoyées en Chine pour finition, puis vendues à nouveau sur le marché européen. 49 % des composants électroniques utilisés dans l’industrie automobile européenne sont ainsi fabriqués par Nexperia.
A l’époque, le rachat de NXP Semiconductors par Pékin n’alarme personne. L’industrie mondiale n’est pas encore totalement consciente du caractère stratégique de ces puces électroniques - elle s’en rendra compte avec la crise sanitaire de 2020 et les pénuries engendrées. En 2022, les Européens vont ainsi commencer à prendre des mesures pour tenter de contenir l’influence de la Chine dans ce domaine : le gouvernement britannique bloque par exemple le rachat par Nexperia de Newport Wafer Fab, fabriquant des plaques de silicium dans lesquelles sont fondues les puces. Londres parle à l’époque d’une question de "sécurité nationale".
Puis en 2024, Washington inscrit Wingtech sur sa liste noire des entreprises technologiques avec lesquelles il est interdit de commercer pour des questions de "sécurité nationale". Pour les Etats-Unis, l’entreprise a beau être basée aux Pays-Bas, son patron, le chinois Zhang Xuezheng, constitue une menace.
Fin septembre 2025, l’entreprise, détenue à plus de 50 % par une entité chinoise, est frappée par une nouvelle réglementation américaine. Pris de panique, le ministre néerlandais de l’Economie décide de nationaliser Nexperia, grâce à une loi de 1952 sur la "disponibilité des biens", encore jamais invoquée auparavant. Le ministère de l’économie "craignait que Nexperia ne transfère sa production de semi-conducteurs de l’Europe vers la Chine, ce qui aurait signifié la perte d’un des plus importants producteurs de semi-conducteurs européens", assure l’ancien président de Nexperia, Frans Scheper, dans Mediapart.
Mais il pourrait aussi s’agir d’un geste politique, preuve de la fidélité des Pays-Bas envers les Etats-Unis. En 2023 déjà, le géant néerlandais ASML, qui fabrique des machines de photolithographie (essentielles à la production de puces électroniques avancées) avait été obligé d’abandonner ses ventes vers la Chine, son plus grand marché, en raison de pressions américaines.
Dans le cas présent, ce zèle envers Washington a "mis en danger l’approvisionnement de l’industrie automobile européenne. Car, en face, Washington est évidemment incapable de fournir l’UE en puces", remarque Mediapart. Dans la foulée, Pékin a interdit les réexportations de ces produits de la Chine vers l’Europe, créant la panique.
"Sans ces puces, les sous-traitants ne peuvent pas construire les pièces détachées et les composants qu’ils fournissent aux constructeurs automobiles, ce qui fait courir le risque d’arrêts de production", écrit L’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Plus importante puissance automobile d’Europe, avec notamment les groupes Volkswagen, Mercedes et BMW, l’Allemagne a été l’une des premières à saluer des signes "positifs" après l’annonce chinoise.
Si le conflit est en pause, l’affaire n’en demeure pas moins "une démonstration très éloquente des tensions extrêmes entre la Chine et les Etats-Unis au sujet des semi-conducteurs, devenus encore plus stratégiques à l’heure de la course à l’intelligence artificielle", observe un connaisseur du secteur auprès des Echos. Et la situation est d’autant plus préoccupante que l’Europe peine à développer ses propres fabricants de semi-conducteurs. "Washington peut compter sur une influence militaire et politique forte, mais Pékin tient en grande partie l’économie européenne", résume Mediapart.

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