Présidentielle au Honduras : quand Donald Trump se mêle du résultat de l’élection
Le président américain Donald Trump a accusé lundi 1er décembre les autorités du Honduras d’essayer de manipuler le résultat de l’élection présidentielle, alors que le candidat qu’il soutient, Nasry Asfura, est au coude-à-coude avec un autre candidat de droite, Salvador Nasralla.
Le premier, ancien maire de Tegucigalpa âgé de 67 ans, devance le second, animateur de télévision de 72 ans, de seulement 515 voix après le décompte numérique de 57 % des procès-verbaux, a déclaré en milieu de journée lundi sur le réseau social X la présidente du Conseil national électoral (CNE). Ce faible écart constitue, compte tenu de la marge d’erreur, une "égalité technique", a indiqué Ana Paola Hall. Elle a demandé "de la patience" aux électeurs, sans préciser quand le dépouillement manuel prendra fin. Il pourrait durer plusieurs jours.
"Les chiffres parleront d’eux-mêmes", a affirmé Nasry Asfura, du Parti national (PN), depuis son quartier général de campagne. Salvador Nasralla, du Parti libéral (PL), se dit en tête avec cinq points d’avance, selon ses projections.
"On dirait que le Honduras est en train d’essayer de changer le résultat de son élection présidentielle. S’ils le font, ils le paieront cher !" a commenté Donald Trump sur son réseau Truth Social, accusant le CNE d’avoir "abruptement cessé de compter" les voix, sans fournir de preuves.
Une chose est sûre, lors du scrutin dimanche, les Honduriens ont sanctionné la gauche dirigée par la présidente Xiomara Castro, qui gouverne l’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine, miné par la violence des gangs, le trafic de drogue et la corruption. Xiomara Castro est arrivée au pouvoir en 2021, plus d’une décennie après le coup d’État contre son époux, Manuel Zelaya, qui s’était rapproché du Venezuela et de Cuba. Tant Nasry Nasralla que Salvador Asfura ont mené campagne sur la peur que le maintien de la gauche conduise le Honduras à devenir un autre Venezuela, pays dans une crise profonde. La candidate de la gauche au pouvoir, l’avocate Rixi Moncada, 60 ans, arrive loin derrière selon les résultats partiels.
Ingérence de Donald Trump
La campagne a été marquée ces derniers jours par l’irruption de Donald Trump, qui a adopté une position interventionniste dans toute la région, n’hésitant pas à conditionner l’aide américaine à la bonne volonté des gouvernements et à ses affinités avec leurs dirigeants. S’agissant du Honduras, le président américain a assuré que "s’il (Asfura) ne remporte pas les élections, les Etats-Unis ne gaspilleront pas leur argent". Il a assuré qu’il "ne pourrait pas travailler" avec Rixi Moncada "et les communistes", et qu’il ne faisait "pas confiance" à Salvador Nasralla. "Tito (Nasry Asfura) et moi pouvons travailler ensemble pour lutter contre les 'narco-communistes' et apporter au peuple du Honduras l’aide dont il a besoin", a affirmé le locataire de la Maison-Blanche.
Le dirigeant républicain a aussi annoncé qu’il gracierait l’ancien président hondurien Juan Orlando Hernandez, qui a gouverné de 2014 à 2022 sous la bannière du parti de Nasry Asfura et purge sur le sol américain une peine de 45 ans de prison pour avoir aidé à expédier des centaines de tonnes de cocaïne vers les Etats-Unis. Cette grâce annoncée va à contre-courant du déploiement militaire de Washington dans les Caraïbes, dans le cadre d’opérations antidrogue visant particulièrement le Venezuela.
Rixi Moncada a dénoncé l’ingérence des Etats-Unis dans le processus électoral, fustigeant samedi lors d’une conférence de presse des "actions concrètes, à trois jours des élections, qui sont totalement interventionnistes".

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