Fake news world
Meta lancera lundi le mécanisme des « notes de la communauté » grâce auquel la plateforme entend désormais lutter contre la désinformation. Le programme sera déployé sur Facebook, Threads et Instagram, d’abord sous forme de test réservé aux États-Unis. La formule s’inspire très directement des Community Notes telles que déployées sur X.
D’après Meta, 200 000 internautes américains se seraient déjà enregistrés pour participer au programme Community Notes (Notes de la communauté), qui fera ses débuts lundi 18 mars sur les plateformes Facebook, Threads et Instagram.
« Nous nous attendons à ce que les notes de communauté soient moins biaisées que le programme tiers de vérification des faits qu’elles remplacent, car elles permettent à davantage de personnes ayant plus de perspectives d’ajouter du contexte aux publications », affirme l’entreprise dans un billet dédié.
La mise en œuvre de cette nouvelle approche de lutte contre la propagation des fausses informations se fera de façon progressive. Meta explique que les utilisateurs inscrits sur liste d’attente seront intégrés au programme de façon progressive, après sélection aléatoire, et qu’une phase de rodage privée sera menée avant que les premières notes n’apparaissent publiquement.
Un système calqué sur celui de X
Les utilisateurs de X (ex-Twitter) ne seront pas dépaysés. Meta indique en effet avoir adopté la brique open source développée par le réseau social d’Elon Musk comme fondement pour son propre outil : « Cela nous permettra de nous appuyer sur ce que X a déjà créé et de l’améliorer au fil du temps ».
Comme X, Meta transfère la responsabilité de la validation des notes à la communauté, et promet qu’une note ne sera publiée que si plusieurs contributeurs « aux points de vue variés s’accordent largement » sur son contenu. « Peu importe le nombre de contributeurs qui s’accordent sur une note, elle ne sera pas publiée à moins que les personnes qui ne sont généralement pas d’accord décident qu’elle fournit un contexte utile ».
Pour mesurer, ou vérifier, cette diversité de point de vue, Meta évoque un système de notation capable de « prendre en compte l’historique de notation de chaque contributeur » et d’évaluer ceux « qui sont généralement en désaccord ».
Une vérification collective des informations
Dans cette phase de test, Meta limitera les notes à 500 caractères. Elles devront par ailleurs comporter un lien (la nature des sources susceptibles de faire autorité dans ce contexte n’est pas précisée) et ne seront pas signées. « Nous voulons que les notes soient évaluées en fonction de l’utilité du contexte qu’elles ajoutent, et non en fonction de la personne qui les a écrites », justifie l’entreprise. Les publicités ne pourront pas faire l’objet de notes communautaires, mais il sera possible de soumettre un « élément de contexte » sur les publications de personnalités publiques, promet-elle encore.
L’introduction des Community Notes signe pour mémoire un virage radical dans l’approche de Meta en matière de lutte contre la désinformation. Mark Zuckerberg, fondateur et CEO du groupe, l’avait annoncé début janvier, dans un discours aux accents ouvertement politisés.
« Après que Trump a été élu pour la première fois en 2016, les médias traditionnels n’ont pas arrêté d’écrire à quel point la désinformation était une menace pour la démocratie. Nous avons essayé de bonne foi de résoudre ces problèmes, sans devenir les arbitres de la vérité. Mais les fact-checkers sont devenus trop biaisés politiquement, et ils ont détruit plus de confiance qu’ils n’en ont créée, particulièrement aux États-Unis », déclarait Zuckerberg.
Il annonçait dans le même temps la fin du vaste programme de vérification des informations lancé par Facebook en 2016 qui combinait des fact-checkers internes à l’entreprise et des partenariats conclus dans le monde entier avec des médias et des agences de presse.
Nouvelle option de monétisation pour les stories Facebook
L’abandon des programmes de vérification (fact-checking) au profit d’une modération communautaire intervient alors même que Meta accentue ses efforts de séduction en direction des créateurs de contenu, avec des mécaniques d’incitation financière qui récompensent la viralité. S’il s’agit peut-être d’une rencontre fortuite de circonstances, le parallèle entre les deux annonces soulève quelques questions. Les contenus créés pour attiser les divisions politiques se révèlent par exemple très propices à l’engagement, et donc à la monétisation.
Sur ce volet, Meta vient d’ailleurs d’annoncer que tous les utilisateurs enrôlés dans son programme Facebook Content Monetization pourraient maintenant espérer la génération de revenus à partir des Facebook Stories.