Durant la conférence ElastiCon 2025 à Paris, nous avons rencontré Victor Vuillard (CTO et CSO de S3NS) et Nicolas Raux (architecture cybersécurité de S3NS).

François Tonic : Pouvez-vous présenter S3NS et le positionner sur le marché ?
Victor : S3NS, filiale de Thales en partenariat avec Google, est un fournisseur de cloud de confiance. Son objectif est d'offrir un cadre sĂ©curisĂ© en sâappuyant sur la technologie de Google Cloud Platform (GCP), mais avec une particularitĂ© essentielle : la plateforme est hĂ©bergĂ©e dans des datacenters en France et opĂ©rĂ©e par S3NS, une sociĂ©tĂ© française. Nous visons lâobtention de la qualification"Cloud de Confiance" de lâANSSI, que nous espĂ©rons obtenir dĂšs cet Ă©tĂ©. Cette qualification garantit que les donnĂ©es hĂ©bergĂ©es sont protĂ©gĂ©es contre toute ingĂ©rence Ă©trangĂšre, notamment des lois extraterritoriales comme le FISA ou le Cloud Act.
Dans quels contextes les outils Elastic sont-ils utilisés par S3NS ?
Victor : Une des contraintes pour nous est de devoir gĂ©rer un grand volume dâĂ©vĂ©nements de sĂ©curitĂ© provenant principalement de trois sources. Il y a tout dâabord lâinspectabilitĂ©. Parmi les valeurs ajoutĂ©es que nous apportons en matiĂšre de sĂ©curitĂ©, il y a lâanalyse de chaque mise Ă jour proposĂ©e par Google pour les services GCP. Nous recevons les mises Ă jour et rĂ©alisons dâune part une analyse binaire automatisĂ©e, dâautre part une analyse comportementale afin de remonter les donnĂ©es.
En parallĂšle, nous traitons lâensemble des Ă©lĂ©ments issus de notre infrastructure dâadministration ainsi que ceux provenant des milliers de serveurs cloud sur lesquels tournent les services.
Compte tenu de lâimportance de ces volumes de donnĂ©es, nous avons choisi une solution technique Ă la fois efficace et capable dâingĂ©rer cette masse dâinformations. Avec Elastic, nous pouvons monter en charge plus facilement quâavec dâautres solutions.
Un des soucis que l'on a aujourd'hui quand on parle de cybersĂ©curitĂ©, notamment dans les infrastructures, c'est la quantitĂ© de logs que l'on va gĂ©nĂ©rer ou d'Ă©vĂ©nements. Est-ce que les solutions dâElastic peuvent vous aider Ă prioriser les vulnĂ©rabilitĂ©s ? Ou tout le moins, donner une prioritĂ© Ă tel ou tel Ă©vĂ©nement de sĂ©curitĂ© ?
Nicolas : Oui, on peut tout Ă fait caractĂ©riser des sĂ©vĂ©ritĂ©s sur des assets. On peut aussi prioriser selon le type de menace dĂ©tectĂ©e. Il est aussi possible de croiser avec dâautres informations, par exemple, des donnĂ©es dites de Threat Intelligence. Ces donnĂ©es complĂ©mentaires peuvent ĂȘtre croisĂ©es avec les logs et nous donner un niveau de sĂ©vĂ©ritĂ©. Tout cela permet de traiter une alerte et de savoir si cette alerte est un incident rĂ©el ou non.
Donc il y a les faux-positifs à gérer ?
Nicolas : Oui tout Ă fait. Il faut avoir la capacitĂ© de dĂ©tecter ce quâil se passe Ă lâinstant T et gĂ©rer la notion de faux positifs. Chaque alerte nĂ©cessite une vĂ©rification, car une alerte nâest pas forcĂ©ment un incident.
Faut-il prioriser les alertes selon les Ă©quipes qui utilisent ces outils ?
Nicolas : Ce travail est plutĂŽt rĂ©alisĂ© en amont quand nous mettons en place les outils de dĂ©tection. Il est rĂ©alisĂ© avec les Ă©quipes mĂ©tiers pour comprendre les besoins et quelles sont les applications majeures pour elles. Câest un travail conjoint pour avoir les bonnes mĂ©triques. Nous regardons aussi si les alertes remontĂ©es correspondent Ă leurs besoins et nous adaptons nos outils selon leurs retours.
Les clients vous demandent-ils comment vous gĂ©rez les logs, le type dâoutils qui sont dĂ©ployĂ©s ? Est-ce un avantage concurrentiel dâutiliser les outils dâElastic ?
Victor : Oui, câest important, dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, dâassurer la sĂ©curitĂ© de notre infrastructure. Nos clients sont attentifs Ă la gestion des incidents. Sur les appels dâoffres, ils ont des attentes particuliĂšres et/ou prĂ©cises sur la sĂ©curitĂ©, et Elastic nous apporte cette efficacitĂ©. Nous sommes aussi dans un modĂšle de responsabilitĂ©s partagĂ©es. S3NS assure la sĂ©curitĂ© de lâinfrastructure pour les services IaaS, CaaS ou PaaS. Le client doit, de son cĂŽtĂ©, surveiller ce quâil se passe chez lui. CĂŽtĂ© client, nous nâavons pas la capacitĂ© de voir ce quâil se passe. Il peut, avec les services que nous proposons, centraliser les journaux, les logs, et relayer les incidents. Le client peut Ă©galement faire le choix dâutiliser une solution Elastic que nous pouvons hĂ©berger sur notre offre de confiance.
Est-ce que vous avez fait des benchmarks pour voir ce quâil se passait avant lâutilisation dâoutils tels que ceux dâElastic et aprĂšs leurs dĂ©ploiements ? Est-ce que vous gagnez du temps dans la rĂ©solution des incidents ?
Victor : Nous avons des indicateurs sur les scĂ©narii de corrĂ©lations. Il existe des indicateurs du cĂŽtĂ© Elastic comme sur le temps de recherche, le temps dâinjection de logs qui peuvent ĂȘtre utiles. Ils peuvent par exemple servir Ă dimensionner lâinfrastructure de traitements. Les besoins peuvent Ă©voluer.
Nicolas : Elastic est un outil que lâon peut piloter et dĂ©velopper. Ce nâest pas forcĂ©ment le cas avec dâautres outils qui ne sont pas assez ouverts. On peut dĂ©velopper des rĂšgles ou dĂ©finir comment fonctionne une rĂšgle. Câest aussi la possibilitĂ© dâembarquer du machine learning dans le moteur de rĂšgles, et automatiser soit avec les fonctions offertes, soit en le dĂ©veloppant nous-mĂȘmes. Câest difficile Ă quantifier, mais ce que lâon a envie de faire, on peut le faire. Câest lâavantage dâune solution ouverte. Le gain est vraiment important.
Victor : pour nous, câest important quâElastic soutienne le modĂšle open source. MĂȘme si nous avons choisi lâoffre entreprise, nous avons la capacitĂ© Ă regarder le code, la logique de fonctionnement. Câest toujours bĂ©nĂ©fique.
Est-ce que vous participez à la communauté ? Vous développez vos propres plug-ins ?
Nicolas : Nous nâavons pas encore partagĂ©. Mais oui, ce sont des choses que nous pourrions partager Ă lâavenir sur des Ă©lĂ©ments qui seront reproductibles ailleurs.
Elastic travaille beaucoup sur les LLM et lâIA. Est-ce que vous utilisez ces fonctionnalitĂ©s ?
Nicolas : Une des contraintes par rapport Ă lâIA est que les LLM sont gĂ©nĂ©ralement sur des clouds externes. Nous rĂ©flĂ©chissons Ă cet usage mais dans ce cas en hĂ©bergeant nous-mĂȘmes ces modĂšles. Parmi les cas dâusages, il y a le tri des alertes, l'aide Ă lâanalyse ou encore l'aide Ă gĂ©rer notre base de connaissances.