La Commission européenne serait entrée en négociations avec le français OVHcloud, en vue de faire migrer ses services cloud, actuellement hébergés chez Microsoft, vers une solution souveraine.
Le geste aurait une portĂ©e aussi stratĂ©gique que symbolique : dâaprĂšs Euractiv, la Commission europĂ©enne a dĂ©cidĂ© dâabandonner Microsoft pour lâhĂ©bergement de ses services cloud. Le projet serait suffisamment avancĂ© pour que Bruxelles ait commencĂ© Ă sonder le marchĂ©. En lâoccurrence, lâexĂ©cutif europĂ©en serait mĂȘme entrĂ© en « nĂ©gociations avancĂ©es » avec OVHcloud, sans quâon sache quel est le pĂ©rimĂštre concernĂ© par cette potentielle migration.
Point de bascule ?
Selon Euractiv, qui affirme tenir ses informations de trois sources impliquĂ©es dans le dossier, la dĂ©cision de la Commission europĂ©enne dĂ©coulerait notamment de lâinitiative de lobbying Eurostack, qui a rĂ©uni de nombreux industriels europĂ©ens (du cloud ou des tĂ©lĂ©coms, mais aussi dâautres secteurs) autour dâun message de mobilisation en faveur dâune vĂ©ritable souverainetĂ© numĂ©rique europĂ©enne.
DâaprĂšs lâune des sources citĂ©es par Euractiv, la Commission europĂ©enne considĂšrerait quâelle peut jouer un rĂŽle de modĂšle vis-Ă -vis des Ătats membres et des diffĂ©rentes administrations qui lui sont rattachĂ©es. Elle aurait donc, conformĂ©ment Ă lâappel portĂ© par les reprĂ©sentants dâEurostack, dĂ©cidĂ© de donner lâexemple.
Lâincident relatif Ă la suppression du compte de messagerie dâun membre europĂ©en de la Cour pĂ©nale internationale, Ă la demande de lâadministration Trump, aurait enfin jouĂ© un rĂŽle dans la mise en branle de ce chantier, estime Euractiv. Microsoft a pour mĂ©moire niĂ© avoir coupĂ© lâaccĂšs Ă la messagerie en question.
OVHcloud en pĂŽle position ?
« Oui, câest vrai. On bosse sur le sujet avec CE », a publiquement admis Octave Klaba, cofondateur et prĂ©sident dâOVHcloud.
« Des discussions sont effectivement en cours, avec la Commission comme avec dâautres institutions & organisations publiques et privĂ©es qui Ă©valuent des projets de migration vers un cloud souverain. Ces Ă©changes, de plus en plus nombreux avec les clients dâOVHcloud et les organisations traduisent une dynamique de fond, et nous positionnent comme lâune des alternatives pour un cloud souverain en Europe », commente de façon plus circonstanciĂ©e un porte-parole de lâentreprise, contactĂ© par Next.
Des nĂ©gociations avancĂ©es ne signifient toutefois pas quâun accord soit trouvĂ©. En lâoccurrence, OVHcloud serait en pĂŽle-position, mais Bruxelles entretiendrait aussi des discussions avec dâautres grands noms europĂ©ens du secteur, parmi lesquels le français Scaleway (groupe iliad), lâallemand IONOS ou lâitalien Aruba.
Nos confrĂšres ne lâĂ©voquent pas, mais Commission europĂ©enne pourrait aussi choisir de mĂ©nager la chĂšvre et le chou en se tournant vers des initiatives Bleu (Orange et Capgemini, avec Microsoft) et S3ns (Thales, avec Google), tous les deux en phase de qualification SecNumCloud. Elle pourrait ainsi « rester chez Microsoft » avec du « cloud de confiance ».
Quelle que soit lâissue des discussions et la dĂ©cision finale de la Commission europĂ©enne, cette indiscrĂ©tion Ă©claire dâun jour nouveau les grandes promesses formulĂ©es ces derniĂšres semaines par les gĂ©ants amĂ©ricains du cloud en direction de lâEurope.
Amazon Web Services a par exemple formulĂ© dĂ©but juin de nouveaux engagements en matiĂšre de cloud public, tandis que Microsoft a Ă©tĂ© encore un cran plus loin, avec le lancement dâun programme Sovereign Private Cloud, censĂ© garantir « que les donnĂ©es des clients restent en Europe, sous la loi europĂ©enne, avec des opĂ©rations et un accĂšs contrĂŽlĂ©s par le personnel europĂ©en, et que le chiffrement est sous le contrĂŽle total des clients ».